Nathalie Baye: «L’amour, toujours»
De Philippe Lacheau. Avec Philippe Lacheau, Nathalie Baye, Didier Bourdon, Élodie Fontan, Tarek Boudali, Medi Sadoun, Julien Arruti… Durée : h . Genre : comédie. Notre avis : ★★
Dans cette comédie où le réalisateur des deux Babysitting joue avec le feu de l’immoralité, Nathalie Baye est un socle. Une caution, un cap. En épouse de Didier Bourdon que l’on a plaisir à retrouver dans un rôle de mari volage, pris la main dans le sac de Nawell Madani (l’humoriste belge est ici reconvertie en starlette croqueuse d’hommes). Bourdon fait le job et Nathalie Baye le soutient avec bravoure. Cette partition ne lui vaudra sans doute pas un césar supplémentaire, mais elle a le mérite de la distraire, entre deux films de Xavier Dolan.
Comment garder la passion quand on a joué avec Truffaut, Pialat et Godard ?
Mais parce que la réalisation et la vie du cinéma ne se sont pas arrêtées à Godard, Truffaut et Pialat ! J’ai eu la chance de commencer avec des grands qui m’ont donné le goût de la qualité et de l’exigence. Mais j’ai toujours eu la liberté de choisir ce que j’avais envie de faire. Surtout des choses très différentes les unes des autres. Des films sombres comme des comédies, des premiers films comme des projets de réalisateurs chevronnés. Je fais du cinéma – ou du théâtre – pour entrer dans des scénarios qui me plaisent et me parlent. Ce que j’aime, c’est jouer. Que ce soit Alibi.com, une vraie comédie burlesque qui m’amuse, ou Juste la fin du monde, de Xavier Dolan.
Dans Alibi.com, qu’est-ce qui vous a séduite? L’immoralité?
Oui et non. Sans la morale que l’on trouve à la fin, ce film m’aurait beaucoup moins intéressée. Il y a du délire et c’est très drôle, mais il y a aussi quelque chose de touchant, qui fait du bien. Je lis rarement des scénarios qui m’amusent. Mais quand j’ai eu celui-ci, j’ai vraiment ri. Philippe Lacheau est un jeune réalisateur talentueux. Il a déjà fait deux gros succès mais reste très exigeant et n’est absolument pas imbu de lui-même. J’avais également eu l’occasion de tourner avec Didier Bourdon, un très bon acteur. C’est cet ensemble qui m’a donné envie d’y aller.
« On pardonne à la mesure que l’on aime. » Auriez-vous pu écrire cette réplique ?
Je crois que j’aurais pu, oui. Je pense que l’amour ne peut pas aller sans la tolérance. L’intolérance, cela peut être incroyablement négatif, douloureux pour les autres et, au final, assez bête.
Vous êtes ici fidèle, aimante, dans un couple où l’on oublie de se surprendre. C’est la vie ?
L’amour, il faut s’en occuper. Les premiers temps de l’état amoureux, c’est quelque chose de magnifique. Ensuite, si l’on n’est pas vigilant, prudent, si l’on ne consacre pas du temps à protéger ou à cultiver cet amour, il est certain que l’on va dans le mur. Même si l’on aime infiniment, au bout d’un moment quelque chose peut faire que le désir s’effrite, que les envies diffèrent. Se séparer tout en aimant, mais d’une autre manière, cela peut être très beau aussi.
Sur la durée, vous y croyez ?
Oui. Je n’en ai pas toujours été une grande spécialiste, mais en réalité je continue à aimer les hommes de ma vie – je ne parle pas des amourettes. C’est différent : de la tendresse, du respect. Mais que l’on ne se parle plus quand on s’est aimés, quand éventuellement on a eu des enfants ensemble, j’ai du mal à le comprendre.
Est-ce le cas avec Johnny ?
Oui, on est restés très proches et nous avons beaucoup de curiosité sur le travail de l’autre. Il y a une tendresse. Une autre forme d’amour, mais quelque chose de cet ordre-là.
Comment avez-vous vécu le dernier Dolan ?
C’est un réalisateur tout à fait éblouissant. Un petit génie. Il est hors normes. Le tournage était très intense, on a tous donné beaucoup. Xavier est d’une telle virtuosité… Heureusement, je peux affronter des films d’une grande violence tout en me protégeant. Cette gymnastique entre les émotions que l’on traverse en tournant et le retour à sa propre vie, cela fait partie de mon moteur.