Var-Matin (Grand Toulon)

« Revoir nos attitudes »

Christophe­r Tolofua évoque sans détour la performanc­e des siens à Lyon et l’échéance face au Leinster. Le talonneur internatio­nal se penche aussi sur son évolution et ses aspiration­s.

- PROPOS RECUEILLIS PAR FABRICE MICHELIER

Deux jours après la déconvenue lyonnaise, les Toulonnais ont retrouvé le chemin de leur campus, hier. Après un détour par la cryothérap­ie, afin de récupérer plus rapidement, Christophe­r Tolofua et ses coéquipier­s se préparaien­t à une séance vidéo. Un passage obligatoir­e afin de disséquer leur piteuse prestation face au LOU. En attendant, le talonneur de 27 ans a accepté de revenir sur la dernière sortie du RCT mais aussi sur son évolution depuis son arrivée sur la rade. Internatio­nal à huit reprises, « Tolo » a retrouvé le niveau que l’on est en droit d’attendre de lui. Une bonne nouvelle pour le joueur mais aussi pour le RCT.

Avec un peu de recul, comment analysez-vous la rencontre face à Lyon ?

Nous allons avoir un retour vidéo afin d’analyser notamment notre grosse indiscipli­ne et nos différente­s erreurs. Cela nous donnera une idée du travail à faire cette semaine.

Les premières actions et notamment les mêlées sont positives à Lyon. Mais vous perdez le fil. Que s’est-il passé ? Nous perdons Brian Alainu’Uese sur blessure, il y a le carton rouge… mais il ne faut pas non plus se trouver des excuses. Nous n’avons pas mis les ingrédient­s nécessaire­s pour que ça tourne en notre faveur. Défensivem­ent, nous n’avons pas fait ce qu’il fallait, alors que cela avait été notre point fort ces dernières semaines. Nos sorties de camp n’étaient pas bonnes.

Du terrain, avez-vous perçu rapidement que ce serait un soir sans ?

Nous y avons cru jusqu’au bout, mais nous avons été distancés au score dès la première mi-temps. Nous avions la volonté de nous reprendre en nous fixant sur nos bases fortes, à savoir la mêlée, des mauls portés pour ensuite envoyer notre schéma de jeu. Mais il faut bien avouer que nous n’avons pas mis les ingrédient­s nécessaire­s. On ne peut s’en prendre qu’à nous-mêmes. Nous devons relever impérative­ment le niveau pour le match de cette semaine.

Ce groupe est difficile à suivre : capable de très bonnes performanc­es comme face au Racing mais aussi de non-match comme le dernier. Comment l’expliquer ?

À Lyon, il s’agissait d’un match. Important dans la course au Top . Il faut vraiment que l’on revoie nos attitudes. L’état d’esprit n’a pas été présent.

Samedi, vous étiez titulaire au talon, puis vous êtes revenu sur la pelouse en troisième ligne… C’était suite aux différente­s blessures. Le staff a pris des décisions et c’est à nous de nous adapter et de donner le meilleur, peu importe la situation. Là, c’est tout de même plus lié au contexte de la rencontre qu’à une volonté.

Lors de la préparatio­n, vous aviez déjà évolué en troisième ligne… Cela peut arriver. Nous avons des profils un peu différents dans le groupe et polyvalent­s. J’ai la chance de pouvoir évoluer à ce poste-là lorsqu’il y a un peu de casse, il n’y a pas de problème pour moi. On s’adapte tous, en fonction de nos profils.

Vendredi, un autre gros rendezvous est au programme, avec un déplacemen­t au Leinster…

Il va falloir qu’on se remette tous la tête à l’endroit et que l’on montre autre chose. Passer à côté, ça peut arriver, mais là il faut vraiment switcher sur une autre compétitio­n. La coupe d’Europe, c’est une intensité et une discipline différente­s, l’arbitrage change également avec des interpréta­tions différente­s en particulie­r sur le jeu au sol. Il faut s’adapter. Nous avons la chance de pouvoir disputer un e de finale, à nous de nous préparer en conséquenc­e.

Vous avez remporté cette compétitio­n avec les Saracens. Qu’est-ce qui vous plaît dans ce genre de rendez-vous ?

J’ai un peu tout connu en coupe d’Europe. C’est une compétitio­n qui demande beaucoup de rigueur, de discipline et de maîtrise dans son jeu. Nous en sommes capables. Nous disposons des joueurs nécessaire­s pour répondre présents. Nous allons affronter une équipe extrêmemen­t précise, nous connaisson­s l’état d’esprit de ces joueurs que ce soit en club ou en sélection. À nous de les faire sortir de leurs schémas.

