Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Gil Marsalla, Anne Carrère : la Môme dans la peau...

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Un jour. Oui, un jour, il aurait son spectacle au Carnegie Hall. Il s’était dit ça, Gil Marsalla, le môme du quartier du port de Nice. Né il y a 47 ans, dans une famille de musiciens. Il s’était dit ça, le Niçois, devenu patron de Directo Production­s, acteur incontourn­able de l’animation culturelle et musicale dans le SudEst. Et c’était le jour J. Il est 18 heures et des brouettes. Les couloirs, majestueux, et la scène, magnifique­ment imposante du Carnegie Hall, n’ont déjà plus de secrets pour lui. Le Niçois à New York les arpente depuis des heures. Excité? Beaucoup. Anxieux? Aussi... Dans un peu plus d’une heure, son spectacle va débuter... Sold out !Ilenest le producteur et le réalisateu­r...

Pourquoi le Carnegie Hall ?

Parce que c’est une salle mythique ! Mondialeme­nt connue. Au fur et à mesure que le spectacle Piaf se développai­t, j’y pensais comme un aboutissem­ent. En janvier 2015, j’ai pris le risque de faire un showcase à l’Hilton de New York. Après, tout s’est enchaîné. Et le faire en janvier 2017 dans le Carnegie Hall, 60 ans quasiment jour pour jour après Piaf, c’était le moment ou jamais... On m’a dit : « Vous êtes prêt à dépenser beaucoup d’argent ? ». J’ai répondu : « Oui, je veux faire le Carnegie Hall ». On m’a répondu : « Vous êtes fou » (rires).

Et la salle est pleine !

Ce sont les places les plus chères qui sont parties en premier ! En 15 jours, plus rien. On aurait pu en vendre encore des centaines à ce prix-là.

Comment expliquez-vous le succès de Piaf à New York?

C’est une ville très culturelle. La génération qui a connu Piaf a transmis à la jeune génération. Les GI’s, les premières notes qu’ils ont entendues en débarquant, c’est du Piaf... ils ont ramené ça au pays. Et puis, il y a eu le second souffle avec le film La Môme avec Marion Cotillard.

Le spectacle a déjà triomphé partout dans le monde et ce n’est pas fini...

Au Brésil, on a fait 25 concerts à guichets fermés. On a été en Argentine, en Pologne, en Espagne, en Italie, au Canada, en Hongrie, en Slovaquie, en Écosse, au Chili ! Piaf est universell­e. La première rockeuse de l’histoire de la musique. Une icône !

La première représenta­tion ?

C’est drôle, c’était dans le quartier Pasteur à Nice. De Pasteur à New York ! J’adore ça, ce contraste. Et de New York à Neuilly-Saint-Front (dans l’Aisne), notre prochaine date. C’est un show qui peut s’adapter aux petites comme aux grandes salles.

Vous faites quelque chose de particulie­r avant chaque représenta­tion ?

Avant qu’Anne ne parte sur la scène, je lui tiens les épaules et elle se relâche sur moi, ça la détend. On fait ça à chaque spectacle.

Aznavour, Les Choristes ”

D’autres spectacles en cours ?

Le spectacle Paris continue sa tournée. Au Quebec, à Madrid, à Barcelone... C’est un hommage aux grandes chansons d’après-guerre. Piaf, bien sûr, mais aussi Maurice Chevalier, Brel ou encore Charles Aznavour…

Aznavour, aussi l’un de vos spectacles...

Il est aussi connu que Piaf à l’étranger. Le spectacle s’appelle Formidable ! Le chanteur, Jules Grison, est cannois, il était déjà dans Paris. La première se tient à Contes le 28 janvier à 20 h 30.

Des projets ?

Oui avec les petits chanteurs de Saint-Marc, qui ont prêté leur voix pour le film Les Choristes...

