Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Affaire « mains propres » : jugement aujourd’hui

Des peines allant jusqu’à cinq ans de prison avaient été requises à Marseille à l’encontre des onze protagonis­tes de cette vaste affaire de corruption concernant Monaco et sa célèbre tour Odéon

- ERIC GALLIANO egalliano@nicematin.fr

Les promoteurs de la plus haute tour de Monaco ont-ils tenté de corrompre le maire de Beausoleil ? La famille de feu le sénateur Vestri a-t-elle blanchi de l’argent en Suisse ? Des apporteurs d’affaires peu scrupuleux ont-ils dissimulé leurs commission­s au fisc ? Durant près de dix jours, le tribunal correction­nel de Marseille avait tenté de répondre à ces questions. Non sans mal. Les faits reprochés aux onze prévenus qui ont comparu du 28 novembre au 6 décembre dernier devant la juridictio­n phocéenne remontent à près de dix ans. Ils auraient été commis à l’ombre des buildings de la Principaut­é et sur la presqu’île des milliardai­res. C’est là que des élus de la République ou leurs proches auraient succombé aux sirènes de l’argent facile. Celui qui s’échange en liquide et atterri sur des comptes à l’étranger.

Conviction­s contre dénégation­s

Dans le cadre de l’affaire « mains propres », l’un des plus retentissa­nts scandales politico-financier qui a secoué la Côte d’Azur depuis le début des années 2000, les enquêteurs de la police judiciaire et du groupe d’interventi­on régional (GIR) ont retrouvé la trace de dizaines de sociétés offshore. Ces montages financiers complexes auraient servi à dissimuler des avoirs acquis illégaleme­nt. Telle est en tout cas la conviction des enquêteurs qui, dix jours durant, à la barre du tribunal correction­nel de Marseille, s’est heurtée aux dénégation­s des prévenus mises en cause. Des frères Marzocco, les promoteurs de la tour Odéon, à Gérard Spinelli, le maire de Beausoleil, tous ont nié le pacte de corruption qui était censé les lier. Olivia Vestri, la fille du sénateur maire de Saint-Jean-Cap-Ferrat, s’est subitement souvenue que les millions retrouvés sur son compte en suisse lui venaient en fait de son père décédé en 2013. Chacun des protagonis­tes de ce dossier a tenté de minimiser son rôle. À l’exception peut-être d’un seul, Lino Alberti, l’homme clé de cette affaire. C’est en épiant les relations éclectique­s de cet homme d’affaires italo-monégasque, allant du milieu du grand banditisme aux arcanes du pouvoir local, que les enquêteurs pensaient avoir découvert le pot aux roses. L’accusation tient en partie sur ses aveux... Parfois embrouillé­s à la barre du tribunal correction­nel de Marseille. Ce qui n’a pas empêché le parquet de requérir cinq ans de prison à son encontre dont deux ferme et un million d’euros d’amende. Des peines allant de 6 mois à trois ans ont été demandées pour les autres prévenus. Mais toutes assujettie­s du sursis. Y compris pour le maire de Beausoleil qui a pourtant déjà passé quatre mois en détention provisoire dans le cadre de cette affaire. Ils seront donc fixés sur leur sort aujourd’hui.

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(Photo Franz Chavaroche) C’est le tribunal correction­nel de Marseille qui va fixer, aujourd’hui, le sort des onze protagonis­tes.

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