L’IMMENSE DÉFI
Au-delà d’une hypothétique victoire, les Toulonnais, qui vont passer un nouveau test de caractère chez le quadruple champion d’Europe, veulent surtout se racheter et doivent se rassurer.
RUGBY. Le RCT d’Etzebeth et Parisse s’attaque ce soir au mythique Leinster de Jonathan Sexton. Les Toulonnais devront réaliser un exploit s’ils veulent se qualifier pour les quarts de finale de la Champions Cup.
Faire tomber le Leinster dans son RDS Arena : le défi est immense. Beaucoup en ont rêvé mais bien peu l’ont fait comme en attestent les 18 victoires pour 2 défaites seulement dans l’histoire récente de la province irlandaise. Et si le RCT, qui s’était imposé 20-16 en 2015-2016 à l’Aviva stadium, fait effectivement partie de ces heureux élus, il ne paraît plus vraiment en mesure aujourd’hui de contester la verte hégémonie.
Pour autant, ce nouveau statut d’outsider lui offre aussi la perspective d’un match sans pression particulière quant au résultat, ce qui peut s’avérer un véritable luxe à ce niveau. Et c’est sans doute ce qui inquiète un peu le manager général du Leinster avant ce nouveau choc a priori déséquilibré. Stuart Lancaster, qui aimerait aujourd’hui faire passer les Toulonnais pour des Toulousains auprès de ses joueurs, ne veut évidemment pas risquer qu’ils les prennent d’un peu trop haut. Et il fait bien de se méfier de cette équipe revancharde à souhait après sa récente humiliation à Lyon.
« Savoir ce qu’on veut »
Une équipe qui va de surcroît retrouver la plupart de ses joueurs cadres et veut se rassurer, au moins sur ses vertus morales, avant d’entamer le sprint de fin de saison : « On entre dans le money time. Il est temps de savoir ce qu’on veut », a rappelé Patrice
Collazo pour placer ses joueurs face à leurs responsabilités. Le coach pense savoir ce qu’ils veulent : écrire leur propre histoire et tourner enfin la page du glorieux passé toulonnais. Mais il attend maintenant des actes. Sans même une obligation de résultat : « Je ne sais pas si ce déplacement au Leinster est une bonne chose pour oublier Lyon, mais on a besoin de se remettre la tête à l’endroit. En ce sens, une semaine de travail courte permet d’aller à l’essentiel sans trop se poser de questions », at-il aussi précisé, content de pouvoir évacuer aussi vite sa récente frustration.
Autant ils auraient pu décider de concentrer toutes leurs forces sur le Top 14 s’ils avaient réalisé une bonne opération comptable à Lyon, autant leur échec cinglant leur impose de réagir immédiatement pour redorer un peu leur image et celle du RCT.
Sitôt « débriefé » le fiasco lyonnais, le collectif a donc « switché » sur ce match de prestige qui doit donner un nouvel élan et une nouvelle dynamique au groupe enfin reconstitué : « Jusqu’à preuve du contraire, quand on sort d’un match comme à Lyon, on ne peut pas se permettre de faire des choix… Notre seule priorité aujourd’hui est de jouer un vrai match de rugby », a balayé Patrice lorsque le sujet a été évoqué.
Le match déjà promis au Leinster
Compte tenu de leurs manquements à Lyon, on ne doute pas vraiment de la réaction des « rouge et noir », surtout renforcés par leurs internationaux même si l’absence de Carbonel, actée hier matin, réduira leur champ d’action dans le jeu au pied. Même Gigashvili, pourtant annoncé en « septaine », sera du rendez-vous... Mais au sortir d’un Tournoi des six nations particulièrement éprouvant, ces derniers ne sont pas non plus à l’abri d’une sérieuse baisse d’énergie, ce qui pourrait se payer au prix fort face à des Irlandais un peu plus verts et survoltés.
Espérons donc qu’ils vont réussir à se remobiliser complètement pour pouvoir tenir tête sur la durée au tout récent vainqueur du Pro 14. Pour y parvenir, il faudra évidemment qu’ils y mettent tout et même un peu plus, comme ils l’avaient réussi en janvier au Racing, car en vérité, le gain du match semble déjà promis au Leinster.
Mais si d’aventure, les Toulonnais parvenaient à faire douter le quadruple champion d’Europe, ils auraient déjà atteint leur véritable objectif : se rassurer et se replacer sur une vraie dynamique.