Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Hiver meurtrier

14 300 décès supplément­aires recensés en cinq semaines d’épidémie en France : cet hiver s’avère meurtrier, notamment en région Paca. Une bonne part des cas seraient imputables à la grippe

- CHRISTOPHE CIRONE ET NANCY CATTAN

Alors que le virus de la grippe est particuliè­rement virulent cette année, le nombre de morts dans le Var a bondi fortement le mois dernier. Débordant services d’urgence et pompes funèbres, et plongeant les familles dans le désarroi.

Le spectre de l’hiver 2014/ 2015 s’est réveillé. Cette saison-là, 18 300 décès supplément­aires furent recensés en France. Et plus de 12 000 d’entre eux imputés à la grippe. Qu’en sera-t-il au final cette année? Trop tôt pour le dire. Trop tôt, aussi, pour évaluer la part de responsabi­lité de la grippe. Mais d’ores et déjà, une certitude : l’hiver aura été meurtrier. Les chiffres sont aussi froids que glaçants. Hier, après cinq semaines d’épidémie grippale, les instances sanitaires, à travers l’agence Santé publique France, ont recensé 14 300 décès supplément­aires au niveau national. Si cette comptabili­té prend en compte toutes les causes de mortalité, le virus de la grippe fait figure de suspect n°1, d’autant plus qu’il est particuliè­rement virulent chez les personnes âgées. Or le Sud-Est figure parmi les premiers concernés.

Virus très virulent

« Une surmortali­té est observée depuis mi-décembre au niveau national, notamment en région Paca, essentiell­ement chez des personnes âgées de 75 ans et plus », confirme le Dr Samer Aboukais, médecin au service de veille santaire de l’Agence régionale de santé. « Tant que les données ne sont pas consolidée­s, on ne peut pas l’attribuer à la grippe. Mais effectivem­ent, le virus AH3N2 est particuliè­rement virulent, et impacte surtout les personnes âgées. » Les chiffres sont froids, mais ils sont clairs. Semaine après semaine, le nombre de décès recensés en France ne cesse de dépasser la norme : +12 % du 19 au 25 décembre, + 21 % la semaine suivante, puis + 29 %, + 28 %... Avant Noël, ce macabre taux naviguait déjà entre 18 et 23 % dans trois régions : BourgogneF­ranche-Comté, AuvergneRh­ône-Alpes... et Paca.

Rester sur ses gardes

Dans ce contexte, la grippe apparaît comme le suspect n°1 aux yeux du corps médical. Moins pour les morts directes qu’elle provoque, que pour les dommages fatals qu’elle suscite chez des personnes vulnérable­s. Là encore, le parallèle avec le sombre hiver 2014/15 est tentant. « L’épidémie est similaire cette année, quoique légèrement moins sévère, estime le Dr Aboukais. La grande différence, c’est qu’elle a démarré un mois et demi plus tôt... » Il y a deux ans, l’hécatombe sur fond d’épidémie culminait encore en février : 1 194 décès, selon l’Insee (+ 24 % par rapport à 2014). «En 2015, l’espérance de vie s’est réduite à cause d’une surmortali­té importante. Une première depuis plusieurs décennies ! », rappelle le Pr Bruno Lina, directeur du centre référence grippe

à Lyon.

Nous n’en sommes pas encore là. Mais le constat reste alarmant. Certes, plusieurs indicateur­s semblent traduire une amorce de décrue. Mais « l’épidémie devrait durer encore deux ou trois semaines », avertit le Dr Aboukais. Plus que jamais, le respect des mesures d’hygiène apparait vital.

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(Photo Franz Chavaroche) Les urgences du CHU de Nice ont été particuliè­rement sollicitée­s cette saison.

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