Fair Vision voit très loin
La start-up niçoise s’appuie sur l’intelligence artificielle pour développer un outil moderne et pédagogique. Il permet aux amateurs de revoir leurs matchs et d’offrir des stats sur les joueurs.
La révolution est en marche. Fin 2020, la start-up niçoise Fair Vision a lancé un outil de pointe qui pourrait bien transfigurer le football amateur et le jeu. Porté par l’intelligence artificielle, l’énergie solaire et une bonne dose de passion, l’ingénieur niçois Jean-Michel Felderhoff a vu les choses en grand.
Son idée ? Permettre aux joueurs et aux clubs amateurs de revoir leurs matchs et d’être en mesure de décortiquer leurs performances individuelles et collectives sous tous les angles. Ballons touchés, récupérés ou perdus, possession, kilomètres parcourus ou vitesse des sprints, autant de données que l’entreprise azuréenne est en mesure de fournir. Ces datas, la vidéo et le travail qui découle de leurs exploitations ne seront plus l’apanage des professionnels.
Énergie solaire
« On bosse en collaboration avec l’INRIA de Sophia Antipolis (1), détaille Jean-Michel Felderhoff, président de Fair Vision. Notre volonté est de démocratiser la très haute technologie pour le plus grand nombre de sportifs. On s’est dit qu’on aimerait bien que le sport évolue et que chacun puisse avoir accès à la juste mesure de la performance. Que ce soit honnête et équitable. »
La start-up axe son développement aujourd’hui sur le foot amateur jusqu’à ses petites divisions, mais des clubs pros ont déjà manifesté leur intérêt pour suivre l’évolution des joueurs de leur centre de formation. « On capte la vidéo et on donne les images du match à analyser à nos algorithmes pour en extraire de la donnée, présente Felderhoff.
Grâce à des calculs, on est capables de géolocaliser qui fait quoi sur le terrain. Les joueurs ne portent aucun capteur sur eux. On fait tout ça par simple traitement de l’image. »
Entre deux et six caméras sont installées pour chaque terrain et le système se veut autosuffisant.
« On conçoit des coffrets qui intègrent des caméras qu’on a juste besoin d’accrocher sur les poteaux du stade, ajoute l’ingénieur. Notre système a été conçu pour être autonome énergétiquement grâce à des panneaux solaires. Techniquement,
c’est très astucieux. En deuxtrois jours, on met les caméras en place et vous n’avez rien à faire. On ne tire aucun câble. »
Équiper une cinquantaine de terrains en Paca
L’innovation est double : un système FairCam permet de revoir ses matchs et d’en tirer des datas ; un second, nommé NiceCam, donne aux coachs l’occasion de s’appuyer sur les images et de piloter eux-mêmes les caméras pendant les entraînements. À l’aide d’une tablette ou depuis un bureau, ils conseillent, recadrent ou bossent sur un thème précis. De tels dispositifs n’ont pas seulement une dimension pédagogique et d’analyse de la performance. Leur vocation se veut aussi civique et sociétale. « La violence va baisser. On a l’espoir secret que les gens, filmés, vont mieux se comporter, imagine Felderhoff. Et voir des matchs amateurs en distanciel, encore plus depuis la Covid, pourrait plaire à pas mal de personnes. Je pense aux parents de jeunes en centre de formation qui ne peuvent pas voir jouer leur enfant chaque week-end. »
Dans ses rêves, Fair Vision aimerait équiper une cinquantaine de stades en Paca dans le futur. Un premier pas avant d’aller plus loin.
1. L’Institut national de recherche en sciences et technologies du numérique.