Vallées : « Les engagements du Président seront tenus »
Xavier Pelletier, préfet des Alpes-Maritimes délégué à la reconstruction des vallées, ne ménage pas ses efforts depuis six mois. Il veut rassurer les habitants et assure que l’État sera au rendez-vous.
Terrain. Contact. Énergie. Réactivité. Xavier Pelletier a imposé son style. Nommé par Emmanuel Macron à la mi-octobre, le préfet délégué à la reconstruction des vallées ne ménage pas ses efforts depuis. De la Roya à la Vésubie, cet énarque de 52 ans a conquis nombre d’élus et de citoyens par ses actions concrètes. Il reste néanmoins comptable des choix d’un état souvent critiqué pour sa lenteur. Le « préfet vallées » fait le point. Sans esquiver les questions qui fâchent.
Six mois après, la reconstruction avance-t-elle à trois vitesses dans la Tinée, la Vésubie et la Roya ? Je ne pense pas. Nous avons réussi, collectivement, à appréhender cette reconstruction de façon efficace, opérationnelle sur l’ensemble des trois vallées. On parle là d’un événement singulier d’une violence inouïe, extrêmement destructeur, totalement inédit en France ! Au regard de nos règles, qui sont lourdes, tout a été fait en des temps records : les déclarations de reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle, le relogement des habitants, les aides d’urgence… Globalement, on peut saluer le travail fait par l’État, les collectivités territoriales, et l’engagement remarquable des bénévoles. Je travaille beaucoup avec Gil Marsalla, des Week-Ends Solidaires : c’est formidable, ce qu’ils font ! Ils apportent une aide précieuse aux sinistrés.
On pourrait aussi penser que des bénévoles doivent aller là où l’État ne passe pas…
Les interventions des bénévoles sont complémentaires de celles de l’état et des collectivités. Nous sommes tous mobilisés pour que ces vallées retrouvent le plus vite possible de la normalité. Les axes de circulation ont globalement été rétablis (la Roya reste une exception), il y a de l’électricité partout, de l’eau potable quasiment partout…
À Tende, certains habitants sont néanmoins à bout de nerfs… C’est compréhensible. Les travaux ne peuvent malheureusement pas aller aussi vite que les attentes légitimes des habitants. Mais prenons l’exemple de la voie de chemin de fer. Les travaux en amont de la gare de Saint-Dalmas sont quasiment aboutis. Et ils ont progressé sur le mur à arcatures de Fontan, qui bougeait encore il y a peu. La SNCF est optimiste. Il n’est pas impossible qu’à la miavril, on puisse annoncer une bonne nouvelle et une reprise des circulations. Ce sera une bouffée d’oxygène très salutaire pour la vallée de la Roya !
Quand pourra-t-on à nouveau circuler dans des conditions quasi normales sur la RD ?
Il ne faut pas oublier qu’il y a plus d’une centaine de brèches dans la trentaine de kilomètres qui sépare Libre de Tende ! Le Département a fait un travail remarquable dans des conditions particulières, car il n’y a pas d’autre voie d’accès. Il a déjà mis en place une route-piste. Il va falloir rehausser tout cela. La livraison du chantier est prévue pour début octobre. Nous aurons alors une route réparée, normale. En seulement un an, vous vous rendez compte !
Et dans les autres vallées ? La Tinée a déjà bien avancé ? En effet. La Tinée a été un peu moins impactée que les deux autres. Dans la Vésubie, on a deux sujets : l’accès au Boréon et à la Madone de Fenestre. On devrait avancer significativement pour l’été, même si ce seront des accès précaires pour l’instant.
Où en sont les financements promis par l’état ?
L’État joue un rôle d’assureur des collectivités territoriales pour les infrastructures perdues, à travers la dotation de solidarité. Son instruction arrive à son terme. Il y avait plus de opérations (un pont, une route…) à instruire : c’est énorme ! La mission IGA – CGEDD () va rendre son rapport mi-avril. Elle nous dira quels dommages sont pris en compte et quel est le montant des indemnisations. à partir de là, on pourra vraiment ouvrir le grand chantier de la reconstruction.
Il ne l’était pas déjà ?
Si, il est ouvert. Nous avons fait des opérations d’urgence. L’État a débloqué une avance de près de millions d’euros fin décembre.
Emmanuel Macron avait promis une première avance de millions d’euros. On est encore loin du compte, non ? Différents instruments juridiques seront mobilisés. Les millions d’euros correspondent aux demandes d’avances que nous ont adressées les collectivités.
Nous avons débloqué le maximum autorisé par le code général des collectivités territoriales. Ensuite, le rapport attendu mi-avril dira quels crédits peuvent être débloqués pour indemniser les collectivités. Il y a aussi le fonds Barnier, qui permet de gérer les risques. Si des vies humaines sont exposées dans une habitation, on peut acquérir ce bien et le détruire. Dernier instrument, très important : la contractualisation Étatcollectivités territoriales dédiée à la reconstruction. Elle va nous permettre de compléter le financement.
‘‘ Plus de opérations : c’est énorme !”
Quid de l’avenir des bâtiments classés en rouge ?
Il y a parfois une confusion entre le diagnostic bâtimentaire et les classements en zone rouge. Une maison peut se révéler indemne, mais exposée aux risques. Quand on le peut, on protège ce bien, ou ce quartier. Mais si cela induit des dysfonctionnements en aval de la rivière, on acquiert le bien.
Quand sera publié le « porter à connaissance » sur les zones constructibles ou non ?
Nous avons étudié les nouvelles zones de danger, avec les élus, commune par commune, pour bien en appréhender le tracé. 1. L’Inspection générale de l’administration et le Conseil général de l’environnement et du développement.