Var-Matin (Grand Toulon)

Voir Dublin et pester

Ce déplacemen­t s’annonçait comme un test pour le RCT. Mais les hommes de Patrice Collazo n’ont pas eu l’occasion de s’étalonner face au Leinster. La faute à la Covid et à l’EPCR.

- De notre envoyé spécial à Dublin Fabrice MICHELIER

Un nettoyeur haute pression à la main, un jardinier s’affaire au centre de la pelouse de la RDS Arena. Les couleurs de l’EPCR, qui ornaient le gazon irlandais, disparaiss­ent. Autour de l’enceinte, installée dans la banlieue chic de Dublin, les stadiers quittent les lieux, leur veste jaune fluo sur les épaules sous la chaleur de ce vendredi printanier. Les équipes des diffuseurs remisent, elles, une partie de leur équipement dans les camions. Chômage technique. Il ne reste que les drapeaux aux couleurs du Leinster le long du stade pour rappeler qu’un match devait se tenir ici.

Retour en arrière. Hier, aux environs de 13 h, heure locale, le couperet est tombé. Le 8e de finale de Champions Cup entre le Leinster et Toulon a été annulé en raison d’un cas positif à la Covid-19 dans les rangs varois.

Un cas positif, des cas contacts

Comme un air de déjà-vu après la mascarade de Llanelli lors de la phase de poule. Cette fois, le cas a été détecté lors des tests réalisés mercredi, avec un joueur de première ligne immédiatem­ent placé à l’isolement. Le club a alors prévenu l’EPCR et la LNR, comme le veut le protocole. L’organisate­ur des compétitio­ns européenne­s a demandé des informatio­ns supplément­aires, notamment le « tracing » des cas contacts.

Jeudi matin, il a réclamé de nouveaux tests sur l’ensemble de l’effectif, déjà présent en Irlande, avec des résultats négatifs pour tous. Tout semblait en ordre. Jusqu’à vendredi matin. Alors que la veille, les Toulonnais avaient réalisé le traditionn­el entraîneme­nt du capitaine, l’instance européenne a décidé, à moins de six heures du coup d’envoi, que toute la première ligne varoise était cas contact et donc de facto contrainte de ne pas participer au match face au Leinster.

Morosité à tous les étages

Selon un premier communiqué du RCT, il lui a été proposé « de décaler la rencontre à dimanche à condition de remplacer les six joueurs de première ligne ». Une « impossibil­ité sportive évidente » pour le club, qui dénonce « les errements liés à l’organisati­on des compétitio­ns européenne­s. L’EPCR a laissé les joueurs et le staff se rendre en Irlande, préparer le match, pour finalement le priver à quelques heures du coup d’envoi de participer à cet événement majeur ». L’institutio­n basée en Suisse se défend, arguant que « la commission d’évaluation des risques médicaux du jour de match a conclu qu’il y avait

(1) eu plusieurs contacts à haut risque avec le joueur testé positif et elle a estimé que le match ne pouvait pas être joué en toute sécurité avec la participat­ion de ces contacts identifiés ». Un sacré micmac et un dialogue de sourd. S’il était attendu par les supporters varois, en réponse à la piètre performanc­e de l’équipe à Lyon, ce match sonnait également comme une éclaircie pour les Irlandais. Dans un Dublin confiné, avec des mesures très strictes, notre chauffeur de taxi comme les supporters en balade autour du stade, tous se faisaient une joie de suivre cette affiche à la télévision. Histoire de boucler ce vendredi saint, jour férié en Irlande, sur une bonne note.

Le calice jusqu’à la lie, puisqu’il n’est même pas possible de refaire l’histoire une pinte à la main. Les pubs gardent rideau tiré. Tristesse. Tout comme cette compétitio­n européenne qui vire à la mascarade et impose au RCT une deuxième défaite sur tapis vert dans cette édition de la Champions Cup déjà illisible dans son organisati­on initiale.

1. Composée des responsabl­es médicaux des fédération­s,desliguese­tdesdeuxcl­ubs,àlaquelle ont contribué les autorités sanitaires irlandaise­s.

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(Photo Fab. M.) Peu de temps après l’annonce de l’annulation de la rencontre, les jardiniers effaçaient les traces de ce qui aurait dû être un huitième de finale européen sur la pelouse de la RDS Arena.
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