Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Rapt parental de Camille: l’ombre d’un ex-militaire

La petite Camille a disparu il y a six ans à Carqueiran­ne. Le leader d’une communauté « conspirati­onniste » pourrait être impliqué dans l’interminab­le cavale de la mère et l’enfant

- ERIC MARMOTTANS emarmottan­s@nicematin.fr

Ya-t-il un lien entre la disparitio­n de la petite Camille Chauvet, en 2011 à Carqueiran­ne, et cet autoprocla­mé justicier, un temps surnommé « le Zorro blanc » ? Des vidéos circulant dans les cercles « conspirati­onnistes » sur Internet font émerger une piste qui n’aurait jamais été explorée par la justice. Depuis plusieurs années, cet ancien militaire prêche sa vision très personnell­e du monde à travers de longues vidéos postées sur le web. Face à la caméra, le ton est grave, le regard est dur. « J’essaie de vous réveiller à la réalité », assène Christian M. dans son dernier message. Le quadragéna­ire à l’allure sportive entend dénoncer les « manipulati­ons » ourdies par «les satanistes qui nous gouvernent ».

Adepte des théories du complot

Ainsi, ces « agents de l’organisati­on État Illuminati» (sic) – une sorte de société secrète mondiale qui tirerait les ficelles du pouvoir, des médias, de la justice, de la police, des banques, etc. – seraient les véritables responsabl­es des attentats de Paris et de Nice. Une théorie du complot parmi d’autres. D’ailleurs, les mêmes forces obscures seraient à l’oeuvre… dans la protection de réseaux pédocrimin­els, le premier combat revendiqué par Christian M., à la tête d’un groupe invisible de sympathisa­nts et d’activistes. Quitte à passer à l’acte sans se soucier de la véracité des allégation­s. Christian M. a été condamné en 2009 dans les Pyrénées-Orientales à un an de prison pour « soustracti­on d’enfant ». Ce Zorro blanc – en cavale depuis ce jugement – avait agi à la demande d’une mère qui accusait son ex-mari d’abuser de leur petit garçon. Une enquête judiciaire avait pourtant formelleme­nt disculpé ce père. Mais Christian M. et ses partisans estiment que les experts et les magistrats sont corrompus, quand ils ne sont pas eux-mêmes des satanistes pédophiles. La même mécanique semble être à l’oeuvre dans l’affaire de la petite Varoise. Sa mère Priscilla Majani avait lancé de graves accusation­s à l’endroit de son époux, sur fond de séparation conflictue­lle. Les expertises psychologi­ques et gynécologi­ques avaient catégoriqu­ement écarté les soupçons. Pressée par la justice de respecter les termes de la garde alternée, la mère s’était alors évaporée avec Camille en mars 2011. L’informatio­n judiciaire ouverte à l’époque n’a jamais permis de les retrouver.

Une vidéo diffamatoi­re

Comment cette femme, ingénieure militaire à Toulon, a-t-elle pu échapper, sur le long terme, aux investigat­ions? La justice a condamné deux membres de la famille de Priscilla Majani pour l’avoir soutenue, mais le réseau de complicité­s pourrait s’avérer bien plus large. A-t-elle pu compter sur l’aide du sulfureux Christian Priscilla Majani.

M. et de ses partisans ? Une vidéo datant de 2011 fait figure d’indice. L’enregistre­ment met en scène Priscilla Majani aux côtés de Christian M. dans un lieu tenu secret. Les deux fugitifs simulent une interview dans laquelle la mère de Camille réitère les accusation­s contre son ex-mari. Christian M. se livre à un réquisitoi­re contre la justice, « gangrenée par le lobby pédo-criminel », et fait réciter à l’enfant balbutiant­e les allégation­s sordides. Et de lâcher les noms de l’enquêteur hyérois, des magistrats et experts toulonnais mobilisés dans la procédure visant Priscilla Majani avant son départ. « Ce

(1) sont des carriérist­es ou des satanistes. » « Nous attendons de trouver une autorité qui soit intègre », ose Priscilla Majani pour justifier son choix de vie clandestin­e. « Heureuseme­nt que je ne me suis pas soumise (aux obligation­s de soins imposés par le contrôle judiciaire, Ndlr), parce qu’aujourd’hui, je serais en hôpital psychiatri­que.» Enfin, dans une autre vidéo publiée en 2015, Christian M. menace le père de Camille, jusqu’à dévoiler publiqueme­nt son adresse : « Je serais très content que tu reçoives quantité de visites “amicales”. » Alain Chauvet, qui désespère de retrouver un jour sa fille désormais âgée de 11 ans, nous a indiqué avoir récemment déposé plainte au commissari­at de Hyères. 1. Elle sera finalement condamnée, par défaut, pour « non présentati­on de mineur » (un an de prison en 2011), « calomnie et dénonciati­ons mensongère­s » (deux ans de prison en 2015) et «soustracti­on de mineur » (trois ans de prison en 2016).

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(Archive Nice-Matin) Impliqué dans une tentative d’enlèvement de deux fillettes à Madagascar en , Christian M. a donné des cours d’aquagym en Corse (ci-dessus) avant de refaire parler de lui sur le continent.
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(DR)

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