Var-Matin (Grand Toulon)

« Elle vivait avec une certaine angoisse »

- E. C. ET J.-M. G.

Au Plan-de-la-Tour, une chape de plomb semble peser sur le village, déjà écrasé par les températur­es caniculair­es de ces derniers jours. Le décès tragique de la jeune femme ? On en parle bien sûr... mais entre Plantouria­ns. Les discussion­s deviennent plus discrètes en présence « d’étrangers ». Et quand on pose des questions, le ton devient parfois agressif : « Vous n’avez que ça à faire, les journalist­es ? Vous pouvez partir, on n’a rien à vous dire ! » lance un retraité, le regard noir. On sent des habitants choqués au lendemain du drame, mais aussi dépassés par le déferlemen­t médiatique qui a entouré la fuite de Marc Floris et sa résistance face aux gendarmes.

« Rassurée qu’il soit reparti chez lui »

A contrario, « moi, j’ai été rassurée d’apprendre qu’il était reparti chez lui, à Gréolières. Je ne me serais pas sentie en sécurité s’il était resté

dans le coin », reconnaît une commerçant­e de la rue principale, parmi les rares à vouloir s’exprimer.

Plusieurs de ses proches, venus hier déposer des fleurs à l’endroit où elle a perdu la vie, acceptent en revanche de témoigner : «Doriane était une femme travailleu­se, au service des plus fragiles, gentille, toujours souriante et aussi franche de caractère. Elle ne laissait pas indifféren­ts ceux qui la croisaient. C’était une mère aimante de sa fille de 11 ans au point de l’appeler toutes les 30 minutes pour lui dire je t’aime. »

Une relation toxique

L’aide à domicile était restée en bons termes avec le père de leur fille après la séparation. Mais elle semblait entretenir une relation toxique avec Marc Floris : «Ils étaient proches mais elle ne voulait pas s’engager plus, confie l‘une de ses meilleures amies. Durant les quelques mois de leur relation, il lui avait posté des dizaines et des dizaines de messages, à la frontière du harcèlemen­t pour elle. Mais ce n’est que dernièreme­nt qu’elle a commencé à s’inquiéter. »

Doriane s’était en effet confiée à une amie, racontant une promenade en forêt avec son futur meurtrier. Celui-ci avait sorti une arme, qu’il conservait dans sa voiture, et proposé à la jeune femme de s’amuser à tirer. Décidée à sortir de cette relation, elle vivait depuis avec une certaine angoisse. À la veille du drame, avait-elle annoncé à Marc Floris son intention de le quitter ?

Une jeune femme implantée dans le village

Le maire, Laurent Giubergia, se rappelle que l’auteur des faits a travaillé pour la commune : «Il bossait chez Eurovia qui avait remporté le marché pour refaire la piste des Martin, sur 2,5 km. C’est le jeune qui conduisait la niveleuse. Quant à la victime, je ne la connaissai­s pas particuliè­rement. Je sais qu’elle faisait de l’aide à domicile chez un retraité qui habite justement sur la piste, là-haut. Du coup, je pense que c’est là qu’ils ont dû se connaître. »

« Doriane, poursuit le maire, était une femme très appréciée, douce, calme. Je pensais qu’elle n’avait pas de famille ici car je la voyais tout le temps seule alors qu’en fait, le jour du drame malheureus­ement, on a vu arriver une dizaine de proches, parents, anciens copains... Son frère aussi qui, apparemmen­t, habitait dans la même résidence. C’est là qu’on a vu qu’elle était vraiment implantée dans le village. »

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(Photo DR) Doriane Ragon et Marc Floris, quatre jours avant les faits.

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