Carrière de Tourris : le petit caillou qui sème la discorde
L’abandon partiel du contrat de Bouygues avec la Someca dans le cadre de l’écoquartier de luxe de Monaco provoque des remous dans le port de commerce
Ce n’est pas un pavé dans la mare, mais plutôt un caillou dans la chaussure que vient de glisser le groupe Bouygues à son client, la société Someca. Le gestionnaire de la carrière de Tourris au Revest-les-Eaux vient de perdre la majeure partie de son contrat de fournisseur de matériaux pour la future plate-forme maritime servant à la construction d’un écoquartier de luxe de l’anse du Portier à Monaco. Soit 1,2 million de tonnes de matériaux extraits et acheminés dès juillet prochain, et ce durant neuf mois, vers la zone industrialo-portuaire seynoise de Bregaillon (lire notre édition d’hier). Un «retrait partiel» contractuel qui provoque aussi des remous dans le port de commerce de Toulon, géré par la Chambre de commerce et d’industrie. Le vent d’inquiétudes qui a soufflé, lors de la concertation publique, engagée depuis neuf mois avec les riverains et les élus, sur la problématique des itinéraires et des cadences de camions transportant le charroi... aurait finalement balayé la première étape de ce projet titanesque.« L’acheminement des matériaux, et non la capacité de production de la carrière », a pesé dans la décision expliquet-on chez Bouygues Travaux Publics. Ce n’est pas non plus « à cause des élus ».
Une « sale nouvelle »
Une « sale nouvelle pour toute l’économie varoise et régionale ! » ,a réagi, hier, via un communiqué le président de la Chambre de commerce
et d’industrie, Jacques Bianchi (lire ci-contre). L’annonce de la décision de Bouygues Travaux publics dont la CCI a pris acte a provoqué de vives réactions dans le port de commerce de Toulon. Et a soulevé la colère des transporteurs publics routiers. Jean-Jacques Montagnac, le secrétaire général de l’OTRE-Paca trouvant « lamentable de se priver de ce marché » qui «affecte une entreprise dans une économie qui n’est pas prospère » « Soyons clairs, c’est une mauvaise nouvelle qui ne frappe pas seulement les entités signataires du contrat », interpelle Jacques Bianchi.
Certitudes bousculées
Une décision qui a bousculé quelque peu les certitudes de la préfecture du Var affichées en ce début d’année. Début janvier, elle se montrait confiante malgré une réunion quelque peu houleuse en décembre lors d’un comité de pilotage avec tous les acteurs concernés.
Quid du travail de concertation ?
Jacques Bianchi « regrettait, hier, « une décision qui ne tient pas compte du travail de concertation locale, dont commençait à émerger une acceptation pour les populations locales.» À sept mois du démarrage de l’acheminement des matériaux au port seynois de Bregaillon,
la réduction de plus de moitié des accords contractuels suscite, selon nos informations, des interrogations au sein de la société Someca (dont la direction n’a pas souhaité s’exprimer hier). Un an et demi après avoir travaillé sur ce projet, le carrier revestois, a lancé la mise en production depuis octobre. Il devait stocker plus de 200 000 tonnes de matériaux sur la plateforme de Tourris. La première avant celle de Lagoubran qui devait suivre en janvier. Deux plateformes qui permettaient de lisser le trafic des camions jusqu’à Bregaillon, et réduire cadences et transit… Mais ça, c’était avant.