Le cambrioleur confondu par son ADN à Saint-Raphaël
Malgré les preuves, le prévenu a nié avoir participé à un violent home-jacking en septembre 2019 à Saint-Raphaël. Il a été condamné à trois ans de prison.
Le home-jacking – cambriolage en présence des propriétaires le plus souvent accompagné de violences – ne touche pas seulement des célébrités. L’agression des époux Tapie ou les récents faits qui ont touché des joueurs du Paris Saint-Germain, ont néanmoins mis en lumière un phénomène trop fréquent, extrêmement traumatisant pour les victimes. Et qui, souvent, ne trouve qu’une conclusion partielle devant les juges. Une nouvelle preuve en a été apportée ce mardi par le tribunal correctionnel de Draguignan, où un seul homme d’une équipe de quatre a répondu de ses actes.
La théorie de la « poussette »
Dans le box, Kayri F. clame de sa voix grave son innocence. Mais les preuves l’accablent. Ne pouvant totalement se défausser, il ne peut qu’avouer sa présence à la villa raphaëloise de Colin F. et de son épouse Irène cette nuit du 25 septembre 2019. Son ADN a été relevé sur un gant trouvé dans le jardin et surtout sur un T-shirt découvert dans les escaliers accédant aux chambres… « Sans être mélangé à une autre trace biologique », précise la procureure Lise Rambeaux. Mais le prévenu l’assure, il n’est pas « rentré dans la maison », au contraire de ses trois complices, originaires de Nice. Problème, les victimes, âgées alors de 69 et 65 ans, ont estimé qu’il y avait quatre agresseurs, dont trois se sont montrés violents à leur égard. Quatorze et vingt-huit jours d’ITT leur ont été délivrés. « Le quatrième, ils ne l’ont jamais vu, relève Me Ferlaud, avocat de Kayri F. Ils l’ont déduit, car le bas de l’habitation a été fouillé alors qu’ils étaient en haut en présence des malfrats. Mais a-t-il réellement existé ? »
Depuis son interpellation, le principal intéressé déroule la même histoire, au mot près. Celle d’un jeune homme travailleur mais consommateur de cocaïne et qui, devant les dettes accumulées lors de l’été 2019 auprès de ses fournisseurs, a été contraint de participer à ce cambriolage. «Ils menaçaient ma famille, je n’avais pas le choix. Mais quand j’ai vu une voiture dans le jardin, j’ai compris qu’il y avait du monde à l’intérieur et j’ai fait demi-tour. » « Vous n’avez donc pas participé mais après cela, vos créanciers vous ont laissé tranquille ?, interroge la présidente Géraldine Garcia. C’est curieux… » – « Oui, c’est curieux. »
L’hypothèse d’un piège
Pour Me Ferlaud, la présence du T-shirt s’explique peut-être par un piège tendu à son client. « Une poussette » – faire accuser quelqu’un à sa place dans le jargon du « milieu » – en guise de représailles. «La description des victimes ne correspond pas à celui-ci. On peut très bien imaginer qu’une des personnes à qui Kayri devait de l’argent a pris le T-shirt, soi-disant pour se cacher les cheveux mais en sachant très bien ce qu’il allait faire avec. »
Une théorie qui n’empêche pas la condamnation de Kayri F. à trois ans de prison et cinq mille euros de dommages et intérêts. En détention provisoire depuis un peu plus d’un an, il ne fera pas appel.