L’Europe leur va si bien

Incroyables Toulonnais, toujours là où on ne les attend pas. En grandes difficultés à l’heure de jeu face à Sale et déjà prêts à quitter l’épreuve continentale, les voilà en ballottage très

Ecornée l’an passé au stade des quarts de finale, l’idylle européenne du RCT n’est peutêtre pas terminée. Ainsi en ont décidé les Rouge et Noir, dimanche ! En ballottage défavorable à la pause et repartis comme en 40 au coup de sifflet final au prix d’une énorme réaction d’orgueil. De possibles éliminés, les Varois sont directement repassés au statut de probables qualifiés. Voilà la bonne nouvelle de cette 5e journée de Champions Cup qui a encore réservé son lot de surprises et bien servi les intérêts du RCT. Aide-toi, le ciel t’aidera dit l’adage... Tout s’est si bien goupillé ce week-end que la qualification du RCT pour un nouveau quart ne relève même plus d’un exploit et d’une victoire obligatoire chez les champions en titre des Saracens... Tournez les chiffres comme vous voulez, le RCT n’est plus qu’à un point du bonheur et pourra même peutêtre s’en passer si Montpellier et Exeter (2es des poules 4 et 5) ne parviennent pas à gagner leur dernier match (à domicile face à Northampton et en déplacement à Clermont) avec le bonus offensif. Il serait toutefois déraisonnable de se déplacer à Londres avec la seule ambition de décrocher un point de bonus défensif. Voilà pourquoi les Rouge et Noir évoquent encore une finale à jouer même si ce match au sommet ne sera plus forcément éliminatoire. En dehors des cinq points tombés du ciel au-delà du temps réglementaire, mais finalement bien mérités compte tenu des bâtons que l’arbitre irlandais s’est efforcé de mettre dans leurs roues, que faut-il retenir de leur nouvelle prestation sur courant alternatif face à Sale ? Qu’ils sont encore en phase de construction, c’est une évidence, vu les nombreuses scories et même faiblesses qui émaillent encore leur jeu. Mais surtout qu’ils ne sont pas résolus à rentrer dans le rang ! Pour relativiser les problèmes actuels que rencontre encore son équipe, Mourad Boudjellal se réfugie derrière l’idée « vérifiée » que les champions, à la fin, ne sont jamais ceux qui caracolent au mois de janvier. Et surtout, il rêve plus que jamais aujourd’hui de retrouver bientôt l’intégralité de son effectif pour aligner enfin son équipe type. Ebloui par les rentrées de Matt Giteau, Juanne Smith, Josua Tuisova, Mamuka Gorgodze, voire Jonathan Pélissié qui s’est lui aussi relancé, le président compte plus que jamais sur ses stars, même vieillissantes, pour retrouver la recette du succès. Il est vrai que la démonstration de force du banc toulonnais a redonné de vraies raisons d’espérer au RCT. On ne peut évidemment passer sous silence les énormes tampons distillés par Juanne Smith et Mamuka Gorgodze et Tuisova à leur entrée sur le pré. Mais audelà de la force pure, indispensable pour repartir de l’avant, la prestation tout en justesse et en vivacité de la charnière « remplaçante » a clairement pesé sur l’issue du match. Jonathan Pélissié a incontestablement marqué des points à la mêlée, et pas seulement sur son essai. Quant à Giteau dont on attendait déjà beaucoup malgré ses pépins physiques à répétition et son manque total de repères dans l’équipe, et bien il s’est fondu avec un vrai bonheur dans le collectif pour redevenir déjà le joueur qu’on attendait, capable d’inspirer une ligne d’attaque encore trop empruntée jusque-là, malgré les performances de son duo de choc Nonu-Bastareaud au milieu du terrain. D’un coup d’un seul, le magicien de ces dernières saisons, qu’on annonçait sur un inexorable déclin, a donné l’impression qu’il pouvait redevenir très vite l’homme providentiel de ce RCT en chantier. La tentation de lui redonner les clés du camion toulonnais dès le coup d’envoi samedi face aux Sarries sera forcément grande chez Mike Ford. Mais le danger de le

« cramer » est également évident. Déjà appelé dimanche à jouer 30 minutes là où il n’aurait dû en jouer que dix, Matt peut-il déjà porter le jeu toulonnais une heure durant ? Ce sera à lui et aux coaches d’en décider. Mais il est évident que le RCT, sans faire injure à Bernard qui n’a jamais vraiment démérité, a besoin de lui à l’ouverture... Et après avoir imaginé que son temps à Toulon était passé, il ne nous étonnerait pas que Boudjellal le prolonge finalement d’une saison s’il lui donne dans les semaines à venir quelques garanties sur le plan physique... Pour revenir à l’actualité du club qui impose déjà aux Rouge et Noir de se tourner vers leur combat au sommet, samedi à Londres face à l’équipe qui les a détrônés au sommet de l’Europe, il va falloir faire en accéléré. Mais après être sans doute passé par tous les états d’âme et même les interrogations ces dernières semaines, Ford n’a jamais été aussi prêt de gagner son pari toulonnais. A défaut d’être déjà redevenus une machine à gagner, en arrachant cette victoire bonifiée avec les dents, les Rouge et Noir ont au moins rassuré sur leur niveau d’investissement et leur degré de motivation. L’esprit est bien là. La volonté et les hommes aussi. Ne manque plus que la mise en musique de ces nouvelles promesses et une qualification en quart de finale de Champions Cup samedi pour que tout reparte vraiment. Et si aujourd’hui la possibilité d’un échec existe encore évidemment, celle d’une présence en quart de finale est vraiment plus crédible. L’Europe leur va si bien...