Alpinisme : exploit sur une cascade de glace!
Quatre grimpeurs azuréens ont pris d’assaut la cascade de la Bouisse, un site d’exception à Entraunes, dans la haute vallée du Var. Une prouesse de maîtrise et de technique
Exceptionnel dans le milieu des alpinistes ! Une équipe de quatre grimpeurs de haut niveau vient de réaliser l’ascension d’une cascade de glace juste en face du village d’Entraunes, dans la vallée du Var. Tout le village était aux fenêtres pour observer cette ascension hors du commun. L’équipe était constituée de trois guides de haute montagne et d’un médecin CRS, dont Stéphane Benoist, le héros de l’Annapurna. Même si ce dernier a laissé dix orteils et plusieurs phalanges de la main droite, sur le sommet himalayen, il parvient à regrimper. Les voies des Alpes-Maritimes n’ont presque plus de secrets pour les trois autres copains de cordées originaires de Castagniers, Saint-Jeannet ou La Colle-sur-Loup. Romain Bousrez, médecin du secours en montagne, est un habitué des arêtes sommitales. Comme Benjamin Guigonnet et Thibaut Tournier, tous les deux guides de haute montagne.
Des années de tentatives
«Depuis plusieurs années, certains alpinistes font des tentatives» sur le site de la cascade de la Bouisse, 150 m verticaux longtemps convoités. «Envain», explique Thibaut Tournier. Non pas que les deux cordées de l’exploit de jeudi dernier eussent été meilleures. Mais les quatre alpinistes ont pu profiter d’une «combinaison de plusieurs paramètres». Et essentiellement du froid, qui a permis qu’elle soit gelée, suffisamment épaisse, large et solide pour être grimpée.
«À quelques degrés près »
L’habitué des terrains de jeux des Alpes-Maritimes et du parc du Mercantour met surtout la réussite de cette ascension sur le compte des nouvelles techniques d’escalade mixte. Avec des entraînements sur des parois tantôt glacées, tantôt rocheuses. Et grâce à du matériel – piolets et crampons en particulier – qui permet de grimper des supports différents, ce qui n’était pas le cas il y a une dizaine d’années. Cet exploit a été l’objet d’une journée d’efforts sur la paroi mais surtout de minutieuses études préalables pour rendre l’ascension sûre. «On la surveillait depuis plusieurs années, on a repéré l’englacement, on a veillé à la température», détaille Thibaut Tournier. «Ça se joue à quelques degrés près, la glace change beaucoup de structure. Il valait mieux grimper l’après-midi à l’ombre et on a profité de deux/trois jours à -10° C, et ensuite, d’un léger redoux avec 5° C le jour de l’escalade, ce qui a permis à la glace de se détendre ». Heureusement pas autant que les alpinistes au sommet de cette cascade vraiment exceptionnelle !