Leçons américaines
« L’inexpérience est un fort handicap en politique. »
« Pourquoi ai-je été mal conseillé ? », se serait agacé Donald Trump après la suspension de son décret sur l’immigration par un juge fédéral. Le nouveau président des Etats-Unis ne peut s’en prendre, en vérité, qu’à luimême. Nul autre que lui n’a choisi l’équipe chargée de l’accompagner à la Maison-Blanche. Nul autre que lui n’est responsable du nouveau camouflet qu’il vient de subir. Michael Flynn, directeur de l’Agence de renseignement de la Défense sous Obama de à , promu il y a vingt-quatre jours par Trump au poste majeur de conseiller à la sécurité nationale, a dû démissionner lundi soir. Ce général bardé de décorations a tout simplement violé la loi américaine qui interdit d’intervenir dans un différend en cours entre les Etats-Unis et un pays étranger. Le décembre dernier, alors que l’administration Trump n’était pas encore investie, il a, en effet, contacté l’ambassadeur de Russie pour évoquer avec lui les mesures que Barack Obama venait de prendre contre Moscou pour sanctionner les interférences russes dans la campagne électorale présidentielle américaine. Cette démission est un deuxième coup dur pour Donald Trump. Alors qu’il prétendait rassembler autour de lui une équipe de rêve, son jugement personnel est mis à mal. Il a nommé ce conseiller alors que cet homme, tenant d’un rapprochement avec les Russes pour lutter contre le djihadisme, était sous enquête du contre-espionnage américain comme l’ont révélé plusieurs grands journaux. Ainsi, après avoir été mis en échec sur son décret anti-immigration et avoir découvert la force de la séparation des pouvoirs, Trump, malgré ses attaques répétées contre elle, doit plier devant les révélations de la presse. En moins d’un mois, la démocratie américaine a démontré la puissance et l’efficacité de ces contre-pouvoirs que sont la justice et les médias. Certes, ce n’est pas une garantie absolue face à l’imprévisibilité du nouveau Président de la première puissance mondiale mais les mécanismes de régulation ont fonctionné et Trump a été contraint de s’incliner. Ces deux revers démontrent, enfin, que l’inexpérience est un fort handicap en politique. Le pouvoir n’est pas un divertissement. Il exige un savoir-faire préalable ou un temps d’apprentissage. Il suppose aussi une organisation claire, efficace, pour diriger des administrations publiques puissantes et compétentes. Car, dans une démocratie qui fonctionne, les erreurs sont sanctionnées sur le champ. Cet épisode, au vrai, est rassurant. Il prouve que Trump ne peut agir à sa guise. Mais c’est aussi une leçon que les électeurs français devraient méditer. Attention aux apprentis sorciers !