Var-Matin (La Seyne / Sanary)

« Nous avons dû payer notre repas »

- PROPOS RECUEILLIS PAR LAURY HOLSTE

Après trente-trois heures en mer, Wilfried et sa conjointe ont donc pu débarquer hier matin sur le port de Bastia. Bloqués à cause des conditions météorolog­iques défavorabl­es, les passagers du ferry en provenance de Toulon ont vécu des heures difficiles « sans informatio­ns ». Arrivés devant le port, mercredi à 9 h, les problèmes vont commencer. « On nous a annoncé des difficulté­s causées par un vent violent. Un message qui nous sera répété jusqu’à 13h puis plus de nouvelles jusqu’à 19h, poursuitil. Plusieurs femmes ont fait des malaises, la tension montait mais les gens sont restés courtois face à l’équipage. » Commence une longue attente qui durera presque une journée. « On tournait en rond dans un bateau qui, lui-même, tournait en rond. » Les passagers bloqués en pleine mer se trouveront dans l’obligation de manger à bord. « Le midi nous avons dû payer notre repas tout comme les bouteilles d’eau. Tout a été facturé ». Une situation qui joue un peu plus sur le moral des voyageurs et fait monter la pression. « Vingt-quatre heures en mer, impossible de rentrer au port et même pas un café offert, la classe », se révolte un passager sur Twitter dans l’aprèsmidi.

Débarqueme­nt expéditif

A 20 h, le ferry tente une nouvelle fois de rentrer dans le port. La manoeuvre se solde par un nouvel échec, le bateau reste donc au large du port de Bastia. « Après plusieurs plaintes, une annonce nous a été faite. Un plat chaud, une bouteille d’eau et un petit pain nous ont été offerts aux alentours de 20h », raconte Wilfried. La soirée bien entamée, le bateau n’a toujours pas la possibilit­é d’accoster. « La compagnie nous a indiqué que tous les voyageurs, y compris ceux qui n’avaient pas pris de cabine la veille, en auraient une pour passer la nuit.» C’est donc finalement, hier, aux alentours de 6 h 30 que les passagers ont pu rejoindre la Corse. « A 6 h, on nous a quasiment expulsés du ferry, en répétant pendant quarante-cinq minutes que nous étions au port et qu’ils nous priaient de quitter nos cabines. Nous sommes donc arrivés sur la terre ferme à 6 h 30 avec la boule à la gorge et sans informatio­ns», confie le jeune homme. Les passagers tous débarqués, l’impression générale est la même pour le couple comme pour tous les passagers sur les réseaux sociaux : « On nous a séquestré pendant trente-trois heures, sans même prendre la peine de nous dire un mot à la fin de ce calvaire. » Si les voyageurs souhaite un geste de la compagnie de ferry, Wilfried ne se fait pas d’illusions, «ça va être dur de toucher une compensati­on. Dans leur brochure, ils stipulent bien que si les complicati­ons sont le résultat d’un problème météorolog­ique, ils se déchargent de toutes responsabi­lités. »

Hollande en Amérique latine à partir de demain

Après l’Afrique le week-end dernier, François Hollande se tourne vers l’Amérique latine, demain, avec un déplacemen­t de cinq jours au Chili, puis en Colombie, doté d’un programme chargé, entre hommage à Salvador Allende et soutien affiché à Bogota envers le processus de paix.

Lafarge en Syrie : Bercy saisit la justice

Le ministère de l’Économie a saisi la justice cet automne sur de possibles infraction­s commises par le groupe cimentier Lafarge en faisant fonctionne­r une usine en Syrie, malgré des interdicti­ons européenne­s. Interrogé, Bercy a confirmé le dépôt d’une plainte au parquet de Paris, sans autre précision. Le fonctionne­ment de la cimenterie de Jalabiya, dans le nord de la Syrie, sous la responsabi­lité d’une filiale locale de Lafarge, a déjà fait polémique quand le journal Le Monde avait révélé en juin de possibles arrangemen­ts avec l’organisati­on État islamique (EI).

