De Menton à Hyères, le séjour de RobertLouis Stevenson
En 1807, l’armée de Napoléon traverse la Pologne pour aller attaquer la Russie. Cette campagne est capitale. Elle aboutira à la victoire de Friedland et au traité de Tilsit, qui partagera l’Europe entre la France et la Russie. Pour le moment, le 16 février, on se bat à Ostrolenka. Les Russes ont décidé de conquérir la ville polonaise, où se trouve une partie de l’armée française, sous la direction du général Reille. Les Russes disposent de vingt-cinq mille hommes, le général Reille de six mille. Mais il a un plan en tête. Il laisse s’enfoncer les Russes dans la moitié de la ville, puis décide de les attaquer. Les Russes sont piégés. Dans les rues de la ville, ils n’ont pas d’espace pour manoeuvrer. Quatre cents d’entre eux sont tués, sept cents sont blessés, trois cents sont faits prisonniers. Les Français, rusés, ont gagné, déplorant soixante morts dans leurs rangs.
Un père antibois, une mère vençoise
« Amenez-moi le général Reille ! », réclame l’Empereur après cette victoire. « Général Reille, à compter de ce jour, vous devenez mon aide de camp », déclare Napoléon Ier. Qui est cet Honoré Charles Reille ? Un enfant d’Antibes, né le 1er septembre 1775, au numéro 7 de l’actuelle rue Georges-Clemenceau, fils d’un Antibois et d’une Vençoise. Ayant bénéficié d’une éducation par un instituteur particulier, il s’engage, à l’âge de 16 ans, à Toulon, dans un de ces bataillons de volontaires qui sont nés dans toute la France, au moment de la Révolution pour protéger le pays contre une éventuelle invasion étrangère. Sa carrière militaire commence ainsi. On le retrouva à nouveau à Toulon, en 1793, aux côtés du général de brigade niçois André Masséna, lors du siège de cette ville, mené par l’armée française contre les Royalistes et les Anglais. Honoré Charles Reille continua à suivre Masséna : en 1796, au dé part de Nice, pour la campagne d’Italie ; en 1799, lorsque Masséna prit le commandement de l’armée d’Helvétie. En 1806, lors de la campagne d’Austerlitz, il s’illustra à la tête d’un régiment sur le terrain de la célèbre bataille d’Iéna. Il est ensuite nommé général de division. C’est ainsi qu’on le retrouve à Ostrolenka. La confiance de l’Empereur lui est désormais acquise. Lors de la célèbre bataille de Wagram, en 1809, où il commande la Garde Impériale, Napoléon dit de lui : « Un jour, Reille commandera toutes nos armées ». En 1812, Napoléon l’envoie combattre au Portugal, à la tête de trente mille hommes. Il retrouve ensuite Masséna, devenu entretemps maréchal. Cette fois-ci, plus comme chef d’armée mais comme... beau-père !
Il épouse la fille de Masséna
En 1814, Honoré-Charles Reille épouse en effet Victoire-Thècle, fille du maréchal Masséna, née à Antibes – la ville où son père s’était installé et marié en 1789. Ils auront quatre enfants, militaires et hommes politiques, dont l’un sera aide de camp de Napoléon III. Mais voici Waterloo. Le général Reille est à nouveau en selle. Allant au coeur des combats, deux de ses chevaux sont tués sous lui. La mort est passée près. Il ne fera pas partie des plus de neuf mille morts de ce désastre napoléonien. C’est la fin de l’Empire. La gloire de Reille est reconnue : son nom est inscrit sur l’Arc de Triomphe à Paris, et, en 1847, le roi Louis-Philippe le nomme maréchal. Sa carrière, désormais, sera politique: en 1852, il adhère au coup d’État de Napoléon III et entre au Sénat. Il y restera jusqu’à sa mort, survenue le 4 mars 1860. Il est enterré au cimetière du Père Lachaise à Paris, dans la même tombe que Masséna, son beau-père. Unis dans le repos comme ils l’avaient été sur les champs de bataille.