Rapt parental de Camille: l’ombre d’un ex-militaire
La petite Camille a disparu il y a six ans à Carqueiranne. Le leader d’une communauté « conspirationniste » pourrait être impliqué dans l’interminable cavale de la mère et l’enfant
Ya-t-il un lien entre la disparition de la petite Camille Chauvet, en 2011 à Carqueiranne, et cet autoproclamé justicier, un temps surnommé « le Zorro blanc » ? Des vidéos circulant dans les cercles « conspirationnistes » sur Internet font émerger une piste qui n’aurait jamais été explorée par la justice. Depuis plusieurs années, cet ancien militaire prêche sa vision très personnelle du monde à travers de longues vidéos postées sur le web. Face à la caméra, le ton est grave, le regard est dur. « J’essaie de vous réveiller à la réalité », assène Christian M. dans son dernier message. Le quadragénaire à l’allure sportive entend dénoncer les « manipulations » ourdies par «les satanistes qui nous gouvernent ».
Adepte des théories du complot
Ainsi, ces « agents de l’organisation État Illuminati» (sic) – une sorte de société secrète mondiale qui tirerait les ficelles du pouvoir, des médias, de la justice, de la police, des banques, etc. – seraient les véritables responsables des attentats de Paris et de Nice. Une théorie du complot parmi d’autres. D’ailleurs, les mêmes forces obscures seraient à l’oeuvre… dans la protection de réseaux pédocriminels, le premier combat revendiqué par Christian M., à la tête d’un groupe invisible de sympathisants et d’activistes. Quitte à passer à l’acte sans se soucier de la véracité des allégations. Christian M. a été condamné en 2009 dans les Pyrénées-Orientales à un an de prison pour « soustraction d’enfant ». Ce Zorro blanc – en cavale depuis ce jugement – avait agi à la demande d’une mère qui accusait son ex-mari d’abuser de leur petit garçon. Une enquête judiciaire avait pourtant formellement disculpé ce père. Mais Christian M. et ses partisans estiment que les experts et les magistrats sont corrompus, quand ils ne sont pas eux-mêmes des satanistes pédophiles. La même mécanique semble être à l’oeuvre dans l’affaire de la petite Varoise. Sa mère Priscilla Majani avait lancé de graves accusations à l’endroit de son époux, sur fond de séparation conflictuelle. Les expertises psychologiques et gynécologiques avaient catégoriquement écarté les soupçons. Pressée par la justice de respecter les termes de la garde alternée, la mère s’était alors évaporée avec Camille en mars 2011. L’information judiciaire ouverte à l’époque n’a jamais permis de les retrouver.
Une vidéo diffamatoire
Comment cette femme, ingénieure militaire à Toulon, a-t-elle pu échapper, sur le long terme, aux investigations? La justice a condamné deux membres de la famille de Priscilla Majani pour l’avoir soutenue, mais le réseau de complicités pourrait s’avérer bien plus large. A-t-elle pu compter sur l’aide du sulfureux Christian Priscilla Majani.
M. et de ses partisans ? Une vidéo datant de 2011 fait figure d’indice. L’enregistrement met en scène Priscilla Majani aux côtés de Christian M. dans un lieu tenu secret. Les deux fugitifs simulent une interview dans laquelle la mère de Camille réitère les accusations contre son ex-mari. Christian M. se livre à un réquisitoire contre la justice, « gangrenée par le lobby pédo-criminel », et fait réciter à l’enfant balbutiante les allégations sordides. Et de lâcher les noms de l’enquêteur hyérois, des magistrats et experts toulonnais mobilisés dans la procédure visant Priscilla Majani avant son départ. « Ce
(1) sont des carriéristes ou des satanistes. » « Nous attendons de trouver une autorité qui soit intègre », ose Priscilla Majani pour justifier son choix de vie clandestine. « Heureusement que je ne me suis pas soumise (aux obligations de soins imposés par le contrôle judiciaire, Ndlr), parce qu’aujourd’hui, je serais en hôpital psychiatrique.» Enfin, dans une autre vidéo publiée en 2015, Christian M. menace le père de Camille, jusqu’à dévoiler publiquement son adresse : « Je serais très content que tu reçoives quantité de visites “amicales”. » Alain Chauvet, qui désespère de retrouver un jour sa fille désormais âgée de 11 ans, nous a indiqué avoir récemment déposé plainte au commissariat de Hyères. 1. Elle sera finalement condamnée, par défaut, pour « non présentation de mineur » (un an de prison en 2011), « calomnie et dénonciations mensongères » (deux ans de prison en 2015) et «soustraction de mineur » (trois ans de prison en 2016).