Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Le père du smiley est français

M6 s’intéresse aux fameux émoticones, un succès planétaire made in France grâce aux Loufrani, père et fils

- PROPOS RECUEILLIS PAR PATRICK CABANNES

C

apital a enquêté sur ces inventeurs, entreprene­urs qui, à partir d’un rêve un peu fou, parviennen­t à s’imposer et à faire fortune. C’est le cas des Loufrani, Franklin, le père, et Nicolas, le fils. On connaît peu de choses sur eux et pourtant ils sont à la tête d’une société florissant­e. Et souriante. Le smiley, c’est eux…

Comment avezvous imaginé le smiley ?

Tout a démarré dans les colonnes de France Soir ,en 1972. Jeune journalist­e, je travaillai­s avec Pierre Lazareff, qui déplorait que les Français soient moroses. Il disait qu’ils étaient des Italiens qui n’ont pas le sourire. « Comment voulezvous que ça aille bien quand vous annoncez tous les matins de si mauvaises nouvelles ! Il faut publier de bonnes nouvelles », lui aije répondu. C’est ce qui lui a donné l’idée de faire une campagne contre la morosité.

En quoi consistait­elle ?

Lorsque je l’ai rencontré, il m’a demandé ce qu’était une bonne nouvelle. J’ai pris mon crayon et j’ai dessiné un rond avec une bouche, deux yeux pour la symboliser avec des exemples précis : la France bat l’Allemagne dans la rubrique « sport », le dernier film de Belmondo en « spectacle » et le gagnant du Loto en « infos »…

Comment avezvous eu l’idée de ce dessin ?

Je n’ai pas cherché bien loin : ce symbole me ressemble. Une tête ronde et une bouche avec des commissure­s aux lèvres. C’est ma gueule, mes yeux ! Et s’il n’y a pas de nez ni d’oreilles, c’est parce que j’ai

été pris par temps pour les dessiner devant Lazareff. Dans la presse, on n’a jamais le temps, lui encore moins !

Le succès atil été immédiat ?

On peut le dire. À tel point que des journaux étrangers ont emboîté le pas.

Comment avezvous géré les droits ?

Avec mon fils. C’est lui qui m’a convaincu de donner un nom à ce symbole – smiley – et d’en faire une marque dans le monde entier. C’est ensemble que nous avons anticipé la gratuité d’Internet. Nous

avons cédé nos droits aux fabricants de téléphones portables et aux messagerie­s. En contrepart­ie, nous avons « récupéré » de la notoriété, que nous exploitons sur les produits dérivés, comme les teeshirts, les bonbons, le matériel de bureau… Nous sommes aussi connus, voire plus, que Disney et CocaCola : le monde est « smiley ».

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Franklin Loufrani : « Je n’ai pas cherché bien loin : ce symbole me ressemble. Une tête ronde et une bouche avec des commissure­s aux lèvres. C’est ma gueule, mes yeux ! »

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