Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Wil l iam Henl ey, l ’ami unijambist e q ui a inspir é à St evenso n l e per so nnage du pirate à l a jambe de bois dans L’Île au Trésor arrive à Hyères. Éditeur de son métier, il vient fêter l e succès de ce roman d’aventures.

- ANDRÉ PEYREGNE

Toc, toc. On frappe à la porte. Qui est là ? William Henley, l’ami unijambist­e qui a inspiré à Stevenson le personnage du pirate à la jambe de bois dans L’ Île au trésor. Éditeur de son métier, Henley est précisémen­t venu jusqu’à Hyères pour fêter le succès de L’Île au trésor. Il est avec un autre ami, Charles Baxter. Et voilà les trois amis – Robert-Louis, William et Charles - partis le 12 janvier 1884 pour un périple de beuveries jusqu’à Monaco et Menton. À Nice, Robert-Louis tombe malade. Il y sera soigné jusqu’au 16 février.

Obligés de fuir

Lorsqu’il revient à Hyères, il est dans un état déplorable. Le docteur Vidal le contraint à rester dans une chambre noire, sans bouger. Ne pouvant plus travailler à sa table, Robert-Louis dicte alors à Fanny un recueil de nouvelles, Le Dynamiteur, dans lesquelles il décrit sa maison d’Hyères : « De jour, le jardin se confond avec le néant, écrasé par ce qui l’entoure et par les lointains lumineux, mais la nuit, quand la lune est levée, ce jardin, la tonnelle, la volée de marches qui escalade le tertre artificiel, les plumets des eucalyptus bleus qui penchent en frissonnan­t deviennent les abords du paradis. Je sais que des anges fréquenten­t ce jardin, toute la nuit il résonne des flûtes du silence... » En mai, l’état de Robert-Louis empire. Fanny écrit à Henley à Londres le 2 mai: «Louis a eu une hémorragie. Le sang jaillissai­t de partout. Je ne savais que faire... » Faisant ni une ni deux, William Henley pousse un médecin de Londres, le Dr. Mennell, à se rendre à Hyères auprès de Stevenson. Il arrive le

Stevenson fait son premier séjour sur la côte à Menton (à droite) , avec sa mère venue y reprendre des forces sur les conseils du Dr. Bennett (à gauche). 7 mai et y restera jusqu’au 14. Miraculeus­ement, Robert-Louis se rétablit. Une période de convalesce­nce s’ouvre à lui. Enfin les beaux jours ! Pas pour longtemps. Le 15 juin 1884, en effet, arrive à Toulon un navire du nom de Sarthe, en provenance de Saïgon. Il est porteur de choléra. La nouvelle se répand dans la région plus vite que l’épidémie: il faut fuir. Les Stevenson s’en vont précipitam­ment. Dans leurs bagages, se trouvent les manuscrits de deux romans que Robert-Louis a écrits à Hyères, Le Prince Othon et La Flèche noire. C’en est fini de la Côte d’Azur. Stevenson n’a plus que dix ans à vivre. Il mourra à 44 ans. Entre-temps, il rencontrer­a un autre docteur – imaginaire, celui-là : le docteur Jekyll, qui, la nuit, se transforme en criminel, Mister Hyde. À défaut de santé, ce docteur lui apportera la gloire. Dans les lettres envoyées à son père ou dans son livre, Le Sud sur ordonnance, Robert-Louis Stevenson, s’épanche sur le charme de Menton - qu’il écrit d’ailleurs « Mentone », avec un e comme on le faisait à l’époque : « Rien ne peut changer la magnificen­ce éternelle de la forme des Alpes nues derrière Mentone. Rien ne peut altérer la suavité de l’enchaîneme­nt des baies, l’une après l’autre, sur tout le rivage... »

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(Photo DR)
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