L’affaire Hélène Pastor rejugée en appel à partir d’aujourd’hui
L’assassinat de la milliardaire monégasque à Nice revient devant la justice : d’un côté, l’imprévisible gendre, commanditaire présumé, condamné à perpétuité en première instance ; de l’autre, le fils.
Le 6 mai 2014, Hélène Pastor, 77 ans, et son chauffeur égyptien Mohamed Darwich, 63 ans, étaient mortellement blessés par balles, devant l’hôpital de Nice où elle était venue de rendre visite à son fils, Gildo, victime d’un AVC. Ce crime avait secoué la tranquille principauté de Monaco dont Hélène Pastor était une des plus grosses fortunes, héritière d’un empire immobilier estimé à 12 milliards d’euros. Wojciech Janowski, compagnon de sa fille Sylvia et exconsul honoraire de Pologne à Monaco, a été condamné en première instance en 2018 à la perpétuité.
Janowski aurait voulu une partie de l’héritage
Aujourd’hui âgé de 72 ans, en détention provisoire depuis plus de sept ans, après deux reports du procès en appel, « il va plaider non coupable », a insisté son avocat, Me Jean-Jacques Campana. Objectif : « Amener les jurés à se poser des questions sur les éléments matériels du dossier, malgré (les) aveux » initiaux de son client.
« On attend avec intérêt le positionnement de Wojciech Janowski, car avec lui, il faut s’attendre à tout, on n’est pas à l’abri d’un revirement » ,a commenté Me Gérard Baudoux, avocat de Gildo Pallanca Pastor. « Est-ce qu’il va tout nier ? Nier à moitié ? Sa crédibilité, c’est terminé » ,a embrayé Me Jean-Robert Phung, avocat de Pascal Dauriac, le coach sportif que Janowski aurait chargé d’organiser les crimes.
Car le principal accusé, décrit comme un manipulateur, n’en est plus à une volte-face près. Après avoir avoué en garde à vue, il s’était rétracté lors du premier procès, expliquant que ces aveux lui avaient été « extorqués » par les policiers. Puis ce fut le spectaculaire coup de théâtre de son avocat de l’époque, Me Éric Dupond-Moretti, en 2018 : « Wojciech Janowski est coupable d’avoir commandité l’assassinat d’Hélène Pastor. Ces mots que vous attendiez de lui sortent de ma bouche ». Quelques mois plus tard, le commanditaire présumé avait attaqué Me Dupond-Moretti, aujourd’hui ministre de la Justice, pour avoir plaidé coupable contre son gré. Pour l’accusation, le mobile a toujours été l’argent : au bord du gouffre, Wojciech Janowski aurait voulu s’approprier une partie de l’héritage. « On va combattre le mobile financier car des actes notariés spécifient que rien ne revenait à Janowski », prévient Me Campana. Dans un entretien à Paris Match jeudi, le fils Gildo oriente pour la première fois ses questions vers sa demisoeur Sylvia, qui partagea la vie de Wojciech Janowski pendant 28 ans sans jamais se marier avec lui.
« Sylvia n’en avait que pour son argent »
« L’enquête a-t-elle été poussée jusqu’au bout ? Ma mère et ma soeur se disputaient au bureau chaque jour. (...) Ma mère se plaignait d’être une vache à traire. Sylvia l’appelait la vieille, elle n’en avait que pour son argent », lâche le fils, aujourd’hui consul de Monaco à New York, s’interrogeant sur la « duplicité » de sa soeur.
Il dit « devoir la vérité à sa mère », maintenant que son AVC est derrière lui. Il a musclé son équipe d’avocats avec le célèbre pénaliste Thierry Herzog. Mais Sylvia Ratkowski-Pastor elle aussi « attend la vérité », assure son avocat, Me Dominique Mattei. Lors du procès, prévu jusqu’au 19 novembre à Aixen-Provence, Wojciech Janowski sera rejugé avec quatre autres protagonistes présumés. Trois ont fait appel de leurs lourdes condamnations : Samine Saïd Ahmed, accusé d’avoir tiré, et Al- Haïr Hamadi, le guetteur présumé, qui avaient été condamnés à la perpétuité ; et Pascal Dauriac, condamné à 30 ans de réclusion. Ce dernier est le seul à avoir reconnu sa participation et reste le principal accusateur de Wojciech Janowski, qui lui aurait ordonné de faire tuer la milliardaire et d’organiser le vol de son sac pour faire croire à un crime crapuleux.
Omer Lohore, un proche du guetteur, acquitté en première instance, comparaît après un appel du parquet général.