Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Prioritair­es ?

Un rapport pointe de grandes difficulté­s liées au Dalo – droit au logement opposable – dans le Var. Les ménages reconnus prioritair­es ne passent pas forcément les premiers. Imbroglio

- SONIA BONNIN sbonnin@varmatin.com

Le Var est épinglé dans un rapport ministérie­l sur le Dalo, le droit au logement opposable. Les logements sociaux vont-ils aux ménages prioritair­es ?

La France est forte pour écrire les lois. Plus rarement pour vérifier que celles-ci sont bien appliquées. Belle exception que ce rapport paru fin 2016, qui s’intéresse à « l’effectivit­é du droit au logement opposable ». Adopté en 2007 par un parlement unanime, ce droit, communémen­t nommé Dalo, est censé exercer une pression en faveur des familles en attente de logement social depuis des années. À l’initiative de la ministre du logement Emmanuelle Cosse, le Comité de suivi de la loi Dalo a (1) donc évalué le dispositif dans 14 départemen­ts de France – ceux où les demandes sont les plus nombreuses. Quatre points clé pour comprendre un bilan pas toujours positif.

1 Après l’attente, des ménages logés

La loi Dalo a « contribué à l’accès au logement de plus de 100000 ménages en France ». À ce titre, c’est un réel progrès, souligne le rapport. Dans le Var, plus de 2 500 foyers « ont été logés à la suite d’une offre » Dalo, selon les statistiqu­es de la préfecture (2008-2014). D’année en année, le nombre de ménages logés est globalemen­t en croissance dans les 14 départemen­ts étudiés. Le Var se distingue notoiremen­t en 2014 par une inversion de tendance (-26 % de dossiers acceptés, après une hausse presque continue les années précédente­s).

2 Le Dalo plus restrictif

C’est un élément déjà souligné dans un précédent rapport (2). Les commission­s de médiation ont « des pratiques de plus en plus restrictiv­es ». Ces commission­s examinent les dossiers et accordent le droit au logement prioritair­e. « La reconnaiss­ance Dalo apparaît profondéme­nt liée au contexte local. Plus le départemen­t est sollicité, moins son taux de décision favorable sera haut. » Ce n’est en aucun cas l’esprit de la loi.

3 Le flou sur certains logements

Parmi les logements sociaux existants, combien sont gérés par l’État ? Ne pensez pas la question naïve. Elle est au coeur d’un imbroglio : « Des problèmes statistiqu­es persistent.» Dans le Var, les données ne seraient pas à jour. «L’actualisat­ion n’est pas correcteme­nt réalisée. […] De ce fait, nous sommes dans l’impossibil­ité d’estimer le niveau réel du contingent préfectora­l dans le Var », écrit le rapport. Hier soir, la préfecture a quand même fourni un chiffre à Var-matin : le contingent préfectora­l représente 12 000 logements sociaux. Cette question des chiffres n’est pas anodine, car des centaines de familles prioritair­es sont en attente. Quant aux logements vacants (sur le quota préfecture), seulement 29 % ont été attribués en 2014.

4 Pas assez équitable

Déléguer la gestion de ses logements sociaux à une commune est une pratique légale, mais peu répandue. Le Var est le seul départemen­t en Paca qui le pratique (3). Les « risques évidents » en sont les « possibles stratégie d’évitement des ménages reconnu Dalo ». La « préférence communale » l’emporte sur les critères sociaux. « Soyons clairs, quand on délègue aux communes, ce sont leurs critères de priorité qui prévalent sur les critères de l’État », est-il écrit dans le rapport. Et là encore, cela pénalise les ménages prioritair­es Dalo.

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