Var-Matin (Grand Toulon)

Avant Monaco, le Grand Prix internatio­nal du cap d’Antibes

Le saviez-vous ? De 1928 à 1932, le cap d’Antibes a accueilli un circuit automobile semi-urbain internatio­nal très couru. La première course d’une telle ampleur sur la Côte d’Azur.

- M.-C. A. mabalain@nicematin.fr

La scène se passe en 1928, le lundi de Pâques. Sur l’avenue des Pins du Cap, au coeur de la naissante station balnéaire de Juan, des bolides s’alignent sur la ligne de départ. Bugatti, Amilcar, Maserati et autres Salmson... Avec au volant des as, intrépides, comme Louis Chiron, Mario Lepori, Edward Bret, etc. Les moteurs vrombissen­t. Dans les tribunes pleines à craquer, les spectateur­s applaudiss­ent. Et, les fauves sont lâchés ! Le vainqueur, Louis Chiron, franchira la ligne d’arrivée, 4 heures et des poussières plus tard après avoir signé 75 tours.

Le premier Grand Prix internatio­nal du cap d’Antibes et de Juanles-Pins démarre sur les chapeaux de roues ! C’est un succès. Organisé par l’Automobile Club d’Antibes-Juan-les-Pins avec le soutien du magazine L’Auto et de L’Éclaireur de Nice et du Sud-Est, ce GP, devenu Circuit internatio­nal du cap d’Antibes pour sa dernière édition, tiendra la route jusqu’en 1932.

Circuit accidenté

Il faut dire que c’était la toute première course d’une telle ampleur organisée sur la Côte d’Azur. De type Formula libre, il autorisait les suraliment­eurs et les carrosseri­es diverses et variées. Le départ était donné à Juan, qui comptait surtout des villas, et le circuit traversait le cap. Il faut imaginer l’endroit à l’époque ! Avec peu de constructi­ons, des routes improbable­s, et surtout des pinèdes, des rochers et la mer à perte de vue. Le circuit accidenté, avec un fort dénivelé, faisait 4 kilomètres de distance. Spectacle assuré ! Les pilotes devaient accomplir 75 tours pour un total de 305 kilomètres. On comptait nombre d’abandons pour boîte de vitesses cassée. En 1928, le Monégasque Louis Chiron, vainqueur avec sa Bugatti 35 C, a bouclé la course en 4 h 10 min 43 s. Soit une vitesse moyenne de 73 km/h !

Tribunes pleines à craquer

L’événement était très couru. Les tribunes, dressées sur 500 mètres de long, près du poste de chronométr­age, le long de la ligne droite de l’avenue des Pins du Cap, étaient pleines à craquer. De là, on pouvait aussi suivre les voitures virer sur Bacon. La presse de l’époque estime à plus de 5 000 le nombre de spectateur­s, tout autour du circuit.

En 1932, fin, hélas, de la grande aventure. Pour la dernière édition, la course est ramenée à 25 tours. Dramatique épilogue : le pilote britanniqu­e Marcel Lister et sa Maserati s’écrasent contre un mur. La voiture se retourne. Il meurt sur le coup. Mais, c’est le succès grandissan­t d’un certain Circuit de Monaco, créé en 1929 et ancêtre du Grand Prix de Monaco, qui a mis fin à la belle aventure. Ainsi qu’à d’autres courses régionales. Reste le souvenir de ce GP 100 % antibois, immortalis­é notamment par le livre de Paul Maurt et Robert Maire, Juan Passion (éditions Gismondi), riche de photos incroyable­s.

 ?? (DR) ?? La superbe affiche officielle du Grand Prix d’Antibes de . On la doit à l’illustrate­ur Alexis Kow.
(DR) La superbe affiche officielle du Grand Prix d’Antibes de . On la doit à l’illustrate­ur Alexis Kow.
 ?? (DR) ?? Sur le boulevard Bacon, les bolides négocient le redoutable virage en épingle de l’avenue de Jonquet.
(DR) Sur le boulevard Bacon, les bolides négocient le redoutable virage en épingle de l’avenue de Jonquet.

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