Var-Matin (Grand Toulon)

« Il faut déconstrui­re ce système patriarcal et cela passe par l’éducation »

- E. G.

Alexia Dominey est la coordinatr­ice départemen­tale du collectif #NousToutes, dans les AlpesMarit­imes, qui mène des actions de prévention, de sensibilis­ation et d’éducation contre les violences sexistes et sexuelles.

Que vous inspire ce nouveau féminicide ?

De la tristesse et du dégoût, mais aussi beaucoup de ras-le-bol par rapport à l’inaction du gouverneme­nt et au manque de moyens pour lutter contre les violences faites aux femmes, malgré ce que les associatio­ns ne cessent de dénoncer. À la suite du Grenelle des violences sexistes et sexuelles en , des choses ont été annoncées. Le Président Macron avait promis de consacrer une bonne partie de son quinquenna­t à cette cause mais les choses tardent à se mettre en place.

Que faudrait-il selon vous pour venir à bout de ce fléau ? Il faudrait un véritable plan de sensibilis­ation dans les établissem­ents scolaires mais aussi dans les lieux où les victimes se présentent, comme les commissari­ats et les gendarmeri­es. Car aujourd’hui encore, trop de femmes se voient refuser leur plainte. Il faudrait davantage de moyens alloués à la justice dont les délais d’instructio­n sont beaucoup trop longs. Nombre de situations pouvant mener à des féminicide­s ne sont pas suffisamme­nt prises au sérieux.

Malgré la libération récente de la parole ?

C’est bien, mais cela ne suffit pas. On ne changera pas des mentalités ancrées depuis des dizaines d’années sans un véritable effort d’éducation et de sensibilis­ation. Comme cela a été fait par exemple en matière de sécurité routière. Aujourd’hui, dès le collège, tous les élèves passent un brevet d’initiation à la sécurité routière. Pourquoi ne pas envisager de faire la même chose pour éduquer dès le plus jeune âge à la constructi­on d’une relation de couple qui ne soit pas basée sur un rapport de domination et arrêter de sexualiser le corps des femmes. C’est le plus gros enjeu : il faut déconstrui­re ce système profondéme­nt patriarcal. Et cela passe par l’éducation.

En attendant ?

Il faut mieux tenir compte, notamment au niveau judiciaire, de cette notion d’emprise qui fait que le bourreau est le seul repère pour ces femmes victimes. Trop souvent encore on parle de conflit de couple alors qu’il s’agit clairement d’un rapport de domination. Il faut pouvoir s’en extraire et cela soulève généraleme­nt des questions auxquelles, souvent, seules les associatio­ns tentent de répondre. Parce qu’il y a trop peu d’hébergemen­ts d’urgence, que lorsqu’il y en a un il est vide, que cela ne règle pas le problème de savoir comment on assure la sécurité d’une victime… Ce devrait être aux pouvoirs publics d’apporter des réponses. Mais aujourd’hui, ce sont les bénévoles des associatio­ns qui pallient le manque de solution concrète sur le terrain.

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