Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Axel Kahn: «Fillon, ça pose un problème éthique…»

Le généticien a donné une conférence sur l’être humain pour Cannes Université. « Humaniste de gauche », iI juge sévèrement François Fillon et apporte son soutien à Benoît Hamon

- ALEXANDRE CARINI acarini@nicematin.fr

Sois raisonnabl­e et humain. » Quelques mots qui ont conditionn­é une vie, à l’heure où son auteur mettait fin à la sienne. Une injonction aux accents de mission, que Jean Kahn a adressée à son fils Axel (25 ans), avant de se jeter d’un train, le 17 avril 1970. Médecin généticien, essayiste et marcheur devant l’éternel même s’il a perdu la foi pour croire davantage en l’homme. Humaniste, Axel Kahn a toujours concilié gènes et plaisir. Génétique et éthique. Ancien secrétaire des Jeunesses communiste­s au lycée, ce militant de gauche fut le candidat socialiste dans la 2e circonscri­ption de Paris, lors des législativ­es 2012. Opposé à un certain… François Fillon, qui remportera leur duel au second tour. Depuis, ce libre penseur a quitté l’arène politique. Mais le frère cadet de Jean-François Kahn (fondateur de Marianne) a encore son mot à dire. Interview.

« Sois raisonnabl­e et humain ». Les mots de votre père ont résonné en vous comme un moteur ou une pression ?

Les deux, évidemment. Ce fut un fil directeur mais aussi une obligation. Pour chacune de mes actions, je me suis toujours demandé ce que mon père en aurait pensé, c’est parfois pesant. Mais ça m’a davantage guidé efficaceme­nt.

Vos travaux vous ont conduit à étudier la gémellité. Comment avez-vous vécu

votre fratrie ?

Avec mon frère Olivier [qui était chimiste, ndlr], ona été coélevé dans le même moule chez notre mère, tandis que Jean-François, était plus âgé et n’a pas grandi avec nous. Mais j’ai toujours eu beaucoup d’admiration pour lui, et chose étonnante, je n’ai jamais connu de conflit avec mes frères.

En , vous étiez le candidat socialiste aux législativ­es face à François Fillon. Pour vous qui étiez aussi membre du Conseil consultati­f national d’éthique, les révélation­s du « Pénélope gate » et Axa posent problème ? Oui, ça pose un problème éthique, naturellem­ent. Illégal ou pas, on ne peut pas être rémunéré par des employeurs sur l’avenir desquels on aura un pouvoir de décision. Et puis demander des efforts et de l’austérité aux Français, alors qu’on a usé soit même de toutes les possibilit­és pour ne pas faire ces efforts ; c’est un profond mépris. François Fillon a largement gagné les primaires sur son profil catholique, sincère, pratiquant, sur des valeurs et une intégrité. La différence entre cette image et la réalité est insupporta­ble !

Faut-il désespérer de la politique, ou des hommes politiques ?

Il ne faut désespérer ni de la politique ni des humains, car ils sont nos pires risques, mais aussi nos meilleurs espoirs.

Y compris Donald Trump ?

Trump devrait être rapidement balayé, sauf si son programme économique se traduit par un boom extraordin­aire. S’il se créent cinq à dix millions d’emplois et  % de croissance, alors sa politique fasciste trouvera un appui. Mais il faut se rappeler quand même qu’en janvier , Hitler était minoritair­e à son arrivée au pouvoir. Un ou deux ans après, l’essor économique de l’Allemagne lui avait permis d’imposer son pouvoir absolu.

La politique, c’est terminé pour vous ?

J’essaie toujours de dire ce que j’ai à dire. En , dans une circonscri­ption taillée sur mesure pour la droite, je ne m’étais pas présenté pour gagner, mais pour livrer un beau combat et, aujourd’hui, je participe à certains débats avec les candidats.

Vous allez prendre officielle­ment position?

Vous savez, je suis un social-démocrate, de gauche. Je n’ai pas voté au premier tour de la primaire de La Belle Alliance populaire. C’est Benoît Hamon qui a finalement été désigné par ce camp-là. Même s’il a peu de chance de gagner la Présidenti­elle, je soutiens donc Benoît Hamon, le seul qui représente la socialdémo­cratie. Emmanuel Macron est très intelligen­t, mais sur le plan économique et social, c’est un libéral, et je ne partage pas cette grille de lecture.

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(Photo Patrice Lapoirie) Axel Kahn à Cannes : « Même s’il a peu de chances de gagner, je soutiens Benoît Hamon à l’élection présidenti­elle. »

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