Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Itinéraire d’un « marcheur »

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Quand il s’approche du panneau d’affichage où trône le visage de Marine Le Pen, tout est paré. Le seau de colle, le pinceau, la bassine pour le seau de colle, les trois affiches d’Emmanuel Macron, le tabouret pour bien atteindre le haut du panneau… Et même la combinaiso­n par-dessus les vêtements, «je ne veux pas me salir!» À 64 ans, à le voir recouvrir le visage de la leader d’extrême-droite par celle de son champion, on dirait que Gilles Vautrin a fait ça toute sa vie. Pourtant, de prime abord, cet ancien directeur de boîte d’informatiq­ue ne correspond en rien à l’idée que l’on se fait du militant pur jus. Jeune retraité, caractère franc, discours raisonnabl­e et construit à mille lieux des slogans répétés en boucle par les “fanzouzes” (les fanatiques) peuplant les différente­s chapelles politiques…

D’Épinal au Larzac

Non, il faut croire que le boss du premier comité En Marche ! de Toulon, natif d’Épinal, se plaît à briser les images toutes faites. Mais n’allez pas croire pour autant que l’homme fait parti de ces « tièdes», de ces godillots aux conviction­s aussi consistant­es qu’une de ces jellys anglaises

(2) sans doute ingurgitée­s par Macron lors de ses repas organisés à Londres. « Qu’il soit un fervent européen et le candidat de l’émancipati­on par le travail, ça a beaucoup compté pour moi», lâche cet ancien soutien de Ségolène Royal. Les idéaux, ça compte. Il en a fallu pour protester contre l’extension du camp du Larzac dans les seventies… C’est donc à un marcheur de la première heure que nous avons affaire. Sans doute faudrait-il même parler de randonneur. En mai 2016, il rejoint le tout jeune mouvement macroniste, puis se lance dans la « grande marche » de juin, sorte de remake libéral de l’épopée maoïste. «On était seulement deux sur Toulon ! », se souvient Gilles Vautrin. Quatre samedis durant, cinq heures par jour, il toque aux portes du Revest, de l’Oratoire et de la corniche Escartefig­ue. Questionna­ire à la main, il est là pour «diagnostiq­uer » les attentes politiques de ses concitoyen­s et faire remonter les réponses au siège parisien d’Emmanuel Macron. Aujourd’hui, la victoire semble à portée de pinceau. Ses affiches collées, le colleur-marcheur repart. D’autres panneaux attendent la frimousse d’Emmanuel. 1. Jelly : gelée en anglais.

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Gilles Vautrin, as du maniement du pinceau.

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