Ça s’est bien passé ? «Oh oui, enfin... je crois, non ? », lâche Anne Carrère, installée sur le canapé de sa chambre d’hôtel de Manhattan, à deux pas du Carnegie Hall, où, la veille, elle a chanté Piaf. La Varoise de 31 ans, installée à Puget-Ville, s’est réveillée tôt. Couchée tard. Après un show... « hors du commun ». « Le Carnegie Hall, c’était la consécrati­on de deux ans de tournée, mais aussi un concert charnière. Il amène à l’après, le reste de la tournée. » Elle fronce les sourcils :«Et c’était un concert particulie­r aussi. Avec les Américains, tu n’as pas le droit de te louper, moins qu’ailleurs en tout cas ». Une pause. Elle s’agite. Sa façon d’être. «Je crois que je les ai embarqués avec moi », ose-t-elle, en faisant une jolie mimique. « Dès le premier morceau, ça a applaudi, c’est rare, d’habitude ça commence plus tard, à la troisième chanson. » Elle apprécie. Savoure. Fière. Elle peut. Son papa et sa maman étaient aussi dans la salle pour applaudir leur môme... De quoi la combler encore plus. Anne Carrère parle comme elle chante. Avec son coeur. Son corps. Avec ses tripes. Elle mêle séduction involontai­re et spontanéit­é touchante. Oscille entre maîtrise parfaite et rigolos laissers-allers. «J’adore les moments où je joue avec le public », dit-elle. Ça se voit. «Quand je fais monter sur scène un homme pour la dernière chanson, Milord, j’ai eu tous les cas de figure : celui qui est pétrifié et qui ne bouge pas un orteil, celui qui se prend un fou rire, alors je ris aussi… Et puis, le genre comme hier soir. Et ça, c’est la première fois que ça m’arrive», badine-t-elle. Un New-Yorkais particuliè­rement démonstrat­if. Pour ne pas dire... libidineux. Anne éclate de rire : «Ça ne se voit pas, mais j’étais sur le quivive, prête à réagir ». Elle ferme les yeux. Se remémore cette soirée extraordin­aire. « C’est L’Hymne à l’amour que je préfère chanter sur scène. Pourtant, ce n’est pas ma chanson préférée de Piaf, c’est Paris que j’aime. Cette chanson me parle, alors que pourtant je n’y ai jamais vécu. » Pourtant, Anne Carrère a bourlingué. Douée, éclectique. Fantaisist­e. Acharnée. Travailleu­se. Et bigrement indépendan­te. Avant Piaf? Elle a eu plusieurs vies. La chanson, les études... Une

Je les ai embarqués avec moi ”

associatio­n loi 1901 pour organiser des spectacles, de la musique : du piano en passant par la flûte traversièr­e, du théâtre... « Et même du break dance», sourit la jeune femme. « J’ai aussi un CAP esthétique, j’ai remporté le premier prix d’un concours national de maquillage artistique. Ça m’a permis de partir un mois en formation à Strasbourg. Ça m’a beaucoup aidée pour mes spectacles », explique-t-elle. Mais c’est le chant qui l’emporte. Pour l’instant. Sait-on jamais... « À 12 ans, à mon premier cours de chant, on m’a proposé de faire du lyrique, j’avais la puissance vocale. Mais j’ai choisi la variété, j’aime la chanson française. J’ai été choriste de Dave pendant six ans. Six belles années, j’avais même un duo sur scène avec lui à l’Olympia. C’était chouette, confortabl­e. » Mais Anne, c’est aussi un grand coeur. Avec une énergie hors du commun. « J’ai fait beaucoup de prestation­s dans les maisons de retraite ou des concerts caritatifs pour des enfants qui avaient des maladies orphelines. » Elle ne se souvient plus combien de fois elle a joué le show de Piaf. « Non, je n’ai pas compté. Je me souviens d’instants particulie­rs, de moments, des choses qui ressortent plus que d’autres sur des tournées. » Mais, le Carnegie Hall, elle s’en souviendra. « J’ai pleuré. »

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