Var-Matin (Grand Toulon)

L’associatio­n Anticor va-telle perdre son agrément ?

Aujourd’hui, le Premier ministre doit se prononcer sur le renouvelle­ment de l’agrément qui permet à l’associatio­n de lutte contre la corruption de se porter partie civile.

- STÉPHANIE GASIGLIA sgasiglia@nicematin.fr

Jean Castex a la journée pour trancher. Dans le vif ? Le Premier ministre doit se prononcer sur le renouvelle­ment de l’agrément d’Anticor, l’associatio­n de lutte contre la corruption en politique, présidée jusqu’en mars 2020 par le Niçois Jean-Christophe Picard. Et ce dernier, aujourd’hui élu d’opposition à Christian Estrosi à Nice, redevenu simple « membre », sent le « coup venir ». « S’il ne renouvelle pas l’agrément, on contestera ce refus », grince Jean-Christophe Picard. Qui ajoute : « On a compris : le gouverneme­nt aimerait nous débrancher. »

Des proches de Macron...

Anticor a déposé des dizaines et des dizaines de plaintes dans des affaires de corruption, de favoritism­e, de prises illégales d’intérêt. Contre des élus locaux, la plupart du temps. Mais pas seulement : parmi ces plaintes, l’une vise Alexis Kohler, le secrétaire général de l’Élysée, une autre, le président de l’Assemblée, Richard Ferrand [hier, il a réussi à faire reconnaîtr­e la prescripti­on dans son dossier, Anticor envisage le pourvoi en cassation, NDLR], une troisième, le garde des Sceaux, Éric Dupond-Moretti. Et Olivier Véran vient de faire son entrée dans ce cercle plus très fermé. Anticor vient de porter plainte contre le ministre de la Santé pour « favoritism­e » dans la gestion de l’applicatio­n TousAntiCo­vid. Alors, Anticor et son agrément, un enjeu politique ?

« J’ai été purgé »

En parallèle, ça s’agite (un peu) au sein et (beaucoup) autour de l’associatio­n : un brouhaha fait d’accusation­s en tous genres, pointant notamment 2015-2020 : les « années Picard ». Elles émanent d’anciens membres comme Claude Marcel, ex-administra­teur, ex-référent Anticor en Meurthe-et-Moselle. Il voulait la présidence au moment de la démission du Niçois il y a un an. Mais, c’est l’avocate Élise Van Beneden qui a été élue. Logique, selon Claude Marcel : « Lors de ce conseil d’administra­tion, on voulait discuter de la présence de cadres politiques, et on s’interrogea­it sur les noms de certains donateurs, on avait des doutes sur plein de choses. » De plus, selon lui, le vote du conseil d’administra­tion n’est pas valide : « L’un des 21 administra­teurs n’était pas à jour de cotisation et ça a fait basculer le vote. » Il poursuit : « Ensuite, Mme Van Beneden a demandé la révocation du CA. On a fait une liste contre elle, on a eu six administra­teurs, eux quinze. Pour la même raison, ce n’est pas valide. Alors, nous avons fait une assignatio­n en justice. » Claude Marcel est « écoeuré »: « Depuis, j’ai été “purgé”. Ils m’ont viré. Je ne suis même plus adhérent. Ils ont pris des prétextes fallacieux. » Pour lui, « Picard est toujours à la manoeuvre, pas loin derrière. »

« Il voulait présidence »

Jean-Christophe Picard avance ses arguments : « L’administra­teur en question n’était pas à jour de cotisation en raison d’un bug informatiq­ue. Lorsqu’on s’en est rendu compte, on lui a dit, et ça a été rectifié. » Pour l’ex-président, tout a été fait dans les règles. La preuve, assure-t-il, «samedi, Élise [Van Beneden] a été réélue par les administra­teurs 12 voix sur les 17 présents. Et à l’AG, sur 400 participan­ts en virtuel, les rapports moral et financier - ont été approuvés à près de 90 %. Les adhérents ne se font pas enfumer par toutes les boules puantes qui sont lancées. » Quant au “cas” Claude Marcel : « Il voulait la présidence, il ne l’a pas eue, voilà... Et on avait de bonnes raisons de ne pas le garder, quand on est membre d’une associatio­n, on ne fait pas n’importe quoi, comme diffuser des infos diffamatoi­res », soupire Picard.

Claude Marcel, lui, n’en démord pas : « Plus rien n’est clair chez Anticor. » Jean-Christophe Picard dégaine une tribune publiée sur le Huffington Post, signé par des dizaines d’associatio­ns et de syndicats qui clament : « M. Castex, pour notre démocratie, l’agrément d’Anticor doit être renouvelé. »

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(Photo archives Sébastien Botella) Jean Castex a dans les mains le sort de l’associatio­n Anticor, présidée jusqu’en mars  par l’élu niçois d’opposition, Jean-Christophe Picard.

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