Espagne: un congrès décisif pour Podemos
Des milliers de militants du parti de la gauche radicale espagnole Podemos se sont retrouvés hier à Madrid, scandant « Unité », pour un congrès de deux jours où se joue l’avenir politique de Pablo Iglesias, son chef, après des mois de disputes internes. « N’oublions jamais d’où nous venons, que les sièges ne nous appartiennent pas, qu’ils appartiennent aux gens» ,a hurlé Pablo Iglesias, devant une foule enthousiaste brandissant les drapeaux violets de Podemos. Les militants doivent trancher après des mois d’une polémique virulente entre le chef du parti, et son numéro deux et ami Inigo Errejon, sur le cap que doit prendre Podemos, troisième force politique en Espagne – il dépasse dans les sondages le Parti socialiste (PSOE), et veut se poser en véritable opposition au Parti populaire (PP) au pouvoir. Mais comment faire pour gagner les prochaines élections ? Podemos, parti à l’ascension fulgurante né en 2014, espoir de la gauche radicale en Europe et frère du grec Syriza, doit-il être un parti anti-système et se concentrer sur l’agitation sociale?
« Combat de rue »
Ou plutôt privilégier les institutions, la lutte au Parlement, pour «faire moins peur», voire nouer des alliances ponctuelles avec les socialistes ? Un débat d’autant plus important qu’au Congrès des députés, les partis de gauche sont en mesure de mettre le gouvernement en minorité sur certains dossiers, avec 156 députés contre 137 pour les conservateurs du Parti populaire. Iglesias, professeur de sciences politiques de 38 ans, défend la première option, «le combat de rue», l’alliance avec les écolo-communistes d’Izquierda Unida. Errejon, également docteur en sciences politiques, de cinq ans son cadet, prône la deuxième option, plus modérée, ou «transversale», selon lui. Leur opposition a pris de telles proportions que Podemos risque de voler en éclats. D’autant qu’à ce débat stratégique se rajoute une querelle sur les pouvoirs d’Iglesias, trop larges selon le courant d’Inigo Errejon.