Martin Scorsese: « Expérience mystique »
chrétien. Notre avis :
ISILENCE
De Martin Scorsese (USA). Avec Andrew Garfield, Adam Driver, Liam Neeson. Durée : h . Genre : drame
l parle comme il filme : à fond la caisse. Ses réponses forment un flot torrentiel au milieu duquel il faut repêcher à la volée les mots clés pour tenter d’en saisir le sens. Pas facile de comprendre où Martin Scorsese veut en venir avec Silence. Peut-être le plus beau de ses films d’un strict point de vue esthétique, mais sans doute aussi le plus hermétique pour qui ne partage pas sa fascination pour la religion. Scorsese y met en scène le dilemme d’un jeune jésuite (Andrew Garfield) sommé de renier sa foi sous peine de voir martyriser ses fidèles…
Silence est un projet que vous portiez depuis presque ans. Comment vous sentez-vous aujourd’hui ? Délivré ?
J’étais obsédé par le livre de Shusaku Endo et par l’histoire qu’il raconte. Pendant ans, je me suis demandé comment le transposer au cinéma. Hollywood faisait tout pour me décourager de le tourner. Trois acteurs de premier plan ont refusé le rôle principal parce qu’ils ne voulaient pas participer à un film qui traite de problèmes religieux… Mais je me suis accroché et j’ai fait un film qui m’appartient vraiment. De tous les films que j’ai réalisés, c’est celui qui a eu le plus de connexions avec ce que je vivais. J’ai dû faire des choix, repenser mes valeurs, comprendre ce que c’était « d’accepter », au sens philosophique du terme et d’être là pour les autres et pour soi…
Quel(s) message(s) vouliez-vous faire passer avec ce film ?
Pour moi, le livre parle d’accepter la spiritualité qui est en nous. Comment on la nourrit ? Et comment on se nourrit d’elle ? Je crois que les changements dans le monde d’aujourd’hui nous amènent nécessairement à nous questionner sur notre spiritualité…
Ce titre, Silence, c’est un constat, un reproche ou une injonction ?
C’est d’abord une façon d’attirer l’attention du spectateur. De lui signifier que le film exige une certaine implication de sa part. Mais c’est aussi, bien sûr, une forme de questionnement plus intime. Nous venons tous du silence et nous allons tous y retourner, donc autant s’y habituer et s’y sentir bien.
Pourquoi avoir choisi Andrew Garfield pour incarner le héros ?
Andrew faisait partie d’une dizaine d’acteurs qui étaient pressentis. J’ai compris qu’il était vraiment l’acteur que je recherchais après une incroyable audition avec moi qui a duré trois heures. La chose fondamentale pour moi, est qu’il voulait vraiment, vraiment interpréter ce personnage. Il n’avait absolument pas peur de rentrer dans la peau de ce prêtre jésuite.
Le film vous permet aussi de rendre hommage au cinéma japonais que vous adorez…
Oui, la scène du bateau dans la brume, par exemple, vient directement des Contes de la lune vague après la pluie de Mizoguchi, que j’ai vu en et qui m’a marqué à jamais. J’aurais aimé en filmer d’autres à la manière de Kobayashi ou de Kurosawa. Mais j’ai vite compris, heureusement, qu’il allait falloir que je digère mes cinquante années de visionnage de films japonais pour retrouver ma propre signature et mon cinéma.
Tourner en pleine nature a dû vous changer de New York et Las Vegas ?
Ça m’a littéralement transformé ! Je suis un New-Yorkais, donc allergique à tout ce qui est décor naturel. Me retrouver en haut d’une montagne, malgré les difficultés techniques et les efforts physiques que cela représentait, ça a été pour moi presque une expérience mystique ! (Rires) PRODUCTION OPÉRA NATIONAL DE LORRAINE, AVRIL 1997 REPRISE PAR ANGERS NANTES OPÉRA, AVRIL 2015 www.opera-nice.org
LEGO BATMAN
Durée : h . Genre : animation. Notre avis :
L’histoire
De Chris McKay (USA). Voix de Rayane Bensetti, Stéphane Bern, Natoo. Il en rêvait depuis La Grande Aventure Lego : Batman est enfin le héros de son propre film ! Mais la situation a bien changé à Gotham et s’il veut sauver la ville des griffes du Joker, il lui faudra arrêter de jouer au justicier masqué et découvrir le travail d’équipe.
Notre avis
Lego Batman casse des briques… Et personne ne s’en plaindra ! Les défauts de Batman, tels sa légendaire solitude ou son ego prennent donc une ampleur démesurée. Et comme tous ses partenaires n’ont pas la langue dans leur poche, les situations drôles s’enchaînent sans temps mort. De quoi satisfaire, petits, grands, novices… et fans ! Le long-métrage dépoussière par son ton décalé, voire absurde, le monde balisé de l’animation et se paie le luxe de multiplier les références à la carrière cinématographique de l’homme chauvesouris. Traité comme une relation amoureuse, avec une grosse dose de jalousie, le lien Batman/Joker fait travailler les zygomatiques. Au moins autant que le sale caractère de Bruce Wayne, son rapport à la gent féminine ou à son fils adoptif, un certain Robin…. Respectueux de l’oeuvre originale, loufoque et libre dans ses choix, ce Lego Batman est une franche réussite.