La « réa » de Toulon en grève pour une revalorisation de la spécialité
« On fait un mouvement de grève pour que soient revalorisées nos compétences spécifiques liées au fait qu’on travaille en réanimation ». Devant le portail de l’hôpital Sainte-Musse de Toulon, ce vendredi, les blouses bleues des infirmier(e)s et aides-soignant(e)s sont de sortie. La « réa » est en grève. Un mouvement qui ne perturbe cependant pas le fonctionnement du service, tiennent à rassurer Loïc Pigaglio et Ségolène Fontaine, les porte-parole du mouvement.
Au centre des revendications, deux questions : la revalorisation des salaires et la reconnaissance d’un statut.
« En début de carrière, le salaire de base tourne à 1 650 euros pour un infirmier et 1 500 pour un aidesoignant. Le problème, c’est qu’on est dans un service spécialisé mais qu’on n’a pas de revalorisation, s’agace Loïc Pigaglio.
« Avant de commencer le mouvement, on a d’abord rencontré nos médecins, notre encadrement, notre direction et l’ARS, poursuit Ségolène Fontaine. Tous nous ont expliqué qu’à leur niveau, ils ne pouvaient rien faire. Il faut un décret au niveau national. Donc on a contacté les parlementaires, le ministre de la Santé et le président de la République. On a eu des messages des soutiens des parlementaires, mais pas de réponse du ministère, ni de l’Élysée. C’est pour ça qu’on manifeste. »
Demande d’un nouveau statut
Outre la question salariale, les infirmier(e)s et aides-soignant(e)s de réa militent pour une reconnaissance de leur statut particulier... et un niveau de formation qui va avec. « En réanimation, on prend en charge des malades en défaillance multiviscérale, précise Ségolène Fontaine. On a besoin de connaissances pointues et larges sur le corps humain. On utilise aussi des techniques de pointes. On prend aussi beaucoup en charge les familles avec un pronostic vital engagé la plupart du temps. La mort est souvent côtoyée au sein de notre service. »
Depuis le début de la crise sanitaire, la centaine d’infirmiers de réa qui se relaient à SainteMusse voit arriver des renforts dans
leur service mais déplorent que la formation se fasse « sur le tas ».
« On prend huit semaines pour former les collègues qui nous rejoignent, mais d’abord, c’est une charge de travail supplémentaire pour nous, et en plus, il faudrait au moins un an de formation spécifique pour travailler en réa, ajoute Loïc Pigaglio. Autour de l’hôpital toulonnais, le mouvement doit faire tache d’huile et se faire entendre au niveau national. La journée du 11 mai devrait en effet voir quelques dizaines de services de réanimation se mobiliser ensemble dans une forme qui reste à déterminer.