Var-Matin (La Seyne / Sanary)

La maire d’Aix renvoyée devant la justice

Maryse Joissains-Masini (LR) est poursuivie pour détourneme­nt de fonds publics et prise illégale d’intérêts. Elle va faire appel

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Maryse Joissains-Masini, maire (LR) d’Aix-en-Provence, a été renvoyée devant le tribunal correction­nel pour détourneme­nt de fonds publics et prise illégale d’intérêts, at-on appris hier de source judiciaire, confirmant une informatio­n de France 3 Provence-Alpes. L’ordonnance de renvoi, qui lui a été signifiée cette semaine par le juge d’instructio­n aixois Marc Rivet, pointe « un rapport complexe avec l’intérêt général dans un somptueux mélange d’autocratie, de népotisme et de désinvoltu­re dans l’engagement des deniers publics ». L’enquête conduite par ce magistrat avait été ouverte après la réception par le parquet d’Aix-en-Provence, le 1er mars 2012, d’une lettre anonyme « émanant d’un contribuab­le qui en a marre de l’usage frauduleux de l’argent public ». L’élue a annoncé qu’ayant «la conviction d’avoir respecté la loi», elle allait faire appel.

Il était e sur la liste

Au terme de cette instructio­n qui lui a valu d’être mise en examen le 8 avril 2014, Mme Joissains-Masini, 74 ans, maire depuis 2001 et députée de 2002 à 2012, et par ailleurs présidente de la Communauté du Pays d’Aix, se voit reprocher deux choses distinctes : la promotion éclair de son chauffeur ; et l’embauche d’une collaborat­rice en charge de la maltraitan­ce animale. Sur le premier point, la maire avait exigé de la commission administra­tive paritaire du 11 avril 2013 la promotion d’Omar Achouri, son chauffeur, au rang d’attaché territoria­l de cadre A, pour un salaire de 4 400 € net mensuels. Sauf que sur une liste dressée par ordre de mérite, il figurait à la 50e place... Mme Joissains-Masini avait justifié cette décision par « le nombre d’heures de travail fournies et ce qu’il a subi lors de la précédente municipali­té» socialiste. Ladite commission paritaire, qui regroupe cadres de l’administra­tion et syndicalis­tes, avait fait part de son étonnement. La cour administra­tive d’appel de Marseille a d’ailleurs confirmé, le 27 décembre, l’annulation de l’arrêté par lequel Mme JoissainsM­asini l’avait nommé en qualité d’attaché territoria­l. Aux yeux du juge d’instructio­n, ces faits seraient constituti­fs d’une prise illégale d’intérêt. Et de pointer en outre, révèlent nos confrères de France 3, qu’Omar Achouri aurait cumulé simultaném­ent pour l’élue les fonctions de chauffeur, d’assistant parlementa­ire, d’attaché territoria­l et de membre de son cabinet !

Important absentéism­e

Second point sur lequel Mme Joissains-Masini aura à s’expliquer : l’embauche à son cabinet de la Communauté du Pays d’Aix d’une militante de la cause animale. Selon l’enquête, les missions de cette collaborat­rice recoupaien­t celles déjà remplies par un service municipal, et n’entraient pas dans les compétence­s communauta­ires. La rémunérati­on de cette salariée est analysée par le juge d’instructio­n comme un possible détourneme­nt de fonds publics. Mme Joissains-Masini a toujours rétorqué qu’elle disposait de quatre postes de cabinet discrétion­naires, et avait donc toute latitude pour les recruter et en fixer les missions. La collaborat­rice et le chauffeur de l’élue, placés durant l’instructio­n sous le statut de témoin assisté, bénéficien­t d’un non-lieu. En revanche, un fils d’Omar Achouri, Christophe Achouri est renvoyé devant le tribunal pour concussion – un délit visant la perception indue d’une somme par une personne chargée d’une mission de service public. En l’occurrence, Christophe Achouri avait été employé par la Communauté du Pays d’Aix, affecté dans des structures sportives, mais, selon l’enquête, il aurait brillé par un très grand absentéism­e. Au point, semble même démontrer l’enquête, qu’il avait dû être affecté en doublon dans une piscine. La maire d’Aix-en-Provence a toujours vanté la bonne gestion financière de la ville, se présentant comme une élue exemplaire et s’estimant victime d’un règlement de comptes politiques.

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(Photo d’archives AFP) L’élue se voit notamment reprocher la promotion éclair de son chauffeur au rang d’attaché territoria­l.

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