« On sous-estime son agressivité »
Le Pr Bruno Lina dirige le centre référence grippe, basé à Lyon mais au rayonnement national.
Dans quelle mesure peut-on attribuer cette surmortalité à la grippe ?
La surmortalité mesurée n’est pas un inventaire complet, et tout n’est pas lié à la grippe. En général, les deux tiers de ces décès lui sont imputés, mais ce n’est qu’une estimation. Il y a d’un côté la mortalité directement observée du fait de l’infection grippale – un petit nombre de cas – et la surmortalité liée à la décompensation d’un état respiratoire ou cardiaque dégradé. Les groupes à risque incluent toutes les personnes qui peuvent décompenser une maladie, et les personnes âgées, dont l’immunité est moins bonne, et qui ont tendance à faire une surinfection bactérienne.
L’impact de l’épidémie est-il particulièrement fort cette saison ?
Il est difficile de faire une projection, l’épidémie n’étant pas terminée. Le rythme ressemble à celui d’il y a deux ans. Mais la grippe est un virus agressif naturellement, que l’on sousestime ! Tout le monde croit qu’on est vagument mal avec la grippe. Or même quand on est jeune, ça signifie qu’on peut être cloué au lit pendant trois jours, deux semaines pour récupérer, et un ou deux mois de toux. Il n’y a rien d’étonnant à ce qu’elle se propage !
D’où la nécessité de se faire vacciner ?
Lors des campagnes de vaccination à l’automne, les gens nous considèrent comme des Cassandre... Pourtant, la grippe ce n’est pas une fatalité ! Et mourir de la grippe, c’est désespérant. Un certain nombre de décès auraient pu être évités. Certains individus ne se sont pas donnés tous les moyens pour en être protégés.