Nice : la sécurité du carnaval déploie toute son énergie
Carnaval 2017. Premier gros rassemblement humain après l’Euro 2016 et surtout, après les 86 morts, les centaines de blessés, les milliers de traumatisés du 14 juillet. Fallait-il le maintenir ? « Oui, mais pour nous, la condition était que l’État nous garantisse les moyens d’en assurer la sécurité. » Voilà le postulat de base rappelé par Christian Estrosi, hier, lors de la conférence de presse de présentation du Roi de l’Énergie. Souverain, qui, dès samedi soir et jusqu’au 25 février, prendra les clés de la ville. En prenant soin de bien la verrouiller pour fermer la porte au moindre danger.
Restreint dans la forme
Cette volonté de surveillance et de protections drastiques, a été évoquée en mairie, devant une nuée de journalistes, pas seulement de la presse locale, et de représentants du monde économique. Tellement déterminés à connaître le dispositif mis en place, qu’ils ont attendu stoïquement quarante-cinq minutes, que les personnalités finissent par arriver afin de leur délivrer la bonne parole sécuritaire ! Pour conserver le troisième carnaval du monde, la Ville a posé des règles, fait des concessions. Un carnaval restreint. Non pas dans le fond, respectueux de la dimension culturelle et festive, des traditions et coutumes. Restreint dans la forme. Autrement dit, hors d’une promenade des Anglais sanctuarisée jusqu’au 14 juillet. Sur un parcours unique entourant place Masséna et promenade du Paillon, mutualisant les corsi carnavalesques et les batailles de fleurs afin de mieux les encadrer. En privatisant le site ceinturé de panneaux occultants, émaillé de 36 portiques d’entrée supervisés par 200 agents privés, passés au peigne fin. En renonçant à plusieurs manifestations afin de permettre aux forces de l’ordre de gérer à la fois Nice et les citrons mentonnais et de se reposer : pas de sortie anticipée du Roi vendredi, deux corsi dominicaux à la trappe, Carnaval Nice run, Queernaval, bain et zumba géante abandonnés. On conserve les carnavals de quartier, mais en vase clos, dans des squares et jardins censés être inviolables.
Dispositif top secret
Tout ça, le président de la Métropole, le maire de Nice, Philippe Pradal et le directeur de l’office du tourisme et des congrès, Denis Zanon, l’ont accepté parce que « pour la première fois, insiste Christian Estrosi,
celui qui a en charge la sécurité, le préfet des AlpesMaritimes, a donné toutes les garanties et engagements nécessaires. Depuis trois ans, le niveau de la collaboration n’a jamais été aussi élevé. » Dans les faits, ça donne quoi ? « Des moyens importants consentis par le ministre de l’Intérieur », enchaîne Georges-François Leclerc, préfet. Lesquels ? « Un chiffre », quémande une journaliste. Réponse : « Non… Le dispositif de sécurité, innovant, parfois inédit, doit garder une part de confidentialité. » Christian Estrosi enfonce le clou : « Si les renforts n’étaient pas satisfaisants, pas rassurants, nous n’aurions pas maintenu carnaval. » Il faut tout de même avoir, présente à l’esprit, cette phrase du préfet : « Le niveau de la menace terroriste est élevé partout en France et peut avoir plusieurs origines. On envisage plusieurs scénarios pour imaginer d’essayer d’y répondre. » Tout ce qu’on sait des effectifs, c’est qu’il y aura 65 policiers municipaux pour chaque sortie, dont 45 affectés à la circulation et 20 au centre de supervision urbain, lequel orchestrera 1 650 caméras, dont 50 sur le périmètre burlesque.
Surcoût sécuritaire
Tout cela a un coût. Un surcoût même : « 300 000 euros, sur un budget global de 6 millions, pour la logistique, le personnel à mettre devant les portiques », précise Denis Zanon. Mais il y a la bonne surprise de la Région, dont le président annonce « une subvention de 100000 euros contre 70 000 l’année dernière. » Il y a aussi la zone gratuite qui devient payante: 5 euros par adulte. Enfin, cette recommandation pratique du préfet : «Venez sans sac, car des contrôles seront effectués aux accès à la manifestation et aux alentours. Cela permettra de gagner du temps… »