Bombardement de Bouaké : perpétuité contre les accusés
Le 6 novembre 2004, 9 soldats français avaient été tués en Côte d’Ivoire. Les trois accusés ont été jugés en leur absence.
La cour d’assises de Paris a condamné hier à la prison à perpétuité les trois accusés, ivoiriens et biélorusse, jugés en leur absence pour avoir perpétré en 2004 le bombardement qui avait tué neuf soldats français à Bouaké (Côte d’Ivoire). Introuvables depuis des années, Yury Sushkin, un mercenaire biélorusse, et Patrice Ouei et Ange Gnanduillet, deux officiers de l’armée de l’air ivoirienne, ont été déclarés coupables d’assassinats et de tentatives d’assassinats, a déclaré le président de la cour, Thierry Fusina. Tous trois se sont « attaqués sournoisement » à des soldats français membres d’une force de paix et « avec une préméditation certaine », a-t-il ajouté. Le verdict clôt une longue instruction française et trois semaines de procès. Près de 90 témoins se sont succédé à la barre, des rescapés du bombardement aux anciens ministres français de l’époque.
Ni la justice ivoirienne ni celle de la Biélorussie n’ont répondu aux mandats d’arrêts émis par la justice française à l’encontre des trois accusés. La première a indiqué que les deux officiers ivoiriens, promus au sein de l’armée l’année suivant le bombardement, ne pouvaient être poursuivis pour ces faits en raison d’une loi d’amnistie adoptée en 2007. Selon les autorités ivoiriennes, Ange Gnanduillet est décédé en 2015.
Crise franco-ivoirienne
Le 6 novembre 2004, deux chasseurs, déployés par l’aviation du président ivoirien Laurent Gbagbo pour attaquer les rebelles installés dans la moitié nord du pays, bombardent par surprise un camp de la force de paix française, chargée de faire tampon entre les deux camps. Un choc pour la France : avec neuf soldats français et un civil américain tué, ainsi qu’une quarantaine de blessés, c’est à l’époque l’attaque la plus meurtrière pour son armée en opération plus de 20 ans.
À bord des avions se trouvent des équipages mixtes composés d’officiers ivoiriens et de mercenaires slaves. Ange Gnanduillet et Yury Sushkin ont été identifiés par les enquêteurs parmi les quatre pilotes ou copilotes. Pour l’accusation, Patrice Ouei est considéré « a minima comme l’organisateur de l’opération ». En représailles du bombardement, Paris avait détruit le jour même toute l’aviation militaire ivoirienne, déclenchant une crise inédite avec son ancienne colonie, marquée par de violentes manifestations anti-françaises et le départ de milliers d’expatriés.