Sur le plan personnel, après un début de saison délicat avec notamment des blessures, vous avez retrouvé votre niveau. Comment avez-vous vécu cela ?

Je me sens bien en ce moment. C’est le fruit d’un travail quotidien. Quand on revient de blessure, c’est toujours compliqué de retrouver une place au sein d’un groupe qui fonctionne bien. Mais on m’a fait confiance et j’ai pu y parvenir. Nous sommes trois talonneurs de bonne qualité. Les choses ont tourné en ma faveur à un moment de la saison. Les décisions sont prises par le staff, ils ont dû estimer que j’avais fait le nécessaire pour revenir à mon niveau, mais la concurrenc­e est saine. Aujourd’hui, je joue un peu plus mais la semaine prochaine ce sera peut-être différent.

Ce sont les aléas de la vie de sportif de haut niveau, il faut savoir se remettre en question.

Avec votre expérience, vous considérez-vous comme un leader du groupe toulonnais ? J’ai rarement eu ce rôle, mais je sais que certains joueurs ont confiance en moi et j’essaie de donner le maximum pour tendre vers cette qualité de leadership. J’ai quand même plus tendance à agir sur le terrain qu’à parler. Nous disposons de joueurs avec les qualités nécessaire­s afin de motiver et mobiliser les autres. Moi, j’essaie de faire le boulot sur le terrain pour tirer le groupe vers le haut.

‘‘ J’ai plus tendance à agir sur le terrain qu’à parler... ”

‘‘ Je suis au RCT encore un an, ça ne bougera pas”

Votre expérience aux Saracens vous sert-elle aujourd’hui ? J’étais à un moment de ma carrière où je ne progressai­s plus. Il me fallait quelque chose de différent, qui m’oblige à me pousser dans mes retranchem­ents afin d’aller chercher un niveau d’exigence que je ne connaissai­s pas. Je ne suis pas parti parce que je ne pouvais plus jouer en France, mais parce que j’avais envie d’une autre expérience sur le plan rugbystiqu­e, culturel ou dans la vie de tous les jours. J’ai beaucoup appris dans la régularité du travail mais aussi en termes de leadership. J’encourage les jeunes qui n’ont pas beaucoup de temps de jeu à partir à l’étranger, car ça forge le caractère et permet d’étoffer son jeu et la façon d’aborder les matches.

Aujourd’hui croyez-vous encore à un retour en équipe de France ?

Quand on est compétiteu­r, on espère toujours être appelé. Mais il faut faire le nécessaire en club, car si on n’est pas numéro un avec son équipe, c’est compliqué de pouvoir aspirer à autre chose. Mais aujourd’hui l’équipe de France fonctionne bien, avec beaucoup de qualités. C’est dans un coin de la tête, mais le club prime.

La perspectiv­e de pouvoir jouer en Bleu avec votre frère Selevasio, ce doit être une motivation supplément­aire… C’est un rêve de pouvoir partager ce maillot avec son frère. Mais le temps passe aussi. Il faut avoir conscience que lorsqu’on rate le wagon, d’autres joueurs prennent le dessus et c’est compliqué de revenir.

Il y a une belle génération en équipe de France désormais. Pour Selevasio, ça a été une fierté de le voir être appelé en Bleu. J’étais très heureux pour lui.

Mais je connais l’exigence nécessaire pour durer et quand il faut lui donner un petit coup de boost pour lui remettre la tête à l’endroit, je suis là ! (rires). Mais il est dans les filières haut niveau depuis longtemps, il connaît l’exigence. À lui de tout mettre de son côté.

Pour revenir à votre cas personnel, vous êtes dans votre deuxième année au RCT, il vous restera encore un an de contrat au terme de la saison. Comment voyez-vous votre avenir ?

Je suis au RCT, c’est mon club et cela ne bougera pas. Il me reste un an de contrat, on ne va pas encore parler de renégociat­ion ou de quoi que ce soit. J’ai la chance d’évoluer dans ce groupe, avec un staff qui fonctionne bien, je me sens bien ici.

En dehors du rugby, vous vous sentez à l’aise à Toulon ?

Bien entendu, il y a pire qu’ici ! C’est toujours plus agréable de vivre à Toulon en hiver plutôt qu’à Paris ou dans le Nord (sourire). La vie est agréable. L’état d’esprit est différent de celui de Toulouse ou de l’Angleterre, mais ce côté un peu bouillant me convient. Je connaissai­s ce contexte comme adversaire, mais avec le maillot de Toulon sur le dos, c’est quelque chose de différent.

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(Photo Laurent Martinat) Christophe­r Tolofua se « sent bien au RCT » ainsi que dans la région.
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