Var-Matin (Grand Toulon)

La sécheresse menace les cultures et la nature

Le déficit pluviométr­ique est important et les débits d’eau anormaux pour un début avril. La sécheresse cause déjà des incendies et fait souffrir la végétation, menacée par les gelées.

- VÉRONIQUE GEORGES vgeorges@nicematin.fr

Le changement climatique entraîne des bouleverse­ments en chaîne parmi lesquels des événements climatique­s extrêmes plus violents et plus fréquents. Depuis des années, le Var y est confronté, au point que la sécheresse est déjà à l’ordre du jour en ce début avril. Il suffit de regarder les sols et les rivières pour le vérifier alors que le vent a amplifié ces derniers jours les premiers incendies de forêt causés par des incinérati­ons mal maîtrisées. Un drame dans les massifs forestiers, pour la faune et la flore, qui ont soif. Très soif.

« Les cours d’eau sont extrêmemen­t bas sur tout le départemen­t », confirme Georges Olivari, directeur de la maison régionale de l’eau (lire ci-dessous).

Des forages à sec

À Nans-les-Pins, les sources de l’Huveaune sont méconnaiss­ables. Et pour cause, elles sont à sec. « Heureuseme­nt, cela n’a pas d’incidence sur notre alimentati­on, explique le maire Ollivier Artuphel. Nous sommes alimentés à 52 % par la source de la Foux, à 44 % par celle d’Allamans, et à 4 % par des achats à la société du canal de Provence. Mais j’ai des particulie­rs qui m’ont signalé des forages à sec chez eux, c’est la première fois qu’ils voient ça ». La situation préoccupe la chambre d’agricultur­e. « On a très peu d’eau dans les sols, février et mars ont été très secs, ça devient problémati­que car la vigne est en train de démarrer sa croissance » indique Marine Balue, chef du service viticultur­e et environnem­ent à la chambre d’agricultur­e du Var.

Diagnostic et plan d’action à venir

Sylvain Audemard, viticulteu­r à Besse-sur-Issole, confirme : « l’eau manque, la nappe phréatique est très basse, le sol chez moi est fendu comme en plein été ». Maraîcher aux Adrets-de-l’Estérel, Maxime Behar est inquiet : «Ce printemps est excessivem­ent sec. Cela se ressent sur le développem­ent général des plantes et le fait de ne pas pouvoir arroser a un impact sur la taille des légumes. Veolia ne me propose pas de prix. En moyenne, il est de 50 à 80 centimes le m3 pour l’irrigation, moi je le paye 1,87 €, alors j’y vais doucement. La marge économique n’est pas la même à la fin de l’année ». Le jeune agriculteu­r essaie d’avoir des aides pour financer des retenues collinaire­s. Et attend ce week-end où des pluies sont annoncées, « à condition qu’il ne tombe pas un mois de pluie en quelques heures ».

Les services de l’état sont attentifs au problème. La commission régionale sécheresse doit se réunir ce vendredi en visioconfé­rence pour « préciser le diagnostic et décider d’un plan d’action » indique la préfecture du Var.

À ce fléau s’ajoute un autre. Si la période de transition entre l’hiver et l’été est connue pour sa météorolog­ie capricieus­e, les gelées peuvent encore se produire et faire des dégâts importants. Des températur­es négatives ont été relevées dans la nuit de mardi à mercredi. Les profession­nels ont effectué des brûlages de paille ce matin pour protéger les cultures. Attention, le vent étant tombé, les fumées risquent de s’étendre sur des dizaines de kilomètres.

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(Photo Clément Tiberghien) À Bargemon, le Riou ne coule plus.

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