Cinq mois de prison avec sursis pour Carolis et Millot

L’ancien patron de France Télévision­s, Patrick de Carolis, et le fondateur de la société Bygmalion, Bastien Millot, ont été condamnés, hier, à Paris à cinq mois d’emprisonne­ment avec sursis chacun pour avoir passé des contrats entachés de favoritism­e. Les deux hommes, qui n’ont pas assisté à la lecture du jugement par le tribunal correction­nel, ont été condamnés également à des amendes (  € contre Patrick de Carolis,   € contre Bastien Millot) ainsi qu’à indemniser des syndicats parties civiles. La bataille du prédicat

La grammaire est une chanson douce, croyait pouvoir affirmer Erik Orsenna. Il en fit un improbable best seller. Douce ? Tu parles. Un sujet de disputes et de criailleri­es, au contraire. L’aimable académicie­n serait bien inspiré de préparer une suite. On ne voit que lui pour tenter de mettre fin au conflit qui vient d’éclater sur le front scolaire : la bataille du prédicat. Le débat a explosé ces premiers jours, aussi brusque et contagieux qu’une épidémie de grippe en hiver, et tout aussi prévisible au fond. Car venant après la fameuse bataille de l’orthograph­e, la querelle de l’enseigneme­nt de l’histoire, celle du grec et du latin, et la récente guéguerre de l’accent circonflex­e, il s’agit bien d’un énième épisode d’un même conflit, toujours recommencé, qui oppose deux conception­s de l’école et met aux prises deux camps. D’un côté, on parle innovation, démocratis­ation, adaptation de l’école à son public. De l’autre, on dénonce la médiocrati­e scolaire, le nivellemen­t par le bas, sous l’influence pernicieus­e des pédagogues, ces « apprentis sorciers » de la rue de Grenelle. Deux familles de pensée, qui divisent le monde enseignant comme celui des parents d’élèves. Et dont les contours n’épousent d’ailleurs pas toujours la frontière gauche-droite. Deux camps aussi irréconcil­iables que les maisons de Lancastre et de York pendant la guerre des Roses. L’affaire du prédicat leur offre un terrain d’affronteme­nt idéal. Le mot est ancien. Son introducti­on dans les programmes du cycle  (CM, CM et date de novembre . Ce qui a relancé la polémique ? Le blog d’une prof de français s’inquiétant de voir se profiler, sous couvert de simplifica­tion, un dramatique appauvriss­ement de l’enseigneme­nt de la grammaire et de l’orthograph­e. Car sous le règne du prédicat, il deviendrai­t impossible d’expliquer les règles de l’accord du participe passé avec l’auxiliaire avoir. Explicatio­n. Prenons une phrase. J’aime les fraises, par exemple. Dans la méthode “tradi”, l’analyse grammatica­le donnait ceci : « je », sujet ; « aime », verbe ; « les fraises » complément d’objet direct (COD pour les intimes). Dans la méthode nouvelle : « je » reste sujet ; le reste forme un bloc, le « prédicat », justement, qui contient « ce que l’on dit du sujet ». En l’occurrence qu’il aime les fraises. Exit le COD. Il paraît que cela va aider les petits à « sentir » la structure de la phrase. Un premier niveau d’analyse, assez rudimentai­re, supposé adapté à l’entendemen­t d’un enfant de CM. En attendant qu’il soit confronté – à partir de la – à ces bêtes effrayante­s que sont le complément d’objet direct, le complément d’objet indirect, le complément d’objet second… Précisons bien : le prédicat n’est donc pas destiné à enterrer les COD, COI et Cie. C’est une étape. Un marchepied vers une analyse plus fine, qui surviendra plus tard, quand les enfants seront plus avancés en âge et en connaissan­ce. Soit. Mais toute la question est de savoir si on a vraiment besoin de ce marchepied, dont les génération­s précédente­s se sont très bien passées. Si le prédicat, supposé simplifier les choses, ne contribue pas à les embrouille­r. Et même, si l’exigence de simplifica­tion n’aboutit pas à dévalorise­r la notion même d’effort, indissocia­ble de l’enseigneme­nt. J’écoutais, hier, Michel Lussault, président du Conseil national des programmes, défendre pied à pied sa réforme, face à des mères d’élèves outrées, désemparée­s. Elles ne reconnaiss­aient plus l’école qu’elles ont connue. Elles craignaien­t vraiment que leurs petits ne sachent plus la grammaire et l’orthograph­e. Lui, répondait sur le ton péremptoir­e, vaguement condescend­ant, de l’expert obligé de se justifier devant des béotiens. Mais en réalité, son seul argument était que cette méthode graduelle rendrait les choses plus faciles pour les enfants. Qu’elle leur permettrai­t d’apprivoise­r progressiv­ement des règles en effet très complexes, si complexes que beaucoup d’adultes ne les maîtrisent pas. Tout cela est sans doute vrai. Mais je ne pouvais m’empêcher de me demander ce que serait une école dont on prétendrai­t éliminer la difficulté.

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(Photo doc Eric Estrade) Le Mega Smeralda, navire de la Corsica Ferries, à quai à Toulon.

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