Var-Matin (La Seyne / Sanary)

L’HISTOIRE

- ANDRÉ PEYREGNE

Comment vivait-on à Hyères en  ?

Il existe en Slovénie, dans une région vallonnée située près de la frontière avec l’Italie, un couvent appelé couvent de Kostanjevi­ca. C’est là qu’est enterré le roi de France Charles X. Près de lui se trouve la tombe d’un duc varois natif d’Aups, Pierre-Louis Casimir de Blacas d’Aups. Il avait suivi le roi jusque-là, après son abdication en 1830. C’était la deuxième fois qu’il accompagna­it un roi de France en exil. La première fois, c’était le futur roi Louis XVIII jusqu’à Saint-Pétersbour­g. Entretemps, Blacas d’Aups avait été ministre, créateur du départemen­t égyptien du musée du Louvre, négociateu­r du Concordat au Vatican, et avait reçu le titre de prince de la part de l’empereur d’Autriche. Sa famille remonte au XIIe siècle. Un de ses ancêtres est le personnage de « Blacasset » dont le poète Mistral raconte qu’après avoir été libéré par les Infidèles, il a installé la chaîne reliant les deux rochers de Moustiers-SainteMari­e pour y accrocher l’étoile, emblème de sa famille et toujours visible aujourd’hui. On ne connaît pas la date de naissance exacte de PierreLoui­s Casimir de Blacas d’Aups, on sait seulement qu’il fut baptisé le 11 janvier 1770 à Vérignon, près de Brignoles. Son enfance est peu connue. On le retrouve à 19 ans, au moment de la Révolution en 1790, sous-lieutenant d’un régiment de dragons, franchissa­nt le Var pour s’exiler dans le royaume de Piémont-Sardaigne. Là, il aide le frère cadet de Louis XVI, futur roi Louis XVIII, comte de Provence, qui a fui sous un déguisemen­t, muni d’un passeport anglais. Il négocie pour lui un asile à SaintPéter­sbourg auprès du tsar Paul 1er. Après la Russie, Blacas d’Aups accompagne dans l’exil le futur Louis XVIII à Londres. Là, il se marie en 1814 avec une autre exilée, Félicie du Bouchet de Sourches de Montsoreau, petite nièce de la gouvernant­e des enfants de Louis XVI. Quand, quelques mois plus tard, Louis XVIII monte sur le trône de France à la suite de la première abdication de Napoléon, il est nommé ministre. Mais survient le retour de Napoléon de l’île d’Elbe. Blacas s’exile à nouveau avec le roi

à Gand.

Passionné d’archéologi­e, il oeuvre pour Le Louvre À son retour au pouvoir, Louis XVIII le nomme pair de France en 1815 avec le titre de comte de Blacas d’Aulps et l’envoie au Vatican comme ambassadeu­r de France. Là, il va négocier le Concordat entre les Bourbons et le pape Pie VII, qui rétablit les relations entre la France et le Vatican. Le document est signé le 11 juin 1817. Son séjour à Rome est du pain bénit pour ce passionné d’archéologi­e. Il participe en 1816 à l’identifica­tion d’un des plus beaux joyaux du Forum romain, le temple de Castor et Pollux. Retour en France où le nouveau roi, Charles X, l’élève au rang de duc. Il crée le «musée égyptien» du Louvre et apporte son aide à l’égyptologu­e Champollio­n. Mais, décidément, Blacas d’Aups était destiné à l’exil ! Après l’abdication du roi Charles X en 1830, il suit le souverain en Écosse puis à Prague. Là, le 16 mai 1837, il reçoit le titre de Prince de Blacas d’Aups de la part de l’empereur d’Autriche. Il part ensuite à Görz (aujourd’hui Konstanjev­ica) avec Charles X. C’est là que meurt l’ex-roi de France. Le souverain est enterré dans le couvent où reposent son fils Louis et sa belle-fille MarieThérè­se, laquelle n’est autre que la fille aînée de Louis XVI et de Marie-Antoinette. Blacas d’Aups mourut le 17 novembre 1839 et fut enterré dans la même crypte que Charles X. L’enfant d’Aups était destiné à accompagne­r jusque dans l’éternité l’exil des rois de France.

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(DR) Pierre-Louis-Casimir de Blacas d’Aups (ci-dessus) fut d’une absolue fidélité à ses souverains Louis XVIII (à droite) et Charles X (à gauche).

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