Aux assises, le meurtre d’une mère de famille le jour de Noël
Le 25 décembre 2017, devant ses enfants, Bruno Engler avait poignardé son épouse. Il la soupçonnait depuis des années de le tromper avec un ami.
C’est un tragique cas d’école. Un de trop, comme toujours, qui traumatise à vie une famille entière. Derrière l’effroi, des enfants pour qui Noël n’aura plus jamais aucune saveur. Car le 25 décembre 2017, dans leur appartement de la résidence Mon Paradis à Toulon, les enfants de Dorothée Blondel ont perdu leur mère, poignardée par leur père, Bruno Engler. Thierry et Annie (1), alors âgés de 14 et 15 ans, ont bien tenté de s’interposer pour mettre fin au cauchemar. Mais ils n’auront récolté, dans la lutte, que des coupures aux mains. Et des blessures irréversibles à l’âme. Qu’est-ce qui a pu pousser un mari à un tel acte sur son épouse ? C’est ce que va chercher à découvrir la cour d’assises du Var d’ici mercredi. Mais comme ce fut le cas la semaine dernière lors du procès pour tentative de meurtre sur conjoint de Christ Dhyser (25 ans de réclusion), aucune réponse ne sera véritablement satisfaisante. Plusieurs pistes existent pourtant pour, à défaut de comprendre, expliquer le mécanisme psychologique qui a amené Bruno Engler à d’abord « piquer » son épouse avec une dague avant de lui donner un coup mortel dans l’abdomen avec un couteau de cuisine.
Jaloux à en tuer
De l’enquête menée par la police judiciaire, il ressort ainsi que le meurtrier était jaloux à l’extrême. Depuis 2015, il s’était persuadé que son épouse le trompait avec un ami. Lors d’une soirée, il avait cru voir celui-ci mettre la main aux fesses de Dorothée. Dès lors, il n’avait de cesse de harceler la mère de famille, la sommant de reconnaître son adultère. Le jour des faits, il lui avait posé un ultimatum pour qu’elle avoue, sans quoi il la tuerait. Le tout sur fond de consommation excessive d’alcool, mais aussi de drogue. En garde à vue, Bruno Engler a confessé prendre de la cocaïne le matin pour se réveiller et de l’héroïne le soir pour s’endormir. D’ailleurs, au moment des faits, les analyses ont démontré qu’il était, a minima, sous l’emprise de cocaïne et de cannabis.
Un vétéran atteint de « névrose »
Tout comme Christ Dhyser, jugé il y a trois jours, Bruno Engler était un ancien militaire, passé par le 3e Régiment d’infanterie de Marine de Vannes, puis le 33e Rima de Fortde-France avant de finir sa carrière militaire au grade de caporal-chef au 54e Régiment d’artillerie d’Hyères.
Il avait notamment servi lors d’opérations extérieures durant la guerre de Yougoslavie, où il avait été blessé au bras à la suite d’une projection d’éclats métalliques.
À l’issue de son service, les médecins avaient noté en 2009 une « névrose posttraumatique ».
Est-ce ce trauma psychologique qui serait à la base de sa paranoïa envers l’infidélité supposée, et jamais avérée, de Dorothée ?
Les jurés auront trois jours pour se faire un avis sur cette question et les autres que ce dossier ne manquera pas de soulever.
Bruno Engler, qui encourt la réclusion criminelle à perpétuité, sera assisté par Me Cécile Gondran. Me Thierry Fradet représentera les intérêts de la partie civile.