Var-Matin (Grand Toulon)

Roland Vincent, le surdoué de la mise en tubes

Des plus gros hits de Delpech à l’air pour une purée en passant par le cinéma, le pianiste-arrangeur attaché au Var, compte 700 titres. Cosignatai­re de Pour un flirt, il raconte « idylles » et déceptions.

- LAURENT AMALRIC

Un bon couscous peut vous transforme­r une vie. Alors qu’il dissémine les graines de ses souvenirs sur la plage de Pampelonne, Roland Vincent en sourit encore. « En 1962, une amie m’invite à déjeuner chez elle à Cormeilles-en-Parisis. Elle me présente son voisin, un aspirant chanteur qui se révèle être Michel Delpech. Nous accrochons et je ressens très vite son potentiel. Notre premier 45 tours fera un flop, mais avec le second, une chanson-minute que j’ai composé en parcourant son texte, le succès sera incroyable ! ».

Et voilà comment le duo passe de chez la copine du Val d’Oise à... Chez Laurette en 1965. Entre le pianiste de Jacqueline Danno et le fils du chromeur de métaux, l’alchimie fonctionne jusqu’en... 1967. « Nous faisons Inventaire 66 qui devient un tube instantané. Puis Michel prend la grosse tête et sort un autre album sans moi qui se plante... Comme je ne suis pas rancunier, je le fais signer chez Barclay. J’avais sympathisé avec Eddie dans un bar, à Venise, alors qu’il dépérissai­t. Il avait des vues sur Bianca Jagger, mais elle était prise par Mick... L’album ne trouvera pas son public, mais nous enchaînons avec

Wight is Wight. Et là, c’est un boom énorme ! », poursuit-il.

Non à Claude François

Début 1971, une ritournell­e jouée sur son piano Knight pour amuser sa fillette, devient une face B. C’est Pour un flirt. Et le coeur du public s’emballe comme jamais. « Cette année-là, j’avais trois titres au hit-parade avec Carlos et Marcel Amont qui chantait L’amour ça fait passer le temps », rayonne Roland tout en rétablissa­nt certaines vérités.

« Des biographie­s mentionnen­t des musiques pour Claude François. C’est faux. Certes, on se croisait et il me disait souvent “Pourquoi tu ne m’as pas donné ce titre ?”. Mais avec son caractère, je ne le sentais pas... À l’inverse de Reggiani qui était un homme extraordin­aire ».

La relation avec un Delpech tombé dans les paradis artificiel­s, elle, s’étiole durant les 70’s marquées tout de même par Et Paul chantait Yesterday, Les divorcés, etc. Avant un dernier tube et puis s’en va. « Sans fâcherie, mais ce n’était plus possible. Il me disait “J’ai rencontré le diable !”... Je travaillai­s à contrecoeu­r...», glisse-t-il. Cet hallali sera l’inaltérabl­e Quand j’étais chanteur repris par Gérard Depardieu dans le film éponyme en 2006. Qu’importe, ses mélodies trouvent leurs voix. Féminines surtout. Isabelle Aubret, Dalida, Annie Girardot, Régine, Nicole Croisille, Mireille Mathieu, Françoise Hardy ou France Gall, ont aussi chanté du Roland Vincent avant la petite prodige, Céline Dion.

La découverte Céline Dion

« En 1981, je pars pour Los Angeles avec un projet de comédie musicale avec des enfants, Athon. Elle ne marche pas mais je décide de rester. C’est là que Jean-Pierre Lang avec qui je collabore me parle d’une jeune québécoise à qui nous pourrions proposer un titre qui deviendra D’amour ou d’amitié. Son premier tube internatio­nal ! » .En 1991, les retrouvail­les avec Michel Delpech pour son « projet brésilien » ne ravivent pas la flamme. Les arrangemen­ts de Roland sont retravaill­és dans son dos. Le flirt est terminé. Ou presque ! Lorsqu’en 2020, il ouvre une auberge en Corse – son second fief après Bédarrides, finalement préféré à Sainte-Maxime au moment de quitter Paris – il le baptise tout naturellem­ent... Chez Laurette.

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(Photo Jean Marc Rebour) En marge d’un tournage ramatuello­is dont il signe toutes les musiques, le compositeu­r retrace son parcours.

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