Var-Matin (Grand Toulon)

Alpine, du bleu plein les yeux

Alain Prost, conseiller spécial d’Alpine : « Tout le monde va nous regarder »

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Championne du monde des rallyes en 1973 avec la mythique Berlinette, sacrée sur les 24 Heures du Mans en 1978, la célèbre firme normande rattachée au groupe Renault est désormais en quête de victoire en F1. Avec l’expériment­é Fernando Alonso et le Français Esteban Ocon aux volants des A521, Alpine espère briller ce week-end. À domicile.

Évidemment, on pourrait en écrire des kilomètres et, même, nous étaler sur une longueur frôlant celle de l’interminab­le ligne droite du Mistral. Bien sûr, on pourrait s’attarder sur le triplé au rallye Monte-Carlo de 1973, ou encore s’éterniser sur la victoire aux 24 Heures du Mans en 1978. Forcément, on pourrait vous raconter le col du Turini, la ligne droite des Hunaudière­s, et tous ces lieux mythiques où ses concurrent­es en ont vu de toutes les couleurs. Mais pour rester sur les couleurs, on s’est justement dit qu’une seule nuance vaudrait bien des mots et qu’elle suffirait simplement à tout résumer. Oui, Alpine est de ces monuments de l’histoire automobile qui, à l’image de Ferrari et de son fameux rouge, tiennent tout bonnement en une seule teinte.

Encore un peu de patience

Ce bleu qui a construit la légende des Berlinette­s. Ce bleu, qui rappellera peutêtre de mauvais souvenirs aux chauffards rattrapés par d’heureuses patrouille­s sévissant d’abord en A110, avant de réprimande­r en A310. Ce bleu, qu’un certain Bernard Darniche est allé jusqu’à imposer à Lancia parce qu’il n’arrivait pas à oublier sa mythique Berlinette. Ce bleu enfin, qui arrive cette semaine au Paul-Ricard avec les monoplaces de Fernando Alonso et, surtout, d’Esteban Ocon. Deux pilotes qui joueront à domicile sur le tracé varois, et deux casques vers lesquels se porteront bien des regards. Avec des rêves bleus forcément, mais des rêves de podium plus que de victoire. Car il faut se faire une raison, le bleu est encore un peu pâle. Pas assez vif, c’est certain, pour en faire voir de toutes les couleurs à la concurrenc­e sur cette fameuse ligne droite du Mistral. Mais patience, la légende refait tout juste surface.

‘‘ J’ai toujours aimé la pression. Même quand j’en avais avec Ayrton (Senna)... ”

Grand amateur de football, Alain Prost ne savait sans doute pas qu’il dirigerait un jour les Bleus. Pas ceux de Didier Deschamps, bien sûr, mais une sorte d’équipe de France de F1 avec cette Alpine motorisée par Renault et pilotée par le Normand Esteban Ocon. Un pilote qui joue à domicile ce weekend. Comme Alpine, comme Alain Prost.

Vous avez récemment déclaré qu’au cours de votre enfance, vous rêviez plutôt d’une carrière de footballeu­r. Vous voilà à la tête des Bleus, un peu dans la peau d’un sélectionn­eur. Est-ce une immense fierté, non ?

On ne va pas aller jusque-là, et c’est un rôle différent (rires). Mais c’est vrai que l’on représente un peu la France en F et on doit toujours rester fiers de ça. Maintenant, je crois que le plus important, c’est l’engagement de la marque. Ça fait  ans que Renault (aujourd’hui sous le nom d’Alpine) est en F et de mon côté, je fête cette année le quarantièm­e anniversai­re de ma première victoire (le  juillet ), obtenue au volant d’une Renault à moteur turbo et sur le Grand Prix de France à Dijon Prenois. Alors revenir en France et revoir ce Grand Prix, qui n’a pas eu de chance la saison dernière, me rend très heureux. Ça fait plaisir de pouvoir revenir ici.

Sur un circuit que les pilotes Alpine connaissen­t paradoxale­ment assez peu. Fernando Alonso explique n’avoir couru qu’une fois dans le Var, et Esteban Ocon n’a fait qu’un tour en course lors du GP de France . Est-ce une faiblesse pour eux et donc pour Alpine ?

Non, parce que ce n’est pas un circuit compliqué. Le pilote qui arrive pour la première fois à Monaco en F par exemple, pour lui, c’est très compliqué. Mais nous sommes là sur un circuit très convention­nel. Et après quelques tours, ils l’auront en tête. Honnêtemen­t, ce n’est pas un sujet.

Du côté de la voiture, certains observateu­rs, comme Olivier Panis, voient l’Alpine briller ce week-end en rappelant qu’elle est plus à son aise sur des circuits qui présentent l’avantage d’être plat. Partagez-vous

l’avis de Panis ?

Même s’il est vrai que l’on est de retour à un niveau plus conforme à nos ambitions, je suis toujours assez prudent sur ce genre d’annonce. D’autant plus que cette saison, on a eu des moments de performanc­es sans forcément bien les comprendre. Vous savez, l’utilisatio­n des pneumatiqu­es est très compliquée. C’est très fin. Et c’est très difficile de savoir où l’on va se retrouver en fonction de cette utilisatio­n. On restera dans la bagarre au milieu. Mais de là à dire que l’on va franchir un cap parce que c’est le grand prix national...

Un grand prix national avec un surplus de pression ?

Bien sûr, mais pour moi la pression est quelque chose de normal et même de nécessaire. J’ai toujours aimé la pression. Quand j’en avais avec Ayrton (Senna) notamment, j’ai toujours apprécié. Alors oui, tout le monde va nous regarder, mais c’est une pression qui est normale et qui doit être utile. Elle doit motiver, et ne surtout pas nous freiner.

Tout le monde vous regardera aussi parce que l’écurie française dont vous êtes le conseiller porte un nom mythique. Comment résonne ce nom d’Alpine dans votre coeur ?

Ah… Ce sont mes premières années de passion. J’ai fait des heures de mobylettes pour aller voir Bernard Darniche passer le col du Granier (dans le massif de la Chartreuse) sur la neige avec sa Berlinette. Pour notre génération, Alpine, c’est toute histoire. Et on est en train d’essayer de la faire vivre à une autre échelle aujourd’hui. Au niveau mondial. Si comme on le dit souvent, une Alpine est bleue, Alpine ne peut justement pas rester seulement bleu. Il faut faire connaître la marque au niveau mondial.

Cette passion qui vous anime quand on vous parle d’Alpine, vous la percevez chez vos pilotes ? Alpine est un nom que Fernando Alonso et Esteban Ocon voient avec un regard particulie­r ?

Il y a un vrai attachemen­t à la marque. Je le vois d’ailleurs dans leur rapport à la voiture de série (la nouvelle Alpine A commercial­isée depuis trois ans). Ils ont un vrai intérêt pour cette auto. C’est très, très sensible.

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