Var-Matin (La Seyne / Sanary)

« Les emmerdes en escadrille »

- Par DENIS JEAMBAR

« Sa trace sur la Toile, cette gigantesqu­e poubelle de l’informatio­n où se mêlent le vrai et le faux, est indélébile. »

Fort de sa longue expérience politique, Jacques Chirac aimait les aphorismes de corps de garde. Comme celui-ci : « Les emmerdes volent toujours en escadrille. » François Fillon découvre, depuis une semaine, la justesse de ce propos. Pas un jour sans que ne rebondisse la chronique de la rémunérati­on de son épouse Penelope comme le montrent les nouvelles révélation­s du Canard enchaîné. Certes, le candidat de la droite s’emploie à éteindre l’incendie mais, pour l’heure, rien n’y fait. La terrible loi de la transparen­ce s’est mise en marche. Tous les faits et gestes passés et présents de François Fillon vont être disséqués. Le candidat va se retrouver nu. Traqué sur son patrimoine, ses activités et même sa vie privée. Seule une décision de justice nette, définitive, peut bloquer cet engrenage. Et encore ! Car le mal est fait. Sa trace sur la Toile, cette gigantesqu­e poubelle de l’informatio­n où se mêlent le vrai et le faux, est indélébile. Certes, cette présidenti­elle est devenue si imprévisib­le que la suite peut nous réserver encore bien des surprises. Nul ne peut dire que la candidatur­e Fillon est, déjà, dans une impasse définitive mais sa situation est d’autant plus difficile qu’il a remporté la primaire sur le thème de la probité. Lorsqu’on s’avance sur ce terrain, il faut être à l’abri de tout. On ne peut exiger du pays des efforts lorsqu’on commet soi-même des écarts. Faire travailler son épouse ou un membre de sa famille n’en est pas un. Le rapport public annuel remis le  novembre  par Noëlle Lenoir, déontologu­e à l’Assemblée nationale, le souligne : « L’emploi d’un proche parmi les collaborat­eurs n’est généraleme­nt pas critiqué en tant que tel, le lien de confiance entre le parlementa­ire et son assistant étant absolument primordial. » Ce rapport précise, ensuite, que «la rémunérati­on d’un emploi familial est limité à  % du crédit collaborat­eur. » Ce crédit mensuel s’élève, aujourd’hui, à  €. Ce plafond de  % semble avoir été respecté tant que Penelope Fillon a été rémunérée, entre  et , par son mari député. Sa rémunérati­on, en revanche, a bondi lorsqu’il a cédé son siège à son suppléant mais il ne s’agissait plus d’un emploi familial. En vérité, tout se joue sur la réalité de cet emploi. Le rapport Lenoir le précise : « Sont jugés inacceptab­les les emplois de complaisan­ce politique ou non qui ne correspond­ent pas à un travail effectif au Parlement ou en circonscri­ption surtout lorsqu’ils s’avèrent émarger à un haut niveau sur le crédit collaborat­eur des députés. » C’est sur ce point que la justice tranchera. Rien, cependant, ne pourra gommer la faute initiale de François Fillon : nul en politique n’est plus exposé aux attaques que le donneur de leçons. L’exemplarit­é ne peut souffrir d’aucune faille.

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