Carnaval de Nice : nouveau circuit cette année
Première bataille de fleurs hier après-midi sur un nouveau tracé plus encadré, très sécurisé, mais la place Masséna n’est pas la Promenade des Anglais...
Des munitions. On en prévoit toujours des cargaisons à bord des chars canon des batailles de fleurs niçoises. En branches. En bouquets. En corolles. Pour une guerre des boutons poétique et suave, espérée, attendue du public. Hier après-midi, pour le premier défilé pétalier du carnaval de Nice, Roi de l’Energie, les munitions étaient dans les canons. Ceux des armes des forces en présence. Il y en avait partout. Générant forcément une drôle d’atmosphère au pays du rire épanoui à la niçoise. Cela ne fait pas rêver... Pour éviter la Promenade des Anglais, toujours sanctuarisée, et surtout, pour garantir une sécurité maximum du public, les organisateurs ont pensé un nouveau circuit. Plus ramassé, plus recentré, plus facile à encadrer et à surveiller de près. Du sol comme des toits.
De la main à la main
C’est donc autour de la place Masséna et d’une partie de la Promenade du Paillon, qu’ont tourné seize chars et seize troupes d’arts de rue, fanfares et cavalcade. Des jardins roulants, sur lesquels, les fleuristes niçois avaient mis en scène, sur le thème de la foudre, des vagues, de l’astre roi, de la lumière... une ribambelle de tulipes, roses, mufliers, lys, gerberas, oeillets... de toutes les couleurs. Espèces animées par 18 créatures aux costumes époustouflants autant qu’ébouriffants. Manège végétal soyeux, parfumé, ouaté, poudré, parvenant difficilement toutefois, à faire oublier la parade martiale en uniforme et en faction, les trous dans les tribunes et les promenoirs - environ 8 000 spectateurs sur les 15 500 attendus même si depuis 48 heures, les vente de billets reprennent bien - et surtout, les creux inévitables, les temps morts dans une esplanade difficile à combler. Autour de la coulée verte, sur Félix-Faure et Jean-Jaurès, la sensation de remplissage festif, est avérée. On joue plutôt bien l’interactivité avec le public. En revanche, sur Masséna, peut-être faudrait-il davantage de monde, de troupes, de vie. Bien sûr, la profondeur du «chaudron» ne remet pas en cause la beauté joyeuse et rythmée des danseurs et musiciens pékinois, colombiens, tahitiens, africains, l’allure élégante des dix chevaux espagnols de Los Rios, la légèreté des silhouettes épurées de la compagnie des Quidams ou la magie angélique et onirique des échassiers de Mlle Paillette. Les batucadas réchauffent l’atmosphère. La Brigade d’Agitateurs de Tribunes (BAT) et ses redingotes rouges gigotent dans tous les sens. Gilles Roche pulse avec enthousiasme bon enfant les gradins. Mais dans cette arène de Masséna, que les chars, trop espacés, semblent petits et frêles ! Au point que ce sont les bras volontaires de la BAT et des placeurs, qui distribuent aux mains tendues, mimosas et fleurs du soleil, directement dans les travées. Et puis il manque la principale star de ce serpentin d’étoiles un peu pâlottes : la mer. Sans elle, l’énergie du royaume éphémère se fâne un peu...