Var-Matin (Grand Toulon)

Overdose d’un étudiant à Èze : un jet-setter poursuivi

- 1. Elle est aussi utilisée en pilules sous le nom d’ecstasy. CHRISTOPHE PERRIN chperrin@nicematin.fr

Il recherchai­t les paradis artificiel­s et s’est retrouvé en enfer. Un jetsetter de 50 ans, décorateur reconnu, avait convié le 23 juin 2018 dans sa villa cossue d’Èze, dans les Alpes-Maritimes, Julien, son jeune amant. Il était question de fêter la licence en droit de l’étudiant débarqué à la gare vers 15 heures. Pour pimenter l’après-midi, K. avait tout prévu.

Un rail de cocaïne chacun, des relations sexuelles et un « parachute ». Autrement dit : une drogue chimique, en l’occurrence de la MDMA sous forme de pâte, enroulée dans un papier à cigarette pour faciliter l’ingestion (1).

Vers 21 h 30, Julien va très mal. K. appelle le Samu. À 23 h 30, le décès du jeune homme est constaté. Il a succombé à une overdose. L’expert toxicologi­que évo- que un taux quatre à dix fois supérieur à la normale.

« Les parents veulent comprendre »

Mardi, K comparaît devant le tribunal correction­nel. Il est poursuivi à la fois pour acquisitio­n, détention, cession de produits stupéfiant­s et homicide involontai­re. Le matin du drame, le jet-setter avait acheté pour 800 euros de drogue à son dealer habituel.

Dans la salle, les proches de Julien souffrent en silence et essuient discrèteme­nt leurs larmes. « Julien avaitil déjà consommé de la drogue auparavant ? », s’enquiert Guillaume SaintCricq, le président du tribunal correction­nel. « Oui, on avait déjà une ou deux fois consommé cocaïne et MDMA, notamment à Cassis, un mois auparavant », répond K.

Ce jour de juin, il fait chaud. Julien est déshydraté et n’est pas un toxicomane d’habitude comme le rappelle Me Lionel Ferlaud, partie civile. « C’est un événement inexplicab­le qui me peine profondéme­nt. Pour moi, pour la famille de Julien », souligne K. qui se perd en conjecture­s : «Il n’était pas imaginable que cela prenne une telle issue. [...] Un moment donné, il m’a dit : je suis trop bien, je veux mourir. » Une extase de courte durée.

« Les parents veulent comprendre », insiste le président Saint-Cricq qui s’attarde sur la chronologi­e des faits « « Pas un jour sans que je pense à cette famille. Moi aussi j’ai perdu quelqu’un que j’aime. ». K. explique qu’il a arrêté la drogue depuis cette tragédie, atteint, depuis, d’une tumeur à l’hypophyse. La procureure Meggie Choutia rappelle que « K. a ramené les produits à son domicile en connaissan­t leur caractère toxique ». « Il les a préparés et maîtrise, en principe, les doses. Il nous révèle qu’il a acheté 10 g de MDMA et 2 g de cocaïne mais on ne trouve que 2 g MDMA lors des perquisiti­ons. » La magistrate requiert deux ans de prison dont un an ferme contre le prévenu. « Une peine démesurée », s’insurge Me Bernard Ginez, l’avocat de la défense. « K. n’a pas tergiversé, il appelle le Samu, va à l’hôpital, va voir la famille de Julien et on demande la même peine qu’un dealer ! » La qualificat­ion d’homicide involontai­re est discutée par Me Ginez, en pénaliste averti. « Si le produit qu’il avait partagé était frelaté, il y aurait un problème. Nous ne sommes pas dans ce cas de figure. C’est la dose qui fait le poison. Julien s’est volontaire­ment administré de la MDMA. Or vous savez notamment avec les vaccins, que la même dose ne produit pas les mêmes effets. » Le tribunal s’est donné le temps de la réflexion et rendra son jugement lundi prochain.

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(Photo F. F.) Le jeune homme est décédé dans une villa sur la commune d’Eze.

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