Coup de pompe pour le RCT
Après leur match plein d’entrain contre les Saracens, les Toulonnais, pitoyables, ont été méconnaissables face à des Rochelais entreprenants et dominateurs en conquête
Il ne manquait plus que Belmondo dans ce mauvais film, qui a souvent tourné à une triste pitrerie. Jean-Luc Godard, le réalisateur du film A bout de souffle, aurait certes pu imaginer un tel scénario catastrophe avec des Rouge et Noir sans ressort, sans âme, sans fond de jeu. Côté varois, le régisseur ne s’est écrié « moteur ! » qu’à
partir du second acte. Car tout au long des quarante premières minutes, bobines et pellicules ont été gâchées de façon incompréhensible par un RCT semblant tourner dans une série B, forcément mauvaise. La conquête était inexistante. Les prises ne pouvaient être que ratées.
Trois égalités et puis s’en vont...
Mais avant de sauver les apparences, le RCT avait offert un festival de maladresses. D’abord dans le jeu courant avec des en-avant à répétition (Tuisova, Nonu…), mais aussi et surtout avec une touche et une mêlée complètement défaillantes tout au long de cette médiocre première période. Menés de dix points, Giteau, son ombre et ses partenaires revenaient pourtant dans le champ (10-10 ; 1313 ; 20-20) au cours de la deuxième partie de ce longmétrage sans relief. Jouant les cadreurs, Fernandez Lobbe, entré en jeu, remettait un peu d’ordre dans ce pâle remake de Y’a t-il un pilote sur la pelouse ? Mais le script était écrit d’avance, probablement par feu Raymond Souplex avec Les cinq dernières minutes à la Hitchcock sottement gaspillées. En effet, à la 75e minute, le pack retrouvé en mêlée fermée s’offrait un logique essai de pénalité. Mais peu après et juste avant la sirène, cette même mêlée se trouait. Le clap final était alors donné. Des 40 mètres, le « Clermontois» Brock James, avec le vent, passait son coup de pied, donnant la victoire aux Maritimes alors que les Varois jouaient, à cet instant, les figurants médusés.
Mayol ne peut suffire
Tout au long de ce navet, les Rochelais, sans jamais jouer les stars, ont tenu les premiers rôles. Mike Ford, le metteur en scène désappointé et discrédité après cette pitoyable défaite, évoquait tout à la fois la déception, la frustration, le dépit et la colère. Il y avait de quoi, tant la performance de ses décevants artistes aux mines grises sans maquillage avait été indigne du rang toulonnais. «Il ne suffit pas de porter le maillot rouge et noir sur les épaules et de jouer devant notre public de Mayol pour l’emporter », pestait Fernandez-Lobbe après avoir eu une longue discussion avec ses partenaires dans le vestiaire. Les vacances (lire par ailleurs) sans Monsieur Hulot risquent d’être pénibles pour Pélissié et les siens car, hier soir, les Toulonnais ont quitté le stade avec un sérieux mal à la tête après avoir reçu une telle tuile dessus. À présent, et jusqu’à la fin de la saison, les Rouge et Noir ne peuvent plus faire de cinéma.