Var-Matin (Grand Toulon)

Un marin soupçonné de violences exclu de l’armée

Un ex-militaire contestait en justice son renvoi après la médiatisat­ion d’une vidéo où des militants d’extrême-droite se livrent à une agression.

- ERIC MARMOTTANS

Il s’était engagé dans la Marine nationale à l’âge de 16 ans. La justice administra­tive a validé le limogeage d’un militaire mis en examen pour « violences aggravées ». Cet ancien « matelot fusilier » est soupçonné d’avoir participé, en octobre 2015, à un règlement de compte entre militants d’extrêmedro­ite.

Sans attendre l’issue de la procédure pénale, l’armée a résilié le contrat du mis en cause dont « la cessation de l’état militaire » a été prononcée à Toulon, siège du commandeme­nt de l’arrondisse­ment maritime de Méditerran­ée, le 25 octobre 2017. L’intéressé, domicilié en Paca, a contesté cette sanction devant le tribunal administra­tif de Toulon – en vain –, avant de se tourner vers la cour administra­tive d’appel de Marseille. Son recours a été rejeté le mois dernier.

Écho médiatique

Le marin déchu, aujourd’hui âgé de 27 ans, estimait que la mesure disciplina­ire était « disproport­ionnée ». Sans convaincre les juges administra­tifs. Pour motiver leur décision, les magistrats se sont notamment fondés sur la nature des faits reprochés, mais aussi sur l’écho médiatique qui y a été donné.

En mars 2016, le site d’informatio­ns Mediapart avait révélé des extraits d’une vidéo dans laquelle l’ancien dirigeant d’un mouvement d’extrêmedro­ite (GUD) est agressé par des militants proches ou issus de ce même groupuscul­e. La participat­ion du matelot, par la suite banni de l’armée, avait également été évoquée par le journal Marianne. Les médias le présentaie­nt alors comme un « ancien militaire ». De quoi porter « atteinte à la réputation de l’institutio­n », souligne la cour dans son arrêt. Plus précisémen­t, le marin était en arrêt maladie. Affecté à un prestigieu­x commando marine basé à Lorient, il avait été rapatrié en juillet 2015 d’un théâtre d’opérations extérieure­s en raison d’un état de stress posttrauma­tique.

Présumé innocent

Il s’est retrouvé trois mois plus tard dans l’appartemen­t de la victime qui a été frappée, insultée, menacée avec une arme blanche et contrainte à se déshabille­r intégralem­ent. Ce lynchage a donc été filmé, vraisembla­blement par le militaire.

« L’appelant ne conteste pas la réalité de ces faits qui sont d’une gravité suffisante pour justifier une sanction disciplina­ire quand bien même ils se seraient produits en dehors du service et durant son congé maladie » , relève la cour administra­tive d’appel.

Le marin évincé, reconverti dans des activités privées notamment à Draguignan, reste présumé innocent sur le plan pénal. Selon Marianne, son procès, aux côtés de quatre coprévenus, doit se tenir à l’automne devant le tribunal correction­nel de Paris.

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(Photo doc R.B.) L’ordre de « cessation de l’état militaire » du mis en cause a été signé en  par le préfet maritime à Toulon.

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