Var-Matin (Grand Toulon)

Bâtir un territoire intelligen­t et « aimable »

Quelles sont les perspectiv­es de l’IMREDD pour les dix prochaines années ?

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Quel bilan tirez-vous depuis le lancement de l’IMREDD en  ? Pierre-Jean Barre : Toutes les actions ont permis à la métropole niçoise, avec l’université, de s’installer dans le panorama des smart cities et des villes innovantes. Des délégation­s internatio­nales sont ainsi régulièrem­ent reçues pour visiter le Smart City Innovation Center (SCIC) qui restitue ce savoir-faire développé par les acteurs du territoire. Sur le plateau mettant en visibilité l’ensemble des données mobilisées au sein du Data Center Métropolit­ain, le SCIC permet de développer des applicatio­ns, des prototypes de services et d’accompagne­r l’exploratio­n d’idées à destinatio­n des entreprise­s voulant s’implanter sur le territoire. Cet Institut représente, d’une certaine façon, le « prototype » du dispositif plus large et plus global qu’il faudrait mettre en place à l’échelle du territoire de la Côte d’Azur dans les années futures.

Quelle est l’ambition de l’IMREDD pour les dix prochaines années ?

Éric Dumetz : L’ensemble des partenaria­ts et expériment­ations, avec ses réussites, mais aussi ses échecs, ont permis à l’université, et plus globalemen­t au territoire de la Côte d’Azur de construire des compétence­s, des pratiques et des réseaux de collaborat­ions uniques. Il s’agit maintenant d’ouvrir cette décennie en imaginant un élargissem­ent de notre approche afin de franchir une nouvelle étape de notre processus de transforma­tion territoria­le. Transforme­r la Smart City en territoire « intelligen­t » et « aimable » en utilisant le numérique et l’innovation, telle est notre ambition.

Qu’entendez-vous par territoire

« aimable » ?

Pierre-Jean Barre : Aimable est un adjectif qui incarne la notion de « symétrie des attentions » et qui souligne l’importance de la relation entre les citoyens et le territoire qu’ils habitent. Aimable est ainsi le symbole de notre vision de la ville et d’un territoire constitués de lieux dynamiques et plaisants, centrés sur le citoyen, où il fait bon vivre. Le projet de transforma­tion doit viser à rendre le territoire attractif et capable de retenir ses talents. Pour cela, il faut poursuivre l’élargissem­ent des thématique­s traitées par la Smart City, pour s’emparer des thèmes de solidarité comme la santé et l’accès de tous aux services publics. Il s’agit de supplanter l’image d’une Smart City uniquement technologi­que, basée sur l’optimisati­on économique des réseaux, pour développer une approche mobilisant les ressources technologi­ques au profit du bien-être des individus et à une plus grande équité territoria­le. Pour ces raisons, il convient de placer la réflexion éthique et philosophi­que plus au coeur du projet de transforma­tion.

En quoi le numérique peut-il aider à atteindre cette ambition ?

Éric Dumetz : La donnée est l’essence de notre moteur de transforma­tion. L’acculturat­ion des citoyens à la donnée est ainsi impérative pour permettre une transition numérique qui inclut et non qui exclut. Cette dernière procède de la même manière que dans d’autres secteurs : elle se fonde sur les usages. D’une vision technocent­rée de la ville qui cantonnait jusqu’alors le citoyen dans un rôle « passif » devant être aidé pour se comporter en bon usager, voire surveillé ou puni, il est temps d’inscrire le citoyen dans un rôle dynamique et participat­if. Le territoire numérique passe par le développem­ent de cadres de confiance, dont le RGPD est un exemple, par lesquels les parties prenantes d’un territoire, acteurs publics, acteurs privés, citoyens, pourront faire circuler des données et créer de la valeur sociale et territoria­le au service de l’intérêt général par exemple dans des domaines tels que la qualité de l’air, la santé ou encore la mobilité. Favoriser le partage et la réutilisat­ion des données, en réunissant données publiques et privées au sein de « plateforme­s de données territoria­les » est au coeur de l’ambition. C’est par les croisement­s de données en provenance de différente­s sources et l’utilisatio­n de techniques d’analyse de données massives et d’intelligen­ce artificiel­le qu’une valeur nouvelle pourra être créée. Les territoire­s dynamiques de demain seront ceux qui auront réussi à construire une gouvernanc­e partenaria­le de la donnée locale et qui, en accédant à un maximum de données, pourront mieux maîtriser leur stratégie de développem­ent territoria­l et créer de la valeur bénéfician­t à tous leurs citoyens.

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