Elle se sépare de son « trésor » offert par Picasso
Malgré sa valeur sentimentale, Lina Picazos, homophone du célèbre peintre, a décidé de vendre aux enchères le dessin qu’il avait réalisé pour elle en 1958 sur le port de Sanary.
Lina avait 14 ans quand, attablée au café du père d’une de ses amies, sur le port de Sanary, le peintre l’apostrophe. « Un aprèsmidi, Jacqueline et Pablo Picasso sont venus prendre place aux Chaumières. Ils se sont installés là pour consommer et moi je remontais l’allée pour rentrer dans l’établissement, se remémore-telle. Picasso m’a interpellée en me demandant si j’étais bien espagnole. D’après Hélène Parmelin (1), il pouvait repérer un Espagnol à cent mètres ! Je lui ai répondu : “Oui je suis espagnole et je m’appelle comme vous”. Mon nom, c’est Picazos, mais en Espagne ça se prononce Picasso. »
Dédicacé sur une carte du bar
C’est à ce moment-là que Lina a eu un de ses plus beaux souvenirs : « Ils m’ont tous regardée de façon étrange et il m’a dit : “Il n’y a qu’un seul Picasso, c’est moi !” Je lui ai souri et je lui ai expliqué que mon nom s’écrivait avec un Z. Il était tellement content de trouver un homophone, c’était un moment super. Il a pris une carte en papier du bar et, au dos, il a fait un dessin, qu’il m’a dédicacé. Soixantetrois
ans plus tard, je l’ai toujours dans le cadre que mon père avait fait. » Si durant toutes ces années, la Six-Fournaise a gardé ce dessin, elle vient finalement de décider de vendre son précieux bien.
En vente demain
Après en avoir discuté avec son fils, Lina a franchi ce pas difficile : « Je commence à être âgée, quand j’ai demandé à mon fils quel serait l’avenir du dessin lorsque je ne serais plus là, il m’a dit qu’il n’en ferait rien de particulier ; donc, j’ai décidé de m’en séparer. Camille Dutot l’a expertisé et il a été mis aux enchères sur le site de Drouot. Même si c’est avec regret que je m’en sépare, au moins je sais que celui qui l’achètera connaîtra son histoire et sa valeur. Plutôt que cette oeuvre s’abîme au fond d’un placard, quelqu’un en prendra grand soin. Il a pour moi une valeur sentimentale importante. C’est une belle partie de ma vie. Il trouvera un foyer qui en profitera pleinement .» 1. Auteure de plusieurs ouvrages sur l’artiste, dont elle était proche, Hélène Parmelin avait évoqué cette scène dans
Picasso sur la place, paru en 1959.