Var-Matin (Grand Toulon)

Privé de cantine pour des retards : la colère d’une maman

Demi-pensionnai­re, un élève de classe de 5e du collège Jules-Ferry est exclu quatre jours de la cantine. La direction évoque des « retards répétés ». Une décision aberrante pour sa maman.

- SARAH ABOUTAQI saboutaqi@nicematin.fr

U «n pur scandale ». C’est par ces mots qu’Audrey, Hyéroise de 42 ans, qualifie la décision prise par le collège Jules Ferry, à l’encontre de son fils de 13 ans. En classe de 5e, l’élève est privé de cantine depuis lundi. Pourtant demi-pensionnai­re, il devra manger hors de l’établissem­ent jusqu’au 2 avril. La cause de cette sanction : « des retards répétés à la cantine » (voir encadré), affirme la direction de l’établissem­ent.

Une aberration pour sa maman. « Mon fils est demipensio­nnaire parce que je travaille, et donc je n’ai pas d’autres solutions que de le mettre sous la surveillan­ce du collège durant la pause du déjeuner. J’ai été informée de cette décision le 19 mars. Initialeme­nt, elle devait s’appliquer le 22 mars, mais je suis allée protester. La directrice m’a reçue, mais a refusé d’annuler sa sanction. Donc jusqu’à la fin de la semaine, mon fils est obligé de sortir manger dehors alors que je n’ai pas signé d’autorisati­on de sortie ! Le collège refuse de l’accueillir, même si je lui prépare un sandwich le matin. C’est incompréhe­nsible. » Une informatio­n confirmée par la principale de l’établissem­ent, Nathalie Plantier. Pour justifier sa décision, elle indique que « des retards répétés de l’élève mettent à mal le protocole sanitaire instauré depuis le 2 novembre. Ce dispositif comprend des règles strictes, à savoir un zonage par niveau, des places attribuées selon un plan de table défini en amont et une distanciat­ion sociale. On a demandé aux élèves d’arriver à l’heure, et ceux qui ne respectent pas ces mesures à plusieurs reprises s’exposent à des sanctions. On ne peut faire autrement. »

« D’autres sanctions plus adaptées »

Une raison beaucoup trop peu valable pour les parents d’élèves (lire ci-contre) et Audrey. Si elle ne conteste pas « l’idée d’infliger une sanction », elle déplore en revanche le manque de pédagogie de discerneme­nt dans cette décision. « Il y a d’autres sanctions adaptées, comme des heures de colle ou devoirs supplément­aires par exemple. Mais priver un enfant de cantine, et l’obliger à sortir de l’établissem­ent durant la pause méridienne, ce n’est pas constructi­f. Je ne trouve pas cette décision responsabl­e, ça pose un problème de sécurité. Mon enfant sera seul, dehors, au lieu d’être sous la surveillan­ce de l’établissem­ent. C’est inacceptab­le d’infliger ça à un mineur ! »

Applicable à tous

«

Consciente de la difficulté pour les parents de s’organiser », la principale de l’établissem­ent précise que « c’est une exclusion temporaire d’un service annexe d’hébergemen­t de l’établissem­ent. Les enfants ne sont pas laissés dehors, mais remis aux parents comme le précise le courrier qui leur a été envoyé. Une semaine a été accordée aux parents d’élèves exclus cette semaine pour s’organiser. Tous ont signé un règlement intérieur et s’engagent à respecter les consignes. 550 élèves demi-pensionnai­res sont à gérer, et forcément, on ne peut pas en laisser certains mettre en danger ce protocole », affirme-telle avant de préciser que « ce type de sanction a été appliquée à cinq élèves au total et pourra l’être à d’autres à l’avenir, si ce genre de situation se reproduit. Je suis prête à recevoir les parents dont les enfants seront sanctionné­s pour en discuter si cela se reproduit. Notre rôle est essentiell­ement éducatif, donc je suis ouverte à plus d’explicatio­ns et de discussion­s. »

De son côté, Audrey assure qu’elle « tiendra pour responsabl­e l’établissem­ent s’il arrive quoi que ce soit et qu’il se retrouve en danger. Je n’hésiterai pas à les attaquer si un drame se produit. »

« Une décision choquante » pour la PEEP

L’associatio­n départemen­tale PEEP du Var a tenu à réagir à cette décision « inédite », par le biais de sa présidente, Magali Rodriguez : « C’est une décision choquante et assez violente. Un enfant demi-pensionnai­re, pour qui aucune autorisati­on de sortie n’a été signée ne devrait pas être exclu de la cantine, même temporaire­ment. Cette sanction soulève des problèmes de sécurité et de la légalité, alerte-telle, avant d’interroger sur la responsabi­lité en cas de quelconque problème : Qui de la famille ou de l’établissem­ent devient responsabl­e durant la pause méridienne dans ce cas ? C’est assez délicat. Une autre solution, plus adaptée, aurait dû être appliquée, surtout dans le contexte actuel de crise sanitaire, où les enfants subissent déjà beaucoup de pression et de contrainte­s… » « Si mon enfant arrive en retard, c’est parce que les toilettes sont fermées durant les heures de cours, et rouvrent durant la récréation et à midi, heure à laquelle il doit aller à la cantine. Forcément, il met du temps à s’y rendre si une queue se forme », affirme Audrey. Plusieurs élèves assurent rencontrer cette problémati­que. « Nous n’étions pas au courant de ce potentiel souci lié aux

Des retards liés à une mauvaise organisati­on?

sanitaires. Nous allons nous pencher sur cette question, et si réellement, ça entraîne des retards et que plusieurs élèves se plaignent de cette organisati­on, nous essayerons de trouver des solutions. Mais nous tenons à rappeler que les toilettes sont ouvertes lors de la récréation, à  h  et que tous les enfants peuvent s’y rendre à ce moment », rétorque pour sa part la direction de l’établissem­ent.

 ?? (Photo Laurent Martinat) ?? C’est par un courrier – qu’Audrey a refusé de signer – que les parents sont informés de l’exclusion de leur enfant.
(Photo Laurent Martinat) C’est par un courrier – qu’Audrey a refusé de signer – que les parents sont informés de l’exclusion de leur enfant.

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