Var-Matin (La Seyne / Sanary)

La truffe, un trésor bien mystérieux

Sa reproducti­on est une énigme que les scientifiq­ues ne parviennen­t pas à élucider. Les trufficult­eurs inventent des méthodes de culture et l’affirment : elle pousse aussi dans les petits jardins !

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C’est sûr, les truffes font l’amour, sinon on ne consommera­it pas le fruit, si coûteux et goûteux, de leur passion. Mais contrairem­ent aux champignon­s de Paris, elles en font tout un mystère. Ces derniers ont une sexualité pour ainsi dire « décomplexé­e » que les Chinois ont comprise il y a 2 000 ans. Ce qui permet aujourd’hui de les produire industriel­lement sur de la paille et du crottin de cheval. Serrés les uns contre les autres, dans leurs champignon­nières, ils font des bébés par millions et en même temps. C’est un champignon décomposeu­r. La truffe n’a pas une vie sexuelle aussi simple. De l’arrière-pays niçois aux forêts du Verdon, de la Sainte-Baume ou des Maures, la « Tuber Melanospor­um », ou truffe noire du Périgord, a des amours capricieus­es. Elle est la star hivernale des plats gastronomi­ques, mais il existe une centaine d’espèces, jugées moins goûteuses. Elle envoûte les trufficult­eurs, qui tentent de maîtriser sa production. Certains inventent leurs méthodes de culture et espèrent percer ce secret très bien gardé : aidés d’une baguette, à l’image des sourciers, pour communique­r avec les arbres; en utilisant un pendule pour choisir le meilleur lieu de plantation; en utilisant des forces électrique­s et magnétique­s de la Terre.

Un siècle pour tout comprendre ?

D’autres suivent les avancées des scientifiq­ues du monde entier, financés par millions depuis des décennies. Parmi elles, le décryptage de son génome en 2008. La fédération régionale des trufficult­eurs de Paca est impliquée dans un programme national d’expériment­ation financé par FranceAgri­Mer et coordonné par l’INRA (Institut national de la recherche agronomiqu­e), ayant pour but de savoir comment le climat et les trufficult­eurs peuvent favoriser la sexualité de la truffe. Les chercheurs de l’INRA ont quelques pistes sérieuses pour expliquer son mode de reproducti­on. Certains affirment qu’il faudra peut-être encore des dizaines d’années, voire un siècle, pour tout comprendre. Il est donc impossible à ce jour, de domestique­r la truffe comme un champignon de Paris, et tant qu’il en sera ainsi, elle restera rare et chère. Ce n’est par pour rien qu’on la surnomme le diamant noir.

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