Var-Matin (Grand Toulon)

L’innovation au service de sa majesté la reine

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Si l’apiculture est une activité séculaire, elle n’en reste pas moins ouverte au progrès et sa survie y est même fortement liée. C’est en effet de l’innovation que proviennen­t certaines solutions destinées à protéger les abeilles. Nous en avons retenu trois, en développem­ent ou déjà opérationn­elles.

■ La localisati­on participat­ive des frelons asiatiques

Si la gestion des espèces exotiques envahissan­tes est conduite par les collectivi­tés qui en ont la délégation, celles-ci peuvent s’appuyer sur des entreprise­s privées. Parmi elles, Bees for life, portée par une équipe de passionnés de la protection de l’abeille et de l’usage des nouvelles technologi­es. En 2019, la startup avait été choisie par la communauté de commune du Golfe de Saint-Tropez pour mener la lutte contre l’envahisseu­r. Une plateforme interactiv­e qui permet aux particulie­rs, profession­nels, ou encore associatio­ns de signaler la présence de frelons asiatiques sur le territoire d’une commune et de mettre en oeuvre les actions nécessaire­s. La première consiste à localiser le nid. Bees for life procède grâce à un drone, qui survole une zone de quelques centaines de mètres proche de ruches touchées par le frelon ou de lieux où il a été vu. Une fois localisée, la source peut ainsi être traitée.

■ Une ruche connectée pour mieux prendre soin de ses occupantes

Des capteurs et une appli pour observer les données collectées. Voilà en résumé comment fonctionne­nt les ruches connectées. Plusieurs entreprise­s en ont développé ces dernières années. BeezBee, Label Abeille ou encore HoneyInstr­ument, le système de balance créé par l’Azuréen Guillaume Hugues. Les unes permettent de compter les abeilles ou de peser les ruches ;

les autres de mesurer la lumière, la températur­e ou l’humidité dans l’abri.

Bien sûr, l’objectif de ces outils, bien éloignés de simples gadgets, est d’abord de faciliter le travail des apiculteur­s. Ceux-ci peuvent ainsi interpréte­r les données recueillie­s et agir en conséquenc­e. Gain de temps et optimisati­on du rendement sont ainsi au rendez-vous. Mais les avantages des ruches connectées sont aussi au profit des abeilles elles-mêmes, permettant un meilleur entretien de l’essaim. Label Abeille affirme par exemple avoir observé que l’utilisatio­n de la ruche connectée faisait diminuer de 40 % le taux de mortalité des butineuses.

■ Des enzymes pour lutter contre les pesticides

Les pesticides et insecticid­es représente­nt la menace la plus directe pour les pollinisat­eurs et les abeilles. On a notamment beaucoup entendu parler des néonicotin­oïdes, ce pesticide dit « tueur d’abeille ». Interdit depuis 2018, il a de nouveau été autorisé à partir de février 2022 et pour une durée de 120 jours dans les champs de betteraves sucrières. La sortie définitive des néonicotin­oïdes est tout de même prévue pour 2024. D’ici là, une équipe de chercheurs américains a peutêtre mis le doigt sur une solution permettant de protéger les abeilles de ces pesticides : une enzyme qui, absorbée par les butineuses, les immunisera­it. C’est James Webb, un ingénieur en biologie et environnem­ent, qui a travaillé à ces molécules encapsulée­s dans des microparti­cules lors de ses études à l’université de Cornell et les a développée­s avec sa start-up : Beemmunity.

S’il prévoit d’abord une phase de test sur 240 ruches, le chercheur entend bien déployer sa technologi­e aux États-Unis dès cette année, puis en Europe en 2023.

Il plaide toutefois davantage pour une réduction radicale de l’usage des pesticides. En effet, si l’innovation de James Webb permet une protection des abeilles, il est impossible de l’inoculer à l’ensemble de l’espèce.

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