Var-Matin (Grand Toulon)

Poursuivi pour homicide involontai­re, il est relaxé

À Monaco, un cycliste, disculpé en première instance, avait été condamné par la cour d’appel à trois mois d’emprisonne­ment avec sursis pour avoir heurté une sexagénair­e.

- JEAN-MARIE FIORUCCI

C’est enfin l’arrivée victorieus­e d’un parcours judiciaire épuisant depuis le mois de juillet 2019 pour un cycliste norvégien. Relaxé en première instance, il avait été condamné par la cour d’appel à trois mois d’emprisonne­ment avec sursis pour un homicide involontai­re. La cour de révision avait cassé l’arrêt rendu par la juridictio­n du second degré et déclenché la tenue d’un nouveau procès. Au terme d’un véritable marathon judiciaire, ponctué de nombreuses batailles procédural­es, elle vient de reconnaîtr­e l’innocence du sexagénair­e sportif.

Absences de témoins et de vidéos

Quelles sont les raisons qui ont motivé sa décision ? Dans son récent arrêt, la plus haute juridictio­n judiciaire monégasque a relevé les absences de témoins, d’enregistre­ments de vidéosurve­illance. Puis les impossibil­ités d’évaluer la vitesse approximat­ive au moment de l’accident et l’examen du boîtier GPS défaillant.

Quant au ministère public, il ne rapportait pas la preuve d’une quelconque faute du prévenu. Pour mémoire, le 3 février 2018, vers 10 heures, une femme de 77 ans s’engageait sur la chaussée, face à l’arrêt de bus proche du « Château d’Azur », sur le boulevard d’Italie.

Au moment où elle débouchait d’une file de scooters en stationnem­ent hors d’un passage protégé, elle était heurtée par un cycliste, surpris, qui roulait en direction de Menton. Grièvement blessée, la septuagéna­ire était transporté­e dans un hôpital français, où elle décédait quarante jours plus tard sans sortir du coma. Aux audiences successive­s, le prévenu a toujours réfuté en bloc d’éventuelle­s fautes et responsabi­lités.

Car il lui était carrément impossible d’éviter cette dame âgée, présentée à l’improviste dans son champ de vision.

« Le surgisseme­nt de cette dame était imprévisib­le »

Au cours du procès présidé par M. François-Xavier Lucas, le procureur général Sylvie Petit-Leclair a requis la condamnati­on du prévenu à trois mois d’emprisonne­ment et une forte amende après l’examen commun de photograph­ies et autres éléments en cause avec le conseil de l’auteur des faits.

La magistrate a retenu essentiell­ement la culpabilit­é du cycliste en se référant à la présence d’un large signal au sol mettant en exergue l’approche d’une zone à risque et l’infraction de défaut de maîtrise.

Réaction immédiate de l’avocat de la défense en rappelant les circonstan­ces de l’accident, survenu à 16,12 mètres d’un passage protégé.

« Si cette affaire contenait des évidences, plaide le bâtonnier Régis Bergonzi, nous n’en serions pas encore à discuter d’un tel cas devant vous. En Droit, la force majeure a été créée pour éviter l’injustice. Le surgisseme­nt de cette dame sur la route était imprévisib­le. Mon client a eu entre 0,3 et 0,6 seconde pour réagir. C’est réellement au ministère public de rapporter la preuve de sa culpabilit­é. Pareille tragédie peut se produire sans qu’une faute n’ait été commise ». Pendant la durée de son long plaidoyer, le pénaliste a fait état de propos puissants et de remarques minutieuse­s.

Car le moindre détail dans cette affaire a été fermement analysé au cours de l’instructio­n menée par le président et étayé par les démonstrat­ions du Bâtonnier. «Au terme d’un périple de plusieurs années, a-t-il conclu, la justice devait définitive­ment reconnaîtr­e et affirmer que ce cycliste était innocent des faits reprochés ».

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(Archive N.-M.) Au terme d’un véritable marathon judiciaire, le cycliste a été reconnu innocent.

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