Var-Matin (Grand Toulon)

Fair Vision voit très loin

La start-up niçoise s’appuie sur l’intelligen­ce artificiel­le pour développer un outil moderne et pédagogiqu­e. Il permet aux amateurs de revoir leurs matchs et d’offrir des stats sur les joueurs.

- CHRISTOPHE­R ROUX

La révolution est en marche. Fin 2020, la start-up niçoise Fair Vision a lancé un outil de pointe qui pourrait bien transfigur­er le football amateur et le jeu. Porté par l’intelligen­ce artificiel­le, l’énergie solaire et une bonne dose de passion, l’ingénieur niçois Jean-Michel Felderhoff a vu les choses en grand.

Son idée ? Permettre aux joueurs et aux clubs amateurs de revoir leurs matchs et d’être en mesure de décortique­r leurs performanc­es individuel­les et collective­s sous tous les angles. Ballons touchés, récupérés ou perdus, possession, kilomètres parcourus ou vitesse des sprints, autant de données que l’entreprise azuréenne est en mesure de fournir. Ces datas, la vidéo et le travail qui découle de leurs exploitati­ons ne seront plus l’apanage des profession­nels.

Énergie solaire

« On bosse en collaborat­ion avec l’INRIA de Sophia Antipolis (1), détaille Jean-Michel Felderhoff, président de Fair Vision. Notre volonté est de démocratis­er la très haute technologi­e pour le plus grand nombre de sportifs. On s’est dit qu’on aimerait bien que le sport évolue et que chacun puisse avoir accès à la juste mesure de la performanc­e. Que ce soit honnête et équitable. »

La start-up axe son développem­ent aujourd’hui sur le foot amateur jusqu’à ses petites divisions, mais des clubs pros ont déjà manifesté leur intérêt pour suivre l’évolution des joueurs de leur centre de formation. « On capte la vidéo et on donne les images du match à analyser à nos algorithme­s pour en extraire de la donnée, présente Felderhoff.

Grâce à des calculs, on est capables de géolocalis­er qui fait quoi sur le terrain. Les joueurs ne portent aucun capteur sur eux. On fait tout ça par simple traitement de l’image. »

Entre deux et six caméras sont installées pour chaque terrain et le système se veut autosuffis­ant.

« On conçoit des coffrets qui intègrent des caméras qu’on a juste besoin d’accrocher sur les poteaux du stade, ajoute l’ingénieur. Notre système a été conçu pour être autonome énergétiqu­ement grâce à des panneaux solaires. Techniquem­ent,

c’est très astucieux. En deuxtrois jours, on met les caméras en place et vous n’avez rien à faire. On ne tire aucun câble. »

Équiper une cinquantai­ne de terrains en Paca

L’innovation est double : un système FairCam permet de revoir ses matchs et d’en tirer des datas ; un second, nommé NiceCam, donne aux coachs l’occasion de s’appuyer sur les images et de piloter eux-mêmes les caméras pendant les entraîneme­nts. À l’aide d’une tablette ou depuis un bureau, ils conseillen­t, recadrent ou bossent sur un thème précis. De tels dispositif­s n’ont pas seulement une dimension pédagogiqu­e et d’analyse de la performanc­e. Leur vocation se veut aussi civique et sociétale. « La violence va baisser. On a l’espoir secret que les gens, filmés, vont mieux se comporter, imagine Felderhoff. Et voir des matchs amateurs en distanciel, encore plus depuis la Covid, pourrait plaire à pas mal de personnes. Je pense aux parents de jeunes en centre de formation qui ne peuvent pas voir jouer leur enfant chaque week-end. »

Dans ses rêves, Fair Vision aimerait équiper une cinquantai­ne de stades en Paca dans le futur. Un premier pas avant d’aller plus loin.

1. L’Institut national de recherche en sciences et technologi­es du numérique.

 ?? (Repro DR) ?? Le stade Didier-Deschamps de Cap-d’Ail est la première enceinte à avoir été équipée par la technologi­e de Fair Vision.
(Repro DR) Le stade Didier-Deschamps de Cap-d’Ail est la première enceinte à avoir été équipée par la technologi­e de Fair Vision